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Qualité de l'enseignement : Les réponses de Benghebrit

par M. Aziza

En réponse aux critiques formulées par certains syndicats, affirmant que «les compétences de base ne sont pas acquises» par les élèves, la ministre de l'Education, Nouria Benghebrit, a appelé les auteurs de ces critiques à adopter des méthodes et des approches scientifiques avant de se lancer dans de tels constats.

La ministre de l'Education a pourtant reconnu hier, lors d'une conférence de presse tenue au siège de son département, que la moyenne nationale dans certaines filières était faible. Mais, pour elle, cette faiblesse trouve son explication dans «les pratiques d'enseignement» et le déficit en matière de formation des enseignants.

Elle poursuit en affirmant en outre, que plusieurs facteurs sont responsables de cette situation, citant les grèves et l'instabilité dans le secteur «un facteur qui pèse lourdement sur la motivation chez les élèves», a-t-elle souligné.

Elle soutient avoir proposé une charte d'éthique et de stabilité du secteur pour arrêter les grèves sans pour autant abandonner les revendications de la corporation, mais en vain dit-elle, «nous n'avons rien obtenu jusqu'à maintenant», soutient-elle.

La ministre a précisé encore que d'autres facteurs sont aussi responsables de la faiblesse de certains résultats. Elle avoue qu'un nombre important de dispositions contenues dans la loi d'orientation de l'éducation (résultat du travail de la commission de Benzaghou), adoptée par le Parlement en 2008, n'ont pas été appliquées sur le terrain, «certains méconnaissent les mesures et dispositions de cette loi», a-t-elle affirmé.

Elle a reconnu également certains dysfonctionnements au niveau local dus, selon elle, à la mauvaise gestion et parfois «à l'absence de gestion».

Toutes ces questions seront, selon la ministre, débattues lors de la conférence nationale prévue ce samedi et ce dimanche (le 25 et le 26 juillet) à Alger. Benghebrit a précisé que cette rencontre nationale, qui devrait accueillir 800 participants, n'est nullement une remise en cause de la réforme, mais un processus d'évaluation pour un approfondissement de la réforme. Et pour trouver des solutions aux différents dysfonctionnements afin de réguler la situation.

Le département de Benghebrit a fait appel à trois experts étrangers. L'un de la Tunisie et les deux autres du Sénégal et de France. Ils ont été sélectionnés selon leurs expertises et leurs publications ainsi que leur disponibilité. La ministre affirme qu'ils sont experts dans la réforme de l'école.

En dépit de tous ces dysfonctionnement relevés et identifiés et qui feront l'objet de débats et de réflexions pour d'éventuelles recommandations, la ministre a défendu, tout de même, l'école algérienne. Elle a cité les six élèves ayant participé aux olympiades des mathématiques. Elle a affirmé que sur les six qui ont participé, quatre ont réussi l'épreuve. Une médaille d'argent et une médaille de bronze, et deux félicitations pour les quatre lauréats. Elle a annoncé que ces candidats seront honorés par le Premier ministre lors de la rencontre nationale de l'éducation ce samedi.

Elle a également précisé que nous avons des compétences, en citant les lauréats du baccalauréat qui ont obtenu d'excellents résultats, et ce, à travers 28 wilayas du pays.

La ministre a annoncé, par ailleurs, la tenue d'une série de rencontres avec tous les syndicats du secteur, du 24 au 26 août, afin de garantir une stabilité du secteur. Elle a appelé les syndicats et les acteurs du secteur à resserrer les rangs, à redoubler de vigilance pour une école de qualité, sachant que, dit-elle, «nous vivons dans une région instable et dans une région de guerre, donc il faut qu'on prenne cette situation en compte». Elle insiste «il s'agit pour nous de redoubler de vigilance en cette période, dans cet état et dans ces moments particuliers !», a-t-elle averti.

«NOUS PARTONS EN GUERRE CONTRE L'ECHEC»

Nouria Benghebrit semble décidée à lutter contre les disparités d'une wilaya à une autre, pour ce qui est des résultats enregistrés chaque année, et parfois d'une manière récurrente dans certaines parties du pays. Elle dira «nous partons en guerre contre l'échec», en décidant d'organiser un conclave dans le sud du pays, plus précisément à Laghouat, du 28 juillet au 1er août, regroupant ainsi 10 wilayas ayant obtenu de faibles résultats. Il faut, selon elle, marquer une halte pour aller dans les détails. Elle a reconnu qu'il y a déjà un problème de ressources humaines (un des facteurs) et que certains enseignants vivent dans des conditions déplorables, mais pour la ministre, il ne faut surtout négliger aucun facteur ou aucun détail pour améliorer le niveau dans ces wilayas.

Selon la ministre, les mauvais résultats ne sont pas enregistrés uniquement au sud du pays, certaines wilayas au nord ne sont pas, non plus au top. Elle annonce un autre conclave prévu à partir du 2 août et qui concernera 10 wilayas du nord du pays.

Les autorités locales, les directeurs de l'Education de wilaya, des chefs d'établissement, ceux qui ont enregistré de bons résultats et ceux ayant eu de mauvais résultats, seront présents pour échanger dans la sérénité, dans la transparence, avec le devoir de vérité, leur expérience, les problèmes ainsi que pour sortir avec des recommandations.

La ministre affirme que le secteur a besoin de la mobilisation, de l'engagement, de la motivation et surtout de la disponibilité. Il faut bien le reconnaître, «nous ne connaissons pas la valeur du temps», a-t-elle regretté.

Elle insiste sur l'engagement des chefs d'établissement car le pilotage, pour elle, joue un rôle essentiel dans la gestion de l'établissement qui se traduit par l'obtention de bons résultats.

La ministre s'est dite pour des résultats transparents et crédibles. Et d'affirmer que certains chefs d'établissement font de la manipulation, en tamisant et en sélectionnant, en renvoyant de l'école certains élèves soi-disant faibles en première année et deuxième année secondaire. Ils ne gardent que «la crème» en classe de terminale pour avoir 100% de réussite, ce qui «est inacceptable» selon elle.

La ministre a tenu à avertir, une fois de plus, les chefs d'établissement qui adoptent ce genre de pratiques. Elle recommande aux chefs d'établissement d'être imaginatifs pour organiser les enseignements en donnant la chance et une seconde chance à tous les enfants.