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Le DG du CHU «vide son sac»

par A. El Abci

Le directeur du CHU de Constantine a fait part d'une feuille de route tracée pour améliorer un sombre bilan des différents services qu'il a qualifié, d'ailleurs, de «catastrophique» et ce, lors d'une conférence de presse organisée au siège de son établissement.

 Kamel Benyasaad, qui a été installé dans ses fonctions au mois de janvier 2015, a déclaré avoir pour mission de la part du ministre de la Santé d'assainir et redresser la situation qui ne peut chuter plus bas, a commencé par faire état de l'aberration, s'il en est, du comportement d'un chef de service, qui a expulsé, depuis cinq ans, trois professeurs, aux compétences avérées et qui ont fait des formations dans les plus grands hôpitaux de France, dira-t-il. Ce problème est toujours pendant et fait l'objet d'un rapport envoyé à la tutelle, ainsi que d'une action en justice, ajoutera-t-il, car ce chef de service se déclare «chez lui et qu'il est le seul maître à bord».

C'est autant dire, malheureusement, qu'un grand nombre de malades ont été privés d'opérations salvatrices et ce, pour des raisons inqualifiables, soutient-il. Et de souligner, qu'ainsi, en inspectant les matériels et équipements du CHU, il n'a pas été surpris, en découvrant, lors des visites sur le terrain et des études de dossiers, que quatre échographes, ont été «cassés» à dessein et dont le prix unitaire atteint 120 millions de centimes, précisera-t-il. Là aussi, une plainte a été déposée pour «sabotage», sachant que de nombreux malades sont refoulés de l'hôpital pour cause de matériels prétendument en «panne», les contraignant, ainsi, à voir des cliniques privées pour les analyses. Et de rapporter, dans le cadre de cette relation public-privé, qu'une doctoresse s'est plainte, auprès de lui, de son chef de service qui l'a menacés des pires mesures si elle n'oriente pas, certains de ses patients, vers une clinique privée, tenue par sa femme.

«Mes sorties d'inspections aux différents services, ont révélé que divers matériels médicaux, dont des prothèses, acquis en 2013, pour plus de 3 milliards de centimes, sont déclarés «périmés» sans avoir servi aux patients, une seule fois ! Et d'indiquer, encore, qu'en matière de finances, sur une dotation de 9 milliards de centimes, allouée au CHU, en 2014, pour son fonctionnement, seuls 2% ont été dépensés, alors que le CHU est traîné en justice pour non payement, dans 450 affaires. En outre, la situation des salaires et primes des travailleurs était loin d'être réglée et j'ai dû me réunir avec les 11 syndicats existants pour en assainir les états», dira-t-il encore. Et le conférencier de rappeler, que malgré ses sorties inopinées, dans les services effectuées auparavant, et qui se sont soldées par 86 suspensions (entre médecins, infirmiers, etc.), dont 14 sages-femmes, lors de la dernière visite à la maternité, en ce mois de Ramadhan 2015, la leçon ne semble pas avoir été assimilée. «Mais je continuerai, dans la même foulée, cherchant l'intérêt du malade d'abord», conclura-t-il.