Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Boudraa Salah: Le dossier des chalets en amiante traîne toujours

par A.Mallem

Le problème posé par l'amiante utilisée dans la construction des chalets a ressurgi avec force cette semaine « à la suite de décès par cancer enregistrés chez des occupants de ces chalets », disent des habitants du quartier. Pris de panique, ces derniers veulent réactiver le traitement rapide du dossier en adressant des suppliques aux autorités locales.

Hier, nous avons rencontré dans des circonstances particulièrement tristes un groupe d'habitants des 89 chalets de Boudraa Salah qui revenait du cimetière central où il venait d'assister à l'enterrement d'un des leurs décédé du cancer. Ces citoyens nous ont raconté avec peine leur calvaire qui perdure depuis l'année 2011. « On ne sait plus où en est notre dossier, commencent-ils. Aujourd'hui, à force de protester, de tenir des sit-in nous en sommes arrivés au point que ni la Société d'architecture et d'urbanisme (SAU), ni la daïra et encore moins la wilaya n'acceptent de nous recevoir et d'écouter nos plaintes ».

Faisant un retour en arrière pour nous faire comprendre ce dossier qui est « tombé, selon leur sentiment, dans les oubliettes de l'administration locale », M. Bouacida Abdelkrim, ancien président de l'association de quartier, a pris la parole pour rappeler le programme d'éradication de l'amiante lancé par le gouvernement. « La SAU a été chargée de faire un premier recensement en 2011 et le dossier a été déposé à son niveau. Mais les choses traînent depuis. Maintenant ils ne consentent plus à nous recevoir quand nous nous inquiétions du temps qui passe et aussi à cause de certains problèmes posés par les familles qui se sont agrandies, par celles qui n'avaient pas été recensées parce qu'elles étaient absentes au moment de l'opération. Problèmes à la suite desquels des litiges sont apparus et que la SAU aurait dû traiter cas par cas à l'époque. Mais ces problèmes persistent toujours en dépit des nombreuses réunions que nous avions eues ces dernières années avec le chef de la daïra ». Selon ce groupe d'habitants des chalets, d'autres problèmes sont apparus par la suite, des problèmes d'ordre technique concernant l'établissement du plan d'aménagement du site. « En juillet dernier, disent-ils, le chef de la daïra avait insisté auprès du directeur de la SAU pour faire passer en priorité le plan des chalets de Boudraa Salah, mais à nos jours ce plan n'a pas encore été fait. Nous avons sollicité une audience avec le wali pour lui présenter tout le dossier et tenter de le faire avancer, mais l'audience ne nous a pas été accordée. Et entre-temps, nous continuons de subir les conséquences générées par l'amiante ».

M. Bouacida est revenu pour dire qu'il y a deux mois de cela, il a perdu son père, mort d'un cancer. « Il y en a eu d'autres qui sont décédés par la même maladie, ajoute-t-il. Et actuellement, j'ai des enfants et des neveux qui sont malades, atteints de l'asthme. Et tout cela à cause des plafonds en amiante et de certains produits toxiques comme l'alun de verre. Ajoutez à cela la chaleur en été, le gel en hiver et vous sentirez peut-être le tragique de notre situation ».

Nos interlocuteurs feront remarquer que les chalets qu'ils habitent ont été mis en place dans une situation d'urgence et sont conçus pour une durée limite ne dépassant pas la dizaine d'années. « Maintenant, ils ont plus de 30 ans d'âge ! », constatent-ils avec effroi. Et ils demandent aux autorités de se pencher rapidement sur ce dossier pour le régler dans la perspective de les faire bénéficier de l'aide du gouvernement instituée à cet effet. « Mais cela doit passer obligatoirement par l'approbation du plan d'aménagement du site à la suite de quoi nous pourrons obtenir les actes de propriété qui ouvrent droit au prêt bancaire accordé par l'Etat », disent-ils. Pour terminer, signalons qu'il existe à Constantine plusieurs sites de ce genre qui totalisent près de 650 chalets, dont 256 sont localisés à Boudraa Salah et le reste à la cité Zaouche, à la cité du 5 Juillet, à El Gammas et à Zouaghi. Pour tenter d'avoir des informations officielles sur ce dossier, nous avons tenté hier, et à plusieurs reprises, de joindre la SAU et la daïra, malheureusement sans succès.