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Prolifération de barbecues à risques : Les professionnels de la santé tirent la sonnette d'alarme

par J. Boukraa

Comme chaque année, le mois de Ramadhan est la période propice pour certaines activités et pratiques commerciales parfois douteuses.

Depuis le début du mois sacré, les vendeurs de grillades poussent comme des champignons. Au niveau de certains quartiers, des barbecues font leur apparition après le f'tour. Sur des tables de fortune s'entassent des dizaines de brochettes et toutes sortes de viande, rouge et blanche, préparées à l'avance. Ces métiers ont la particularité de s'exercer dans une totale illégalité et bien évidemment sans le moindre respect des normes élémentaires d'hygiène. Les feux sont allumés juste après la rupture du jeûne et jusqu'à l'aube. L'odeur des brochettes grillées attire de plus en plus de passants. Dans des présentoirs en verre, des brochettes de dinde et de merguez, foie, viande rouge, sont soigneusement alignées sur un tapis de persil. Les commandes affluent et la plupart des clients ne sont pas conscients du danger qui les guette. Surtout que la provenance de cette viande reste inconnue pour le consommateur. Ce dernier n'est attiré que par les prix, qui varient entre 50 et 100 dinars, notamment pour la brochette de foie. La viande est exposée sur des étals de fortune couverts de papiers d'emballage, directement à l'air libre et aux vapeurs d'essence et de gasoil dégagées par les moteurs des véhicules. Chacun y va de sa méthode pour attirer ses clients. Certains font appel à des jeux de lumières et des projecteurs pour illuminer leurs étals, d'autres les garnissent avec des poivrons, des fromages, des frites et autres herbes aromatiques. « Je préfère venir de temps à autre ici manger deux ou trois brochettes composées de plusieurs sortes de viande et dont le prix ne dépasse pas les 300 dinars. Ceci me revient mois cher et c'est plus bon », dira un jeune rencontré lundi soir, devant une table de vente de grillades à l'avenue Choupot. Le ramadhan, c'est la période pour faire des bonnes affaires. Tout ce qui est nourriture se vend comme de petits pains. Mais consommer de telles viandes mal conservées est vraiment risqué pour la santé en cette période de forte chaleur. Les consommateurs ne sont pas à l'abri d'intoxication alimentaire sévère, dans un contexte où des cas de botulisme se sont déclarés à l'est du pays, faisant deux morts.

La viande exposée est dans la majorité des cas issue de l'abatage clandestin. « Je m'approvisionne auprès d'un commerçant à Boudjmaâ. Ca me revient moins cher. J'exerce ce métier depuis 5 ans. J'ai même des clients fidèles. Ils consomment mes brochettes pour le s'hour», rapporte un vendeur de grillades installé à Saint Eugène.

Il n'y a pas un quartier qui ne soit pas enfumé par ces nouveaux barbecues, toute la nuit. Et la question de l'hygiène et du respect de la chaîne du froid se pose avec acuité. Le phénomène n'est pas particulier à Oran. Toutes les wilayas sont concernées. Les professionnels de la santé, quant à eux, tirent la sonnette d'alarme : « ces barbecues sont dangereux pour la santé, car l'origine de la viande n'est pas connue, d'autant qu'il y a beaucoup à dire sur les conditions de sa conservation et d'hygiène, d'où le risque d'intoxications alimentaires et autres complications infectieuses ».