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Les violences se poursuivent au Nord Mali : La paix avant l'accord !

par Moncef Wafi

Plus qu'à tout autre moment, l'Accord de paix entre Maliens, dont la signature est prévue pour le 15 mai, à Bamako, est en péril de l'aveu même de Mongi Hamdi, le chef de Minusma au Mali. Les répercussions de la prise de la ville de Ménaka par des milices pro-gouvernementales, le 27 avril dernier, se font encore sentir et la flambée de violence continue d'assombrir le ciel du Nord Mali. Pour Hamdi, et à la veille de cette attaque tout semblait aller pour le mieux puisqu'il avait reçu des garanties de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) d'être à Bamako le jour «J». Ainsi, et pour essayer de trouver une solution pacifique à ce climat de guerre non déclarée entre Bamako et les Touareg, l'ONU envisage d'organiser une nouvelle réunion, celle de la dernière chance, à Alger, pour toutes les parties en conflit afin d'apaiser la situation, sur le terrain, avant le 15 mai.

Avec cette probable rencontre algéroise, la médiation internationale dirigée par l'Algérie, tente, selon les déclarations du chef de la Minusma, d'une part d'en finir avec les affrontements meurtriers que connaît la région, mais aussi d'obtenir, d'autre part, de la CMA de «venir signer l'accord».

Rappelons que presque une semaine après la prise de Ménaka, la CMA avait exigé le retrait immédiat et sans conditions des milices d'autodéfense du Gatia, connues pour être proches de Bamako. Le communiqué de presse de la CMA, daté du 1er mai et signé par Mossa Ag Attaher, le porte-parole du Mouvement national de Libération de l'Azawad (MNLA), accusait Bamako d'«agression» et de violer le cessez-le-feu, conclu le 23 mai 2014, à Kidal sous les auspices de l'Union africaine (UA) en exhortant la Communauté internationale «à user de toute son influence pour ramener le gouvernement du Mali, à la raison».

L'objectif premier de l'ONU est de ramener la paix dans le Nord pour que l'Accord soit paraphé à la date arrêtée, mais même si certains groupes, principalement ceux composant la CMA, ne devaient pas être présents à Bamako, le 15 mai prochain, ils pourraient toujours signer l'Accord à une date ultérieure. L'indication a été donnée par Mongi Hamdi qui a précisé que cette option a été évoquée, mercredi dernier, à Bamako, à l'issue d'une rencontre entre des représentants onusiens et le président malien Ibrahim Boubacar Keïta.

Sur le terrain, des attaques, marquées par des pillages, ont été signalées, ces dernières 72 heures dans 2 localités de la région de Tombouctou (nord-est), où au moins 3 civils ont été blessés, selon un élu local et un responsable administratif, rapporte l'AFP. La première des 2 attaques a eu lieu, jeudi, à Douékiré (90 km de Tombouctou). Les assaillants arboraient «le drapeau du MNLA sur leurs véhicules. Ils ont pillé toutes les boutiques. En quittant la ville, ils ont blessé trois jeunes en tirant sur eux», a déclaré un élu local, à l'Agence. Vendredi, les mêmes hommes armés, selon un témoignage, ont fait irruption à Tintelout, près de Douékiré, où ils ont saccagé des installations d'une société de téléphonie mobile, et emporté des fûts de carburant et plus de 10 motos appartenant à des particuliers. La prise de Ménaka a ouvert la porte à une logique de riposte armée puisque la rébellion avait attaqué, 2 jours plus tard, Léré, près de la frontière mauritanienne. Des combats qui ont fait près de 20 morts et une vingtaine de blessés, selon le ministère malien de la Défense, dont 9 soldats et 10 rebelles. Pour sa part, la CMA a revendiqué une douzaine de prisonniers et plusieurs morts dans les rangs de l'armée régulière.