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Skikda : Une cargaison de 36.000 tonnes de condensat contaminée refoulée d'Espagne

par A. Boudrouma

Six millions de dollars de pré-judice subis par la Sonatrach pour avoir livré à un client cubain un produit pétrolier non-conforme. Telle est la conséquence d'une opération commerciale qui a mal tourné, selon les témoignages de cadres de la première compagnie africaine.

En effet, l'affaire porte sur une cargaison de 36.000 tonnes de condensat chargée au port pétrolier de Skikda le 15 février dernier à bord du tanker NISENDO qui a appareillé le 17 février à 01 heures mais qui a été refoulée à son arrivée en Espagne après que les analyses ont révélé que la cargaison censée être d'une qualité irréprochable s'est avérée contaminée. Le client se retourne alors vers la Sonatrach qui a avancé une proposition consistant à lui accorder un rabais après déclassement du produit mais le client refuse et porte plainte devant les juridictions compétentes qui lui donnent raison. Sonatrach se voit alors contrainte de débourser 6 millions de dollars de préjudice et à restituer le produit. Le 11 mars, le tanker NISENDO se présente alors une deuxième fois au nouveau port de Skikda où il accoste à 14h55 pour y décharger sa cargaison encombrante refoulée d'Espagne dans deux bacs de stockage, les contaminant au passage pour repartir aussitôt.

Selon les explications avancées, il s'agit d'une défaillance découlant d'une mauvaise gestion des bacs de stockage de la raffinerie, de la programmation de la Sonatrach/Com et de problèmes au niveau du bras de chargement de la société des terminaux marins à hydrocarbures (STH) une filiale de Sonatrach. D'ailleurs, à ce titre, nous avons appris qu'une commission est à pied d'œuvre pour tenter de localiser l'origine de la défaillance. Elle s'intéresserait aux vannes dont on dit fuyardes. Or certains techniciens avisés affirment que cette hypothèse ne peut servir d'alibi pour expliquer la faille et s'écarte du sujet dès lors qu'en phase de chargement tout le monde sait pertinemment que ces vannes devaient être platinées et cadenassées au préalable pour se prémunir contre les risques de contamination, précautions qui n'ont pas été prises pour des raisons qui restent à déterminer. Un cadre ira jusqu'à enfoncer le clou en affirmant que les vannes étaient ouvertes au moment du chargement ce qui a permis le passage du condensat du bras de chargement vers les bacs et son retour vers le navire contaminant du coup la cargaison. De son côté, la douane qui contrôle les quantités pompées découvre que le seuil des 36.000 tonnes de condensat a été dépassé et dresse un PV à l'encontre de la raffinerie pour réception d'un produit sous douanes sans déclaration et contamination de deux bacs sous douane. A noter que cette affaire gérée par la Sonatrach/Com n'a pas été portée à l'attention du premier responsable de la raffinerie de Skikda qui se trouvait au moment de l'incident en mission. En tous cas, le client cubain qui a obtenu gain de cause ne semble pas vouloir s'en arrêter là, puisqu'il a entrepris de faire de la mauvaise publicité à Sonatrach, concluent les mêmes sources.