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Affaires religieuses : La délivrance des certificats de conversion décentralisée

par Rekibi Chikhi

Moins de casse-tête bureaucratique pour les personnes converties à l'islam ? En vue de réduire les délais d'obtention du certificat de conversion, « les directeurs de wilayas des affaires religieuses et des wakfs (DARW) sont autorisés depuis peu à signer les certificats de la conversion à l'islam aux étrangers ayant manifesté une volonté confirmée en ce sens, sans devoir revenir, désormais, à leur tutelle, comme cela était le cas auparavant », nous a indiqué M. Lakhdar Fanit, le directeur des affaires religieuses et des wakfs de Constantine.

C'est une directive du Ministère de tutelle qui leur a délégué cette signature, nous apprendra notre interlocuteur. Ce dernier poursuivra, « la délégation de signature permettra d'optimiser le temps d'obtention du certificat de la conversion à l'Islam, laquelle ne demanderait, d'une manière approximative, pas plus de six mois, dorénavant », pour ce qui concerne son secteur. Selon lui, l'implantation de sociétés étrangères à Constantine, a donné une dimension plus grande, donc, plus perceptible à la conversion d'étrangers à l'Islam. Beaucoup de Français, Italiens, Portugais et autres Chinois, voulant se lier à des Constantinois par les liens du mariage, ou bien, en ayant tout simplement côtoyé de près la société à travers des relations sociales tissées avec leurs collègues de travail, ont, en effet, affiché une réelle volonté d'épouser notre religion. Sans oublier également, dira t-il, «les quelques cas d'étrangères mariées à des Algériens avant l'indépendance, et qui ont fait le choix après l'indépendance de rester ici et de devenir musulmanes, sans pour autant chercher à posséder ce document, jugé vraisemblablement à tort, s'est-il avéré à la fin, une simple formalité administrative ne changeant en rien leur conviction personnelle». Mais une fois ces dernières décédées, leurs familles se trouvent dans l'impossibilité de les enterrer dans un cimetière musulman et doivent, de ce fait, présenter le document.

Dans ce contexte, M. Fanit, nous signalera un cas particulier où « sa direction a dû dépêcher un imam chez une dame mourante, d'origine étrangère, afin d'établir ce document et donc de lui permettre d'être enterrée parmi les musulmans. La dame étant dans l'impossibilité de se déplacer elle-même à la mosquée et faire les procédures requises ». La conversion d'étrangers à la religion musulmane « a connu un pic, selon M. Fanit, en 2010 avec pas moins de 30 demandes, en 2014. Le chiffre s'élève à 17 demandes, dont 7 ont été déjà traitées et 10 autres sont, par ailleurs, en instance ». Car, malgré l'allègement des procédures, le certificat de la conversion à l'Islam peut prendre dans certains cas jusqu'à deux ans, voire plus. Cause principale du retard : l'enquête menée par la Délégation de l'ordre public et de la sécurité (DOPS). Une fois remis par la DARW, le PV de la conversion de l'intéressé à l'Islam, établi dans une mosquée par un imam en présence de deux témoins, atteste de la conversion de l'intéressé à l'islam. L'enquête qui impliquera les services de la sûreté et parfois même de la gendarmerie, rencontre dans certains cas des lenteurs, si le concerné retourne dans son pays d'origine, au moment de l'enquête.

A la DOPS on nous a appris « qu'une fois dépassé un certain délai depuis la première enquête qui s'est avérée infructueuse, la procédure est automatiquement ré-enclenchée sans pour autant garantir que la nouvelle opération va se terminer fructueusement, cette fois-ci ». Non sans souligner que « certains oublient par négligence qu'ils ont même demandé le document auprès de la DARW, mais dès qu'ils réalisent son utilité pour pouvoir effectuer les rituels du Hadj ou la Omra, ils viennent le réclamer ». Le directeur de la DARW nous a fait part qu'il a fait une proposition d'animer prochainement une émission à la radio afin de vulgariser plusieurs sujets parmi lesquels figure notamment la conversion à l'Islam, non sans omettre de souligner l'importance du rôle que doivent jouer les médias en général dans ce sens, francophones en particulier, afin que ces nouveaux musulmans ne se sentent pas abandonnés. Et de leur inculquer, en outre, les valeurs de l'islam, prévoyant toujours dans cette même vision, en concertation avec le Conseil scientifique de leur consacrer une journée d'enseignement religieux par mois. Tout cela s'inscrit, souligne M. Fanit, « dans une optique d'ouverture de la Direction des affaires religieuses sur les sujets qui touchent directement les citoyens et que c'est à la direction d'aller vers ces derniers et non pas le contraire ». Cela s'impose d'autant qu'on est loin du temps des écoles coraniques où des cheikhs avec leurs bâtons apprenaient à des enfants, assis à même le sol, comment réciter le Coran, mais on est au temps des écoles coraniques reliées à Internet, des enseignants hautement qualifiés et des élèves munis de tablettes et des cours donnés à travers des data show, dira t-il.