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L'armée restera en Algérie

par Moncef Wafi

Alger a réaffirmé, par la voix de son chef de la diplomatie, qu'elle n'autorisera aucune participation de son armée à des opérations militaires en dehors de ses frontières. L'annonce n'est pas nouvelle et est réitérée à chaque occasion, mais les circonstances de ces dernières 72 heures confortent davantage la position de l'Algérie. Ainsi, et au plus fort de la crise yéménite caractérisée par l'opération militaire «Tempête de fermeté» menée par une coalition de dix pays, à leur tête l'Arabie Saoudite, les déclarations, ce jeudi à partir de Charm El Cheikh l'égyptienne, de notre ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, sonnent et définitivement comme une fin de non-recevoir aux demandes internationales à l'Algérie d'engager ses troupes armées dans les conflits régionaux.

Répondant à la proposition du président de l'Egypte, Abdelfattah El Sissi, concernant la création d'une force arabe commune, M. Lamamra rappellera la position ferme de l'Algérie à propos de son armée, mais n'exclut pas pour autant un soutien logistique au delà de ses frontières. Les circonstances exceptionnelles entourant cette déclaration, avec l'intervention militaire des pays membres du Conseil de coopération du Golfe, à l'exception d'Oman, ainsi que de l'Egypte, la Jordanie, le Soudan, le Pakistan et le Maroc, donnent davantage de poids, si elle en avait besoin, à cette position ferme et constante de l'Algérie. Apportant plus de précision à la vision algérienne, M. Lamamra évoquera les «précédentes expériences», à l'image de l'Afrique pouvant «servir de référence dans tout examen des fondements et de la sécurité collective».

Ainsi, et pour l'Algérie, il est indéniable de «focaliser sur la sécurité et la stabilité dans chacun des pays arabes» qui doit prendre, à part, «des mesures préventives afin de pouvoir construire en son sein une société tolérante et complémentaire où règnent justice sociale et bonne gouvernance». Auquel cas, Alger privilégie, comme elle l'a souvent répété, les canaux réglementés onusiens et régionaux comme «le déploiement des forces de maintien de l'ordre» à condition d'être souhaités par les pays eux-mêmes. L'Algérie a, à de nombreuses reprises, refusé d'engager ses troupes dans les conflits à ses portes, au Mali ou en Libye, œuvrant à leur trouver une solution pacifique à travers le dialogue inclusif impliquant toutes les parties en présence.

Le fait d'assister à la création, même conjoncturelle, de cette force arabe de frappe, sans en être partie prenante, laisse Alger en dehors d'une confrontation d'intérêt régional entre Riad et Téhéran transposée sur le sol yéménite. Il n'est un secret pour personne qu'une guerre de leadership politique et religieuse fait rage entre les deux puissances régionales et qu'une partie du monde arabe est devenue le théâtre de ces batailles par procuration. Reste à connaître maintenant l'actualité des relations entre l'Arabie Saoudite et l'Algérie à la lumière de ces derniers événements.