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Grèves récurrentes à l'Education : Les parents d'élèves veulent une «solution radicale»

par Abdelkrim Zerzouri

La pression, voire la peur, est dans le camp des parents d'élèves. Hier, lors d'une rencontre au lycée ?Fadhéla Saadane', de Constantine, les parents des élèves, en classes d'examen du baccalauréat, ont exprimé toute leur inquiétude face au marasme qui secoue l'Ecole algérienne. Stressés et énervés par cette grève des enseignants affiliés au Cnapeste, les parents ont revendiqué de la tutelle de trouver une solution radicale aux problèmes récurrents qui reviennent, chaque année, plomber le cours régulier de la pédagogie scolaire. « C'est à la tutelle de régler ces problèmes et éviter à ce que ces grèves, qui durent, depuis 2003, et auxquelles on n'y va plus d'une façon exceptionnelle mais bien pour un oui ou non », s'est exclamé un père, au bord d'une crise de nerfs. D'autres ont versé dans l'ironie en proposant « une grève des parents d'élèves », eux qui n'ont « absolument aucune prise sur la situation » vécue par leur progéniture. Alors que certains se sont montrés indignés du fait qu'un enseignant gréviste au lycée continue à donner, ailleurs, des cours particuliers (!). « C'est la complicité des parents qui permet cette grave dérive », renchérissent des cadres administratifs.

Le désarroi est à son comble au sein des parents d'élèves des classes Terminales. Et, de toute évidence, les « issues de secours » envisagées par la tutelle n'apportent aucun réconfort à un malaise qui prend de l'ampleur. Le lycée sera ouvert durant la première semaine des vacances de printemps qui débutent aujourd'hui jeudi, annonce le staff administratif. On prévoit, durant cette semaine, un « accompagnement pédagogique » des élèves dans les matières des enseignants grévistes, les matières à haut coefficient au bac, surtout. On distribue des CD aux élèves des classes Terminales, comme une gifle qu'on donne aux enseignants, afin de leur permettre d'approfondir leurs connaissances. On appelle à la rescousse des enseignants vacataires et ceux partis en retraite, histoire de garder le lien avec la pédagogie. On fait tout pour éviter le spectre de l'année blanche.

D'ailleurs, la ministre a insisté sur ce point, lors d'une visioconférence, avec les responsables des directions de l'Education et les directeurs des lycées, « il n'y aura pas d'année blanche », devait-elle marteler à ce sujet. Seulement, ces solutions ne semblent guère être du goût des parents d'élèves. Ces derniers, presque unanimes, rappellent qu'il n'est pas question, pour leurs chérubins, de laisser tomber les vacances. « Ils vivent dans une pression permanente, et ils ont, en conséquence, besoin d'un peu de repos avant d'attaquer le dernier virage pour le bac », intervient-on, dans ce cadre.

En tout cas, souligne le directeur du lycée ?Fahéla Saadane', répercutant des indications et des décisions de la tutelle, « l'exécution du programme a atteint une moyenne de 70 %, et les sujets qui seront proposés à l'examen du baccalauréat seront puisés des cours, effectivement, exécutés ou suivis par les élèves ».

En d'autres termes, la fixation d'un seuil des programmes, rejetée catégoriquement par la ministre avant le déclenchement des hostilités dans son secteur, est une option devenue inévitable, à l'ombre des conditions déplorables, qui caractérisent l'acte pédagogique. « Et il n'y a pas, seulement, les effets de la grève à prendre en considération, dans cette optique, il y a aussi les élèves de Ghardaïa et de la région d'In Salah, où l'enseignement a connu une profonde perturbation », fera-t-on, encore, remarquer à ce propos. Au bout de leur peine, les parents d'élèves n'espéraient qu'une seule chose, que ce conflit prenne fin, et que les élèves rejoignent les bancs des classes.