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19 morts dont 17 touristes étrangers : Carnage au cœur de Tunis

par Moncef Wafi

 

Une attaque terroriste a eu lieu, hier, vers midi, contre le musée du Bardo à l'ouest de Tunis faisant au moins 19 morts, dont 17 touristes étrangers, des Polonais, Italiens, Allemands et Espagnols, ainsi qu'un policier tunisien, a annoncé le Premier ministre tunisien Habib Essid. Le premier bilan annoncé par le ministère tunisien de l'Intérieur a évoqué au moins deux hommes armés de Kalachnikov qui ont fait irruption à l'intérieur du musée. Les deux assaillants ont été tués par la police dans l'assaut donné, selon un responsable gouvernemental tunisien. L'opération a pris fin vers 15h25 alors que les forces tunisiennes ont libéré la totalité des otages au musée du Bardo. Selon le porte-parole de l'Intérieur, Mohamed Ali Aroui, au micro de la radio Mosaïque FM, une centaine de touristes se trouvaient dans le musée quand l'attaque s'est produite, mais la majorité d'entre eux a été évacuée lors de l'intervention des unités anti-terroristes. M. Aroui n'a pas confirmé s'il s'agissait d'une prise d'otages comme plusieurs médias l'ont évoquée. Selon un autre témoignage, un homme armé aurait ouvert le feu contre un bus de touristes. Pris de panique, ces derniers auraient alors tenté de trouver refuge à l'intérieur du musée, avant d'être poursuivis par un ou plusieurs assaillants. D'importants renforts policiers ont été dépêchés sur place, alors qu'au Parlement tunisien, mitoyen au musée, les travaux des commissions parlementaires sur la loi antiterroriste ont été suspendus après les tirs. Les députés ont reçu l'ordre de se rassembler dans le hall de l'assemblée, a déclaré à l'AFP Monia Brahim, élue du parti islamiste Ennahda. La députée Sayida Ounissi, également députée Ennahda, a été l'une des premières à annoncer l'information vers 12h30 sur son compte twitter. «La panique est énorme. En pleine audition des forces armées sur la loi antiterroriste, j'ai été évacuée avec Ameur Laraied», écrit-elle. «Le quartier est en train d'être bloqué. Un homme armé, peut-être plusieurs, du côté musée, des tirs échangés, des otages «probablement»», ajoute-t-elle. Pour Sayida Ounissi, l'attaque a ciblé le siège du Parlement dans un premier temps avant que les assaillants ne se dirigent vers le musée. Une fonctionnaire de l'Agence du patrimoine a affirmé dans un appel téléphonique à Shems Fm, que des individus armés ont attaqué le musée du Bardo où ils ont tiré des coups de feu et qu'ils auraient «pris en otage des touristes et quelques fonctionnaires du musée». Réagissant à cette attaque, la plus meurtrière après celle de 2002 qui a ciblé la synagogue El Ghriba, située à Djerba, et qui a fait 21 morts, dont 14 touristes allemands, le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, devait s'adresser aux Tunisiens, a indiqué à l'AFP, le porte-parole de la présidence, Moez Sinaoui. Le Premier ministre Habib Essid s'est de son côté réuni avec les ministres de l'Intérieur et de la Défense.

Rappelons que, depuis la révolution de janvier 2011, la Tunisie fait face à la montée d'une mouvance djihadiste armée. Une soixantaine de policiers et militaires ont été tués dans des attentats, notamment près de la frontière algérienne où un groupe armé lié à Al-Qaïda est actif. Le 8 mars dernier, les services de sécurité tunisiens ont arrêté trois individus recherchés et soupçonnés de terrorisme, retranchés dans un appartement dans le centre-ville de Tataouine. Ces hommes, selon la version officielle, «planifiaient une infiltration en territoire libyen». Le 3 mars, deux terroristes ont été tués par une unité spéciale de l'armée tunisienne dans une région montagneuse à Kasserine, près de la frontière algérienne, là où le 17 février, quatre gendarmes avaient été tués par un groupe armé, au pied du mont Chaambi, le principal maquis djihadiste de Tunisie.