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Les handicapés crient à l'injustice

par A. Mallem

Les handicapés moteurs de la wilaya de Constantine sont montés hier au créneau, par le biais de leur association de wilaya, pour réclamer l'application de la législation en leur faveur, notamment celle relative à l'accession au travail car, ont-ils signalé, depuis la promulgation du code du travail en 2008, les dispositions de celui-ci et les différents décrets d'application qui l'ont suivi n'ont jamais été appliqués à leur cas. «Par exemple, dira le président de leur association, si les commissions consultatives instituées par la loi au niveau de chaque commune pour veiller à l'application de la législation sur l'accessibilité des personnes handicapées dans les lieux et administrations publics avaient été mises en place depuis 1988, notre situation aurait été moins difficile qu'aujourd'hui», a considéré en effet M. Boukebbab Kamel, président de l'association des handicapés moteurs de la wilaya de Constantine, au début de la conférence de presse qu'il a tenue hier au siège de l'association situé à la rue Achour-Rahmani Chérif, dans le quartier du Bardo.

 Mettant à profit cette opportunité de pouvoir communiquer, le conférencier ne s'est pas privé de signaler que son association n'a cessé, depuis la parution du décret exécutif en 2012, d'appeler les autorités concernées au niveau local à la mise en place de ces commissions, car, dit-il, ces organes sont indispensables pour contrôler et veiller à l'application de la législation au niveau des administrations publiques comme la poste, la mairie, les écoles par exemple.

«Nous n'avons cessé d'écrire et de relancer les secteurs concernés, mais sans aucun résultat», s'est-il plaint en dénonçant l'indifférence des institutions publiques envers cette catégorie de citoyens à besoins spécifiques.

Et de citer l'exemple des responsables des projets réalisés dans le cadre du programme «Constantine, capitale de la culture arabe 2015» qui n'ont pas tenu compte, non plus, des dispositions de la loi spécifique aux handicapés moteurs quant à l'aménagement des points d'accès pour eux.

Le conférencier ne s'est pas limité à la question de l'accessibilité. Il dénonce également la non-application de l'autre loi qui oblige les employeurs à réserver aux handicapés un quota de 1% des emplois offerts. «Il en est ainsi des entreprises du secteur économique qui font preuve de réticences pour le recrutement des handicapés, car cela les oblige à prévoir des postes aménagés et des points d'accessibilité dans les ateliers ou les locaux de travail», dira-t-il aussi. «Même l'administration générale des Douanes algériennes s'est mise de la partie pour nous priver des avantages qui nous ont été accordés par la loi dans le cadre des licences d'importation de véhicules aménagés. Pour ce faire, a indiqué M. Boukebbab, les Douanes ont émis une note administrative annulant ces avantages et ont instruit les concessionnaires pour ne plus accepter les dossiers de demande de véhicules aménagés présentés par les handicapés et qui ne comportent pas de visa des services des Douanes».

Et d'ajouter que la loi sur l'abattement des loyers pour les handicapés n'est pas appliquée, non plus, et cela depuis l'année 2008. Et pour terminer, le conférencier a posé la question de savoir si, raisonnablement et dans les conditions de vie que sont les leurs aujourd'hui, la prime de 4.000 DA/mois que perçoivent les handicapés moteurs leur permet de mener une vie décente !?