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La place de la femme en débat

par R. C.

« La place juridique de la femme dans la législation algérienne», a été le sujet débattu, hier, au cours d'un séminaire scientifique tenu au niveau de la faculté de la charia et de l'économie de l'université El Emir Abdelkader des sciences islamiques, à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme. Manifestation qui a coïncidé cette année avec l'annonce d'un projet de révision du code de la famille.

Le service des activités scientifiques, culturelles et sportives de cette faculté a invité pour débattre de certains points décriés de cette reforme, outre le Dr. Abdellah Boukhelkhel, le recteur de l'université des sciences islamiques et le Dr. Kamel Ledraa, le doyen de la faculté de la charia et l'économie, des enseignantes universitaires de ladite université spécialisées dans le droit civil, le droit des affaires et charia et droit.

Mme Lynda Boumahrathe, dont l'intervention a porté sur le thème de la protection pénale de la femme, nous a déclaré au sujet de la loi qui permet à la femme que le mari a insulté d'engager une poursuite judiciaire contre lui, et que l'incident ne serait clos que si le mari lui demande pardon, «comment imaginer, si cela arrive, une vie familiale saine et équilibrée et l'impact que cela aurait sur les enfants et de quel oeil ils verront leur mère conduisant leur père devant les tribunaux». Et d'ajouter que pour elle, « la solution n'est pas dans la législation et une armada de lois qui n'ont pas donné d'ailleurs de résultats éloquents en matière de répression de la violence contre la femme dans les pays occidentaux, mais dans l'application correcte de la charia qui régit à merveille les rapports conjugaux, et qu'il suffit de prendre en exemple notre prophète Mohamed (qssl) qui a fortement recommandé, lors de son prêche de vendredi, de son dernier hadj accompli (hidjet el waddaa) de prendre soin des femmes, conscient que la préservation de la famille et donc de la société passe par la protection de la femme».

Dr. Leila Baateche, pour sa part, et en matière de la participation de la femme dans le domaine politique, elle l'a considérée «en constante évolution depuis l'indépendance». «Les préjugés de la société et la mentalité de la femme elle-même empêchaient la constitution d'aller en ce sens. Mais les choses se sont améliorées depuis la réforme constitutionnelle opérée en 2008, et l'exigence de son application concrète en 2012 avec l'imposition du programme des quotas de la représentativité de la femme sur les listes électorales suite auquel elle a atteint 30%, et 38% lors au dernier vote», souligne-t-elle. Ainsi, selon la conférencière, la femme a déjà acquis de précieux droits, «la loi sur la nationalité 05-01, du code de la famille, qui a donné à la femme la possibilité de faire acquérir sa nationalité à ses enfants naturels, le droit d'acquérir la nationalité algérienne pour l'étranger suite à un mariage avec une Algérienne qui, auparavant, était réservé aux hommes». Dans le même sillage, elle a souligné la loi 05-09 qui a unifié la fixation de l'âge minimal du mariage à 19 ans, pour les deux sexes. Pour la loi concernant le harcèlement sexuel, elle dira que la loi 04/15.2004 existe déjà, qui considère que de telles actions sont considérées comme de la violence et sont punies de 2 mois à une année de prison ferme et d'une amende allant de 50.000DA à 100.000DA.

Concernant l'impact des réformes du code de la famille sur les droits de la femme, pour la conférencière, «le législateur s'est inspiré de la charia pour établir des lois en faveur de la société». Elle a cité dans ce contexte l'article 36 qui disait que l'épouse est tenue d'obéir à son mari eu égard à sa qualité de chef de famille, cet article portant sur les droits des époux a été modifié et devenu vu l'évolution de la femme, la sauvegarde des liens conjugaux pour une cohabitation en harmonie et le respect mutuel. «L'interdiction de la polygamie ne doit pas être généralisée, mais elle doit être étudiée au cas par cas, si elle est appliquée elle va conduire les maris non comblés d'une façon ou une autre à avoir des relations extraconjugales et privera des femmes non mariées d'un droit humain qui est d'avoir des enfants», indique-t-elle. Ainsi, selon les conférencières, «pour renforcer la place juridique de la femme dans la législation, il faut recourir à notre charia dont le génie réside dans l'autorisation mais ne la généralise pas pour autant».