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13e Salon du bien-être : Le cosmétique «made in Algeria» peine à se faire? une beauté

par Mokhtaria Bensaâd

Fortement demandés par les consommateurs, les produits cosmétiques sont devenus un effet de mode dans lequel la gente féminine s'identifie plus à travers les marques utilisées et le prix payé. Tout est question de marketing sur ce marché déjà acquis aux fabricants étrangers et peu accessible aux producteurs nationaux. Face à la publicité agressive sur les produits importés et l'influence des médias sur le fashion, le produit « made in Algeria » est souvent dénigré et délaissé par une clientèle conditionnée au produit étranger. Sur ce peu d'intérêt, fabricants algériens et consommateurs rencontrés à la 13e édition du Salon international forme et beauté, organisé par Krizalid'Or et ouvert jeudi au Centre des conventions d'Oran (CCO) et ce, jusqu'au 9 mars, ont donné leurs points de vue, chacun selon son expérience et son regard sur l'évolution de ce marché qui fait une ascension en beauté. Pour les consommateurs, les produits locaux ne sont pas visibles sur le marché. Leur vente est timide et manque de publicité. Amina Nour, âgée de 45 ans, n'a aucune notion sur les produits locaux en vente dans les magasins cosmétiques. Fidèle à une marque étrangère de shampoing qui, dit-elle, « me convient parfaitement », ne veut même pas tenter l'expérience avec un shampoing fabriqué localement. «Je n'ai pas de connaissance sur les produits fabriqués localement et je ne fais aucun effort pour m'informer sur les gammes mises sur le marché. Je reste fidèle aux marques étrangères même si j'ai eu un bon écho sur les marques nationales », nous explique cette mère de famille. Pour Chahinèze, âgée de 46 ans, cadre dans une entreprise privée, ses informations sur les produits cosmétiques made in Algeria sont très maigres, voire nulles. Ces produits sont rejetés de prime abord sans même les expérimenter. « Je n'ai pas confiance sur la qualité du produit. Du coup, je me rabats sur les produits étrangers des grandes marques, car c'est de ma peau et de mon bien-être qu'il s'agit et pour cela, je mets le prix et je suis très exigeante sur la qualité ». Interrogée si elle tenterait l'expérience si une amie lui recommande un produit. Chahinèze ne voit pas d'inconvénients du moment qu'il a donné un bon résultat sur une personne de confiance.

LES FABRICANTS DES PRODUITS COSMETIQUES LOCAUX DANS LE DESARROI

Face à ce dénigrement et méconnaissance du produit local, certains fabricants algériens sont dans le désarroi vu la rude concurrence avec les produits importés, l'économie informelle et la contrefaçon.

Mme Fatiha Merrah, chimiste dans la SARL Rozana, une entreprise de fabrication de produits capillaires, installée depuis 10 ans à Alger, estime que « investir dans le cosmétique est une aventure pas facile et risquée.

La preuve. « Plusieurs opérateurs économiques qui se sont lancés dans ce créneau ont vite mis la clé sous le paillasson tellement la concurrence est rude ». Elle nous confie qu'« avec l'ouverture du marché, ce n'est pas facile de placer une marque algérienne. De plus, le produit algérien est dénigré par le consommateur même si sur le plan qualité et efficacité, il est irréprochable. Le problème réside dans le prix du produit car c'est ancré dans les mentalités qu'un produit pas cher est de qualité inférieure. Alors que ce n'est pas vrai. De l'autre côté, le consommateur est souvent arnaqué par les produits importés ».

Même constat pour deux autres fabricants algériens. M. Chabouni Abdelaziz, responsable du marketing à Univer cosmétique, exprime lui aussi la difficulté d'investir dans ce créneau avec toutes les marques étrangères qui existent sur le marché. Depuis une année que le groupe active dans les produits cosmétiques, le plus grand problème à surmonter était ce rejet par le consommateur du produit algérien sans même l'expérimenter. Tout notre travail s'est donc focalisé sur la réhabilitation du made in Algeria par une communication du bouche à oreille ».

Pour sa part, M. Zergui Abdelhamid, gérant de l'entreprise Splendid, spécialisée dans les produits cosmétiques et parfumeries, s'est montré plus pessimiste sur l'évolution du marché. Il considère que le fabricant algérien n'est pas assez protégé contre l'invasion du produit étranger. « En tant que fabricant et exportateur, nous n'avons pas beaucoup d'avantages par rapport aux importateurs qui emploient moins de personnel et gagnent plus alors que nous payons les mêmes taxes et droits de douane. Malgré l'existence d'une association de fabricants des produits cosmétiques, nous n'arrivons pas à faire entendre notre voix».

LE MANNEQUINAT, UNE SPECIALITE EN VOGUE EN ALGERIE

Bien que pas assez connu, le créneau est de plus en plus investi par les jeunes très intéressés par le monde des fashions. M. Mehaoudi Mohamed, gérant d'une agence de mannequins ADA Dream Agency, active dans ce créneau depuis l'âge de 15 ans à Oran. Il a commencé dans un ballet avant de créer une association culturelle et artistique puis une agence de mannequins. En tant que jeune passionné par le monde du mannequinat, il considère que ce créneau est en quête de professionnalisme pour se développer et devenir une activité reconnue. D'après l'expérience qu'il a vécue dans ce domaine, le gérant de ADA ouvre une brèche sur la conception du mannequinat en Algérie et les difficultés de créer une agence de mannequins. Il explique que « la société n'est pas encore préparée pour accepter cette activité comme toutes les autres activités. Il existe encore des parents qui sont réticents lorsque le sujet est abordé et qui n'autorisent pas leurs enfants à devenir mannequins ou miss beauté. Ce n'est qu'après discussion qu'ils acceptent l'idée. Ce n'est pas gagné à l'avance ». Sur la création d'agences, il dira en résumé que « ce n'est pas toujours facile de monter une agence tant que les mentalités ne changent pas ».

Comment se fait le recrutement des mannequins ? Le gérant explique que « le recrutement se fait sur la base de critères fixés et qui répondent aux normes internationales. Les candidats sélectionnés au casting sont recrutés sur contrat de six mois et payés au cachet. Pour les jeunes de moins de 18 ans, ils ne sont acceptés que sur la base d'une autorisation paternelle ». Quant à l'évolution de ce créneau, M. Mehaoudi dira sans hésiter que « le mannequinat a de beaux jours devant lui ».