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Le tableau noir du réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme

par M. Aziza

Les rapports des ONG internationales des droits de l'homme se suivent et se succèdent pour dénoncer la violation des libertés de réunion, d'association et de manifestation en Algérie.

Après Amnesty international et Human Right Watch (HRW), c'est au tour du Réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme (REMDH), qui vient dans son rapport, pointant du doigt les lois et les «pratiques abusives» des autorités algériennes qui entravent les libertés de réunion, de manifestation notamment dans l'espace public.

Dans le rapport rendu public, hier, les membres du REMDH ont souligné que ces entraves ne datent pas d'aujourd'hui, mais elles sont imposées depuis 1991 et plus accentuées en 2011, dans le sillage du «printemps arabe», les manifestations et les troubles s'étant multipliés en Algérie.

Les rédacteurs du rapport ont cité les manifestations de l'opposition, plutôt de la coordination pour le changement et la démocratie, la manifestation des gardes communaux et des étudiants. Des manifestations étouffées par d'impressionnants dispositifs sécuritaires, suivis parfois par des poursuites judiciaires contre les manifestants. Pourtant «2011 et 2012 ont été marquées par l'adoption de réformes légales comme la levée de l'état d'urgence», est-il indiqué. Les rédacteurs du rapport n'ont rien laissé au hasard, ils ont cité presque toutes les manifestations, celles des chômeurs, des enseignants, des travailleurs de l'administration jusqu'à celle ayant lieu dans le sud du pays. Ils ont indiqué que, paradoxalement, «une amélioration des conditions de travail s'est poursuivie tandis que la politique de répression s'est durcie».

Les rédacteurs du rapport ont dénoncé la répression des manifestations dans le sud du pays, où des chômeurs ont manifesté leur colère pour revendiquer le droit à un travail digne, pourtant, souligne-t-on, le nombre des multinationales a considérablement augmenté à partir de 2013.

Il est noté dans le rapport que le recours à la force dépend du message et de l'identité des organisateurs des manifestations, du lieu et du moment politique.

Pour certaines manifestations, les forces de l'ordre recourent aux arrestations préventives et pour d'autres, à l´usage de la force et aux interpellations violentes durant l'événement. Ceux qui sont souvent victimes de violences, les mouvements des familles de disparus, des chômeurs et ceux de l'opposition. Ils ont en outre soulevé les restrictions imposées au droit de réunion, où plusieurs syndicats, associations, opposition se sont heurtés à un refus non justifié de l'octroi des autorisations pour la légalité de l'évènement.

Les rédacteurs du rapport ont également dénoncé l'absence d'enquête sur les brutalités policières. Ils ont cité la répression de la commémoration du Printemps berbère à Tizi Ouzou en avril 2014, le chef de la police qui a annoncé une enquête sur les brutalités policières, mais jusqu'à maintenant aucun résultat n'a pour l'instant été publié, et dans des cas similaires ni les conclusions des enquêtes ni les auteurs des agressions n'ont été rendus publics.

Par contre, des activistes dans des mouvements citoyens, note les rédacteurs du rapport, sont vite poursuivis et condamnés par la justice. Pour illustrer leur réquisitoire, ils ont cité le cas d'Abdelkader Kherba, syndicaliste et militant des droits de l´homme, qui a été arrêté le 18 avril 2012, au cours d'un rassemblement organisé par le mouvement des greffiers à Alger. Il a été condamné à un an d'emprisonnement avec sursis et 20.000 dinars.