Scènes à la « Mad Max » sur les vidéos du Net à propos de
ce qui se passe à In Salah. Affrontements, jeeps de gendarmes, fuites,
affolements, etc. C'est les anti-gaz de schiste contre gaz lacrymogène. Tout
est parti d'un refus, par certains que l'on creuse sous leurs pieds le pays
pour vendre du gaz de schiste. Selon les infirmations, les protestataires ont
tenté d'encercler une base où étaient logés des Américains exploitants. Le détail
est confus. D'ailleurs comme l'affaire de ce gaz. Sans moyens de comprendre, le
Nord reste sur le flou : on ne sait pas qui a raison ou qui a tort, alors, on
mâche et on zappe. Certains ont cherché à comprendre mais ils ne sont pas le
peuple dans sa majorité. L'affaire reste mal expliquée. On peut être pour,
contre ou ailleurs, l'essentiel est cependant sous les yeux : cette affaire
révèle surtout que ce pays est une maison sans maître. On a envoyé au Sud un
DGSN (sic !), quelques ministres, des notables mais cela n'a pas suffi pour
masquer ce qui crève les yeux : il manque un président. Dans un pays avec des
jambes, des bras et du bon sens, c'est là l'affaire d'un président actif qui
peut aller au Sud expliquer au gens que l'on n'a pas le choix, que l'on doit
manger nos entrailles, que c'est dicté ou pas ou que c'est comme ça et que
celui qui n'est pas d'accord n'a qu'à s'exiler au Sahel ou en Arabie ou au pôle
Sud. Ce n'est pas notre cas : le Président est absent et ne peut rien dire au
Sud même avec les meilleurs amplificateurs de voix possible. La crise s'aggrave
et prend l'esthétique d'un apartheid et d'une milice de colons contre des
manifestants réclamant la liberté ou la dignité ou la souveraineté ou le
respect. Les images sur les affrontements à In Salah sont insultantes, tristes,
provoquent l'indignation et la colère : ces gens sont déjà nus et voilà qu'on
les traite comme des indiens vaincus. Ces images provoquent le malaise de notre
culture anticoloniale et convoquent d'anciennes détestations pour tout ce qui
est autorité. C'est immoral de traiter cette affaire avec les manières d'un
Palais qui ne veut pas déranger sa propre sieste.
L'affaire du Sud est l'affaire d'un Président fort, pas de
son équipe ou de ses envoyés en SMS. Quand l'heure est grave, c'est un
Président qui parle, pas un coursier. Laisser In Salah et ce dossier à quelques
gendarmes dépassés ou inhabiles et agités amateurs de rodéo est un amateurisme
dangereux. La maison Algérie n'est pas une réserve, mais un pays. Ces images
sont insultantes et cette manière de s'y prendre en criminalisant ceux qui
disent non, sera retenue par l'histoire de notre pays comme un crime.