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Bouteflika lui rend hommage : Roger Hanin enterré hier à Alger

par Moncef Wafi

L'acteur, réalisateur et écrivain français, Roger Hanin, décédé ce mercredi à Paris à l'âge de 89 ans, des suites d'une grave détresse respiratoire, a été enterré, hier, au cimetière israélite de Bologhine (ex-Saint-Eugène) où repose déjà son père. La dépouille de l'acteur est arrivée à Alger, le jour même, à bord d'un vol régulier de la compagnie Air Algérie, à l'aéroport international Houari-Boumediene en provenance de Paris. La ministre de la Culture, Nadia Labidi, le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, le directeur de la Protection civile, Mustapha Lahbiri, et l'ambassadeur français à Alger, Bernard Emié, ainsi que des figures du monde de la culture étaient présents à l'arrivée du cercueil. Des membres de la famille du défunt, des proches, des personnalités du monde du cinéma et des médias ont été du voyage.

Roger Hanin, de son vrai nom Lévy, est né le 20 octobre 1925 à Bab El Oued, à Alger, dans un milieu modeste, très représentatif du monde «pied-noir». Un grand-père rabbin, un père fonctionnaire aux PTT, il prit comme nom celui de sa mère Victorine Hanin.

Son père était communiste et le jeune Roger suivit sa voie. Mais, en épousant Christine Gouze-Rénal, sœur de Danielle Mitterrand, il se convertit au catholicisme et se rapprocha des socialistes avant de les quitter après la mort de son beau-frère, François Mitterrand, retrouvant sa famille communiste.

Roger Hanin avait fait ses débuts dans le cinéma dans les années 1950. A la même époque, il faisait également carrière dans le 4e art où il s'est fait connaître en 1951 dans la pièce «Vogue la galère», avant de quitter le théâtre plus de 50 ans plus tard avec une quarantaine de pièces et de tournées à son actif. Après une filmographie très riche, plus de 80 œuvres en près de 45 ans de carrière, Roger Hanin incarne, à la télévision en 1989, son rôle le plus médiatique du commissaire Navarro, une série télévisée qui a duré près de 20 ans. Il savait aussi s'engager en réalisant Train d'enfer en 1984, un film dénonçant le racisme ordinaire, d'après un fait divers sordide. Du Chemin de Damas, en 1952, aux derniers tournages - tel Soleil, qu'il réalisa en 1997 - il tourna avec Dassin, John Berry, Marc Allégret, Michel Deville, Henri Decoin et beaucoup d'autres avant, en 1960, de jouer dans Rocco et ses frères de Luchino Visconti.

Outre ses talents de comédien, Roger Hanin avait également fait parler de lui en tant que romancier dès les années 1980 avec la publication de «L'ours en lambeaux» qui sera suivi de dix autres œuvres littéraires de fiction. Son attachement à son pays natal, l'Algérie, ne s'est jamais démenti, puisqu'il émettra le vœu d'y être enterré, et en 2000, l'acteur avait reçu la Médaille de l'ordre du mérite national au rang de «Achir» des mains du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lors d'un hommage qui lui avait été rendu à Alger. Roger Hanin avait déclaré à cette occasion: «J'ai toujours refusé les décorations mais celle-ci sera la première et la dernière». Dans une lettre adressée à sa famille, le chef de l'Etat a tenu à lui rendre un hommage émouvant. «Le peuple algérien, qui s'associe à la douleur du peuple français ami, n'oubliera pas l'apport indéniable de feu Roger Hanin à la consolidation des liens d'amitié entre les peuples algérien et français», écrira-t-il. Il ajoutera qu'«en exprimant le vœu d'être enterré sur sa terre natale, feu Roger Hanin a témoigné, ce faisant, du respect qu'il a toujours voué au peuple algérien et à son histoire».