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CAN 2015 - Coup d'envoi aujourd'hui : Une compétition ouverte

par Adjal Lahouari



Avec la CAN 2015, dont le coup d'envoi sera donné aujourd'hui, y aura-t-il une nouvelle redistribution des cartes dans la hiérarchie continentale ? C'est la première question qui vient à l'esprit si l'on prend en considération l'historique de cette compétition où l'Egypte s'est taillé la part du lion suivie par le Ghana, le Nigéria, le Cameroun, l'Algérie, la Tunisie, la Côte d'Ivoire, l'Afrique du Sud et la Zambie. C'est pratiquement le gratin africain qui figure dans cette liste. Certains observateurs, invités par des entraîneurs ont eu beau affirmer « qu'il n'y a plus de petites équipes », en soulignant qu'avec l'appui de la vidéo, tout le monde connaît tout le monde et que les méthodes de préparation se sont uniformisées. Toutefois, au terme de l'année 2014, un constat frappant saute aux yeux. En effet, dans le classement annuel, on retrouve quinze équipes sur les seize qui occupent les premières places de l'Algérie (1e) au Burkina Faso (16e), seul le Nigéria (15e) n'étant pas parvenu à arracher son ticket pour la Guinée équatoriale. Cela signifie que le niveau de fond existe toujours au sein des grosses cylindrées comme le Cameroun (2e) la Tunisie (3e) le Sénégal (4e), la Guinée (5e), le Ghana (6e), la Zambie (7e) le Congo (8e) et la Côte d'Ivoire (9e). Globalement et sur la période 1992-2004, le Ghana ; le Cameroun, la Tunisie, la Côte d'Ivoire, l'Algérie, le Sénégal et l'Afrique du Sud se sont illustrés. De ce fait, et sur la base de cette « constante » il n'est pas interdit de chercher le vainqueur de l'édition 2015 dans ce lot. Mais nul n'ignore que le football réserve parfois des surprises qui font d'ailleurs le charme de ce genre de compétition où rien n'est acquis de façon définitive. Et c'est tant out mieux ainsi.

LES FAVORIS

N'en déplaise aux éternels rabat-joies, l'Algérie figure bel et bien en tête du tableau général africain et même dans le top 20 mondial. C'est bien sûr, grâce à son parcours au Mondial 2014 au Brésil où les coéquipiers de Slimani ont donné des sueurs froides aux allemands, futurs champions du monde. Ce qui revient à dire que les Algériens se sont mieux comportés que les brésiliens balayés par les allemands (7 à 1). Sur les quatre rencontres du Mondial, nos Fennecs ont en gagné une (Corée du Sud), fait match avec la Russie de Capello et perdu face à la Belgique et l'Allemagne après prolongations. Lors des éliminatoires sous la coupe de leur nouvel entraîneur Christian Gourcuff, les Verts ont frôlé la perfection (une seule défaite face au Mali) alors qu'ils ont remporté leurs trois matches amicaux, face à la Slovénie, l'Arménie et la Roumanie. Dans ce bilan, on notera que c'est seulement à Bamako que les attaquants algériens n'ont pas trouvé le chemin des filets, inscrivant 25 buts alors que la défense en a encaissé treize. Ce statut n'est-il pas une arme à double tranchant ? La question vient à l'esprit, car, tout le monde voudra battre le favori N° 1 et, d'autre part, on ne sait pas exactement comment les Fennecs vont « vivre » avec cette distinction. A ce propos, Gourcuff, lors de la conférence de presse tenue le 4 janvier dernier, a souligné que « l'équipe nationale doit faire preuve d'ambition et d'humilité. Si un groupe part pour une compétition pareille avec l'idée qu'il l'a déjà remportée, c'est mauvais signe. Chacune des quatre équipes a ses chances », a-t-il déclaré. Il s'agit là d'un message à l'intention de ses protégés. Espérons qu'il sera reçu cinq sur cinq. Dans ce genre d'épreuve on est bien obligé de citer le Cameroun parmi le lot des favoris. Car les camerounais ont fait leurs preuves depuis belle lurette et leur rang de dauphin au classement africain n'est pas dû au hasard. Seul leur parcoures au Mondial 2014 constitue le bémol de cette année avec trois défaites et un seul but marqué. En éliminatoires de la CAN 2015, le Cameroun n'a guère tremblé (quatre victoires et deux nuls) tandis qu'en matches amicaux il a enregistré des hauts et des bas, la motivation n'étant plus la même. Le Cameroun e est en plein mutation et devra plus particulièrement, gérer l'après Eto'o, son prolifique buteur des deux dernières décennies.

En effet, la sélection devra se passer de la dépendance de ce joueur d'exception comme elle a su le faire lors de la retraite de l'autre « légende », l'attaquant Roger Milla. Cette mission revient à l'entraîneur allemand Volker Finke qui mise sur une solide « colonne vertébrale » Mbia ?Choupo Moting ?Aboubakar, à laquelle il faudra ajouter la jeune pépite de l'Olympic Lyonnais Clinton Njie coéquipier de l'algérien Fékir. Les « Lions indomptables » seront-ils au rendez-vous ? Dans ce groupe des favoris, la Tunisie a largement sa place et a repris du poil de la bête depuis l'installation de l'entraîneur belge Georges Leekens.

En tous cas, les chiffres « parlent » en faveur des « Aigles de Carthage » avec un seul revers en neuf rencontres en amical, face à la Belgique, quatrième puissance européenne, derrière l'Allemagne, les Pays-Bas et la France. Il est utile de rappeler en effet, que les Tunisiens ont éliminé l'Egypte de la CAN 2015 avec deux victoires et terminé en tête de leur groupe devant le Sénégal, en plein renouveau d'après son parcours de cette année 2014 où il a imité la Tunisie en s'imposant devant l'ogre Egyptien en aller et retour. Les « Lions de la Teranga » ne se sont inclinés qu'une seule fois face à la Tunisie, ce qui est une indication très significative. Le Sénégal, après une rude traversée du désert (zéro point en CAN 2012 et absent en CAN 2013) a soif de revanche et fonde de gros espoirs sur l'attaquant de Southampton Sadio Mané. Ceci n'a pas empêché l'entraîneur français alain Giresse de faire preuve d'humilité en affirmant tout haut : « Le Sénégal est un outsider ». S'il y a un retour qui ravit les anciens, c'est bien celui de la Guinée, car ces derniers n'ont jamais oublié le Sily National qui a éclaboussé de sa classe les décennies 60/70/80. Ces mêmes anciens ont constaté, avec satisfaction, que les Guinéens ont su conserver intact leur jeu technique constamment orienté vers l'attaque. En outre, il faudra prendre en considération le fait que les Guinéens ont validé leur billet pour la Guinée équatoriale en disputant tous leurs matchs en déplacement en raison de la crise sanitaire liée au virus Ebola. Il s'agit là, d'une performance qui impose le respect. Les trois cadors du groupe D, la Côté d'Ivoire, le Mali et le Cameroun auraient tort de mésestimer cet adversaire, dirigé de façon habile par le technicien français Michel Dussuyer. On en arrive au Ghana qui a constamment bénéficié d'une côte d'amorce chez les puristes du football. Habitués aux honneurs, les Black-stars n'arrivent qu'en sixième position au classement africain, en raison d'une certaine irrégularité dans les résultats, car la manière n'a pas changé, avec un jeu technique, imaginatif résolument tourné vers l'avant. La leçon infligée aux égyptiens est encore dans toutes les mémoires, au même titre que leur prestation (2-2) face à l'Allemagne, championne du monde. Ce jour là, les Ghanéens sont passés très près d'un exploit retentissant. En Guinée équatoriale et après un bon stage en Espagne, l'équipe du Ghana est prête pour contrer ses rivaux du groupe C à savoir l'Algérie, le Sénégal et l'Afrique du sud. Et ce en dépit de la retraite des anciens tels Esien, Boateng et Muntari, le Ghana demeure redoutable pour les meilleurs, en soulignant que les trois joueurs cités ci-dessus ont déjà fait l'impasse de l'édition 2013. Faut-il toujours considérer le onze de la Côte d'Ivoire comme faisant partie des favoris ? Il y a belle lurette que cette question n'est pas venue à l'esprit tant la génération dorée des Drogba, Yaya Touré a atteint un niveau de jeu impressionnant. Alors, pourquoi le onze des Eléphants est-il considéré comme un champion sans couronne ? Les uns disent qu'il y a trop de vedettes avec ses inévitables batailles d'égos, tandis que d'autres affirment que la sélection a pris de l'âge, alors que Drogba n'est plus là pour booster le groupe. Néanmoins, des observateurs estiment que cette génération veut réussir un dernier coup d'éclat avant de passer la main. Dernier commentaire du capitaine Yaya Touré : « Il n'y a pas que la Côté d'Ivoire qui est favorite. D'autres sélections peuvent aspirer remporter le trophée à l'image de l'Algérie, du Ghana et du Sénégal. Mais nous devons rester vigilants et nous donner à fond ».

LES OUTSIDERS

En raison d'une belle série depuis l'installation à la barre technique de Shakes Mashaba (neuf matches sans aucune défaite), les fans de l'Afrique du Sud se sont mis à rêver d'un second sacre après celui de 1996. Certes, le onze des Bafana Bafana possède un niveau appréciable qui a réussi à se qualifier dans un groupe relevé où figuraient le Nigéria (finalement éliminé) le Congo (qualifié) et le Soudan. Le bilan de ces éliminatoires nous incite à penser que l'Afrique du sud repose sur une défense très solide, mais dont le secteur offensif demeure le maillon faible. Cet aspect ne semble pas affecter pour autant l'entraîneur Shakes Mashaba qui a déclaré texto : « Nous avons l'impression que nous pouvons faire ensemble tout le chemin vers le sommet et nous ne pouvons y parvenir qu'en remportant le tournoi ». Oui, mais sur son chemin vont se dresser l'Algérie, le Ghana et le Sénégal c'est-à-dire de rudes concurrents. On en arrive au Congo drivé par le spécialiste par excellence des coupes d'Afrique des Nations, Claude Leroy, dont ce sera la huitième participation. Un regard rétrospectif sur l'année 2014 nous apprend que le Congo affiche la particularité de n'avoir disputé aucune rencontre amicale, se consacrant totalement aux éliminatoires de la CAN 2015. Ce choix délibéré a donné ses fruits avec une première place au sein d'un groupe où l'on a retrouvé l'Afrique du Sud et le Nigéria, ce qui constitue une référence. Et, évidemment, cette campagne menée tambour battant a valu au Congo d'intégrer le top 10 africain en se classant au huitième rang, devant la Côté d'Ivoire et le Gabon. En raison de son bon parcours en éliminatoires, la Zambie occupe la septième place du classement continental. Nombre d'observateurs estiment que cette équipe est capable du meilleur comme du pire. On rappellera qu'en 2012, cette formation a succédé à l'Egypte, au palmarès et ce, à la surprise générale. Cet effet ne jouera plus en faveur des Zambiens surtout faxe aux Tunisiens grands favoris du groupe B, alors que les autres adversaires tels la RD Congo, et le Cap Vert semblent à leur portée.

LES AUTRES CONCURRENTS

On attendait mieux de la part du Mali, qui n'a pas soutenu la comparaison, avec l'Algérie, et qui s'est qualifié de justesse lors de la dernière journée grâce à sa victoire sur les Fennecs. On en déduit que le rang occupé dans la hiérarchie africaine (13e) est trop flatteur au vu des résultats. A cause d'une défense poreuse (12 buts encaissés), le Mali et à sa place dans le lot des faire-valoir, même si en, apparence ce jugement paraît sévère. Il en est de même pour les «Requins Bleus » du Cap Vert, onzième au classement continental grâce à leur bon parcours en éliminatoires où ils ont devancé leurs adversaires zambiens et qu'ils retrouveront en phase finale dans le groupe B, aux côtés de la Tunisie et de la RD Congo. Cette dernière avait affaire dans son groupe à deux sérieux clients, à savoir le Cameroun et la Côte d'Ivoire avec un bilan mitigé (trois victoires et trois revers). Le Gabon, et en dépit de sa facile qualification, ne peut espérer joueur qu'un rôle secondaire, au même titre que le pas hôte, la Guinée équatoriale au très maigre bilan.