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Ghardaïa : Grève des commerçants malékites

par Abdelkrim Zerzouri

Suite logique, presque mécanique, dans l'engrenage des évènements violents, qui ont, encore, secoué, ces derniers jours, la wilaya de Ghardaïa, les commerçants de rite malékite ont baissé rideau, jeudi 15 janvier. «Un signe de solidarité avec les habitants d'El-Hofra, affectés par les dernières échauffourées qu'ont connues des quartiers de Ghardaïa», arguent les grévistes qui ont répondu massivement à l'appel du mot d'ordre de grève lancé par le conseil du rite malékite de Ghardaïa.

Les commerçants (malékites) ont refusé d'ouvrir leur magasin durant la matinée de jeudi, aussi bien à Ghardaïa que dans les localités de Berriane, Guerrara et Daya Ben Dahoua, où la grève a été ponctuée par un sit-in pacifique, indiquent des témoignages. Et, bien entendu, la protesta s'est propagée dans les établissements scolaires, situés dans les quartiers à forte densité malékite, où les élèves ont déserté les bancs de classes, ainsi que les services administratifs, également touchés par l'absence de leur personnel. Cependant, on note que le «service public» a été assuré dans les organismes financiers (Banques et Poste) et de Santé, ainsi que le maintien en activité du transport urbain. La grève a pris fin en milieu d'après midi, juste après la prière d'El-Asr. Contacté à ce sujet, par l'APS, un membre du conseil du rite malékite de Ghardaia, M. Brahim Brik, met en avant aussi un certain nombre de revendications émises dans une plate-forme remise aux autorités compétentes, au début des événements de Ghardaïa, comme celles liées au déploiement des forces de sécurité et l'application de la loi de la République sur l'ensemble des habitants, sans distinction. Les quartiers El-Hofra, Baba Saâd et Ain Lebeau, ont connu, entre vendredi et lundi, des actes de violence et heurts entre groupes de jeunes et forces de maintien de l'ordre déployées dans ces quartiers, émaillés d'actes de vandalisme sur le mobilier urbain, de saccage et d'incendie de quelques habitations et véhicules.

Cette recrudescence de la violence a éclaté après la décision d'un groupe de jeunes ibadites d'empêcher des malékites de rejoindre une mosquée, située dans le quartier El-Hofra, à forte densité de la population ibadite, prétextant de «provocations récurrentes» émanant des malékites, à chaque prière du vendredi, a expliqué, à l'APS un malékite. De son côté, dans une sortie synchronisée, le conseil des notables ibadites du ksar de Ghardaïa a appelé, le même jour (jeudi 15 janvier) au respect et à la protection des sites et lieux sacrés (mosquées, cimetières et lieux de prière), des rites malékites ou ibadites. Dans un communiqué, rendu public dans ce contexte de montée au créneau des antagonistes, le conseil des notables ibadites du ksar de Ghardaïa «exhorte les jeunes à éviter de répondre aux provocations qui sont condamnables et blâmables par notre religion l'Islam, et faire preuve de bon sens et de citoyenneté responsable». Le conseil des notables ibadites du ksar de Ghardaïa considère que «la maîtrise de soi est la méthode civilisée et exemplaire qui doit l'emporter», conclut le communiqué. Cet appel lancé par les notables ibadites du Ksar Ghardaïa, comme geste d'apaisement, et surtout comme une «mise au point» face à la protesta initiée par les malékites, car laissant entendre en filigrane qu'il y a des «provocations» qui sont à l'origine de l'éclatement des violences.

L'appel, en question, a été rédigé après une réunion de notables et de sages, en vue d'un retour au calme, dans les quartiers suscités.

Au grand désespoir des habitants, la région de Ghardaïa a replongé dans la violence, récurrente et sporadique, menée par «des hommes non identifiés» qui propagent des rumeurs les plus folles, telles que l'incendie de la mosquée malékite et la destruction des différentes habitations des malékites, situées dans les quartiers à forte concentration ibadite, signale-t-on. Le remède «miracle» pour désamorcer ce conflit sanglant attend toujours.