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Projet de l'établissement pénitentiaire à Mahdia (Oued Tlélat) : Vers la levée des réserves émises par les agriculteurs

par Houari Saaïdia

Au détour de son périple à travers les chantiers LPL, lundi dernier, le wali a pu régler le «faux-problème» - de son point de vue - qui entravait le projet de réalisation d'un établissement pénitentiaire à l'orée de la localité de Mahdia, à Oued Tlélat.

Après s'être enquis de la situation sur le site de 2000 logements publics locatifs, à Oued Tlélat, dernier point du circuit programmé, le chef de l'exécutif a emprunté un chemin rural menant vers la sortie d'un patelin relevant de la localité de Mahdia, distante de 5 km du chef-lieu communal. Sur les lieux, une petite foule d'habitants, des agriculteurs pour la plupart, faisait le pied de grue depuis des heures. On leur avait donné rendez-vous sur place pour s'entretenir de vive voix avec le wali au sujet de leur préoccupation commune : « la prison » que les pouvoirs publics avaient décidé d'implanter à cet endroit (projet inscrit, enveloppe dégagée de l'ordre de 4 milliards de DA, entreprise de réalisation déjà retenue, selon la DLEP qui gère ce projet décentralisée au profit du ministère de la Justice). « D'abord, il ne faut pas parler de prison, ce terme ne sied pas à la structure projetée, mais d'un établissement pénitentiaire ou d'un centre de rééducation et de réinsertion », interrompra M. Zâalane , un fellah. Il est vrai que le haut cadre d'Etat a beau essayer de lever la nuance entre le mot brut « prison » et la terminologie moderne « établissement carcéral » en donnant un petit cours aux quelques paysans qui l'entouraient sur les grands axes de la réforme du système pénitentiaire algérien et sur la mission de « resocialisation » dont cette nouvelle génération de structures pénitentiaires du secteur de la Justice est dévolue, ses interlocuteurs, eux, n'ont pas bronché. Pas plus que le stimulant économique basé sur l'argumentaire de l'infrastructure pénitentiaire en tant que facteur de désenclavement et valeur ajoutée pour l'activité commerciale locale n'ont eu d'effet sur ces villageois. Mais le chef de l'exécutif avait plus d'un élément persuasif dans son sac. Ainsi, il a fait savoir aux villageois que la « prison » ne sera pas collée à leur village, mais un peu en retrait par rapport au tissu urbain. Elle sera édifiée à une bonne distance de la cité, leur a-t-il assuré. Mieux, la bande qui séparera la localité à l'établissement pénitentiaire projeté sera meublée, non pas pour le « tape-à-l'œil », mais pour l'utilité publique de la région, c'est-à-dire par des équipements publics destinés à la population locale (établissements d'éducation, de santé, de sûreté?). De quoi faire revenir les habitants à de meilleurs sentiments. Mais l'engagement du wali qui a eu le plus d'effet positif auprès de la population locale, c'était celui qui était relatif à la régularisation foncière dans les plus brefs délais. En effet, faisant face à des pétitions en masse de la part de la population locale sur la non-prise en charge par les services locaux concernés, la daïra d'Oued Tlélat en premier lieu, de leur demandes, légales légitimes, de délivrance d'actes de propriété dans le cadre de la régularisation, le wali a, sur le coup, réprimandé le chef de daïra, en tant que premier responsable. « C'est pris en charge comme il se doit par nos soins. Les dossiers sont en stade très avancé de traitement? ». « A en croire cette version, les actes sont finalisés. Puis-je les voir cet après-midi dans ce cas ? Evidemment, votre silence signifie que la réponse est négative ; les actes ne sont pas prêts. Alors je vous ordonne d'assainir la situation dans les plus brefs délais. Ces gens ont besoin d'être établis dans leur droit de propriété, ce n'est pas une faveur que vous leur accordez, mais un devoir et une obligation dont vous être tenus? », Répliquera le wali, en instruisant son subalterne de la daïra de permettre à un représentant des habitants de Mahdia de s'informer à la source (les Domaines) de l'avancement de l'opération. Cette démarche participative et cet esprit avaient-ils besoin de l'arrivée du wali, fut-elle dans un contexte de contestation populaire nourrie par un cafouillage autour d'un projet public, pour être instaurés dans les mœurs des institutions locales ? Car, à bien y voir, ce n'est pas la « prison » qui a soulevé le tollé des riverains, mais plutôt la négligence et la désinvolture -il faut appeler les choses par leur noms- des institutions à l'échelon de cette collectivité locale dans la prestation des services publics, dont la régularisation foncière en est une. Le wali est venu vers les villageois de Mahdia, avec lesquels il a engagé un dialogue. En l'écoutant d'abord. Ces agriculteurs ne demandaient pas plus. « Nous ne sommes pas contre le projet de pénitencier. Notre seul souci, c'est que s'il y aura distraction de terres agricoles pour les besoins de cet équipement, qu'elle soit dans un cadre légal où nos droits liés à l'expropriation seront préservés. La délivrance d'actes est également une revendication commune pour notre localité », a tenu à préciser un agriculteur.

Reste, néanmoins, le règlement des contentieux - il y en aurait quelques rares cas- liés à l'expropriation de parcelles de terres agricoles, ainsi que la procédure de distraction des terres agricoles pour la réalisation de ce projet d'établissement pénitentiaire. Il est à rappeler, dans ce contexte, une instruction du Premier ministère datée du 12 mai 2013, destinée notamment aux walis, ciblant «les contraintes et les lourdeurs qui rendent difficile la mise en œuvre des procédures réglementaires en vigueur».