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Si
la peur n'a plus de camp, la haine continue à choisir ses espaces. Le monde va
bouger, encore une fois. Il n'a jamais cessé d'ailleurs de le faire. Ça bouge,
ça tance, ça fait guerroyer. La guerre a un unique domicile, une seule
enseigne, une unique foi. L'inquiétude et le péril que produit l'idiotie de
certains esprits, croyant s'adosser à des préceptes figés, ne va pas s'arrêter
à une caricature. Chez ces gens là, la haine est une culture qui s'apprend crescendo.
Elle s'argumente à coups d'indifférence et s'alimente par le contraste et
l'ennui de l'autre. Rien ne tend à justifier de cracher sur une peau qui n'est,
forcément pas, identique à la vôtre. Rien ne s'élit apte à ôter une vie à un
crayon ou à briser sa mine qui ne trace pas vos certitudes. Et puis ! Personne
n'est investi des dons de la providence, ni plein à se rassasier d'hiérarchie
céleste ou supra-humaine. L'homme demeure, dans sa petitesse, ce résultat fécal
qu'engendre un autre résultat de la même intensité. Il n'y a, en fait, que ces
inconduites de mauvaises girouettes qui, au lieu d'indiquer la direction des
vents, le soufflent.
Dieu n'a pas de milices. L'ingéniosité occidentale a fait que, dorénavant, les guerres qui, subséquemment, alimentent les budgets de ses Etats, doivent se maintenir loin de leurs résidences. Depuis le Vietnam et quelques escarmouches en Amérique latine ou en ex-Yougoslavie, toutes les guerres se sont transportées envers ce monde qui invoque une religion qui a défié jusqu'à battre le communisme. Considérée comme une menace, cette ?philosophie du djihad' devait - pensaient les néo-cons-, servir à une automutilation, à grande échelle. Après l'Afghanistan, l'Irak, la Tunisie, la Libye, l'Egypte, c'était au tour d'une Syrie de voir son arsenal et ses capacités de défense mises à terre. C'est là, dans ces champs de batailles que le pire s'est endurci, que la mort s'est instituée. La haine de l'autre y a pris les mesures de l'exportation. Le meurtre de l'autre est devenu une consommation «hallal». C'est ce sentiment, envers son semblable, qui va réfléchir son ombre pour vomir, sur soi, les déchets, les insanités et la déshumanisation. Haïr c'est se rejeter en moitié. C'est maudire sa duplicité, avilir son être. L'acharnement à vouloir voir mourir un contradicteur se verra mourir, un jour, à son tour. La dynamique dans l'aléatoire, dans la spirale du meurtre et de la négation, va faire ses raisons, à tout bout de champ. Par contre si l'on aime l'on ne meurt pas de si tôt. Si l'on sarcle une mouvance c'est que la moisson ne sera qu'une autre mouvance. La haine, détrompez-vous, n'a pas de camp, elle s'installe là où l'amour fout le camp. |
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