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Les routes toujours aussi meurtrières : En attendant le permis à points et la révision du code la route

par E. H. D.

«Avec 4440 morts enregistrés à fin novembre 2014, la plus meurtrière des trois dernières années, le chiffre pourrait bien atteindre les 4600 morts à la fin de la même année, soit une légère hausse par rapport à 2013 où on a déploré 4540 victimes», a indiqué hier sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale le chargé de la prévention à la Direction générale de la Sûreté nationale, le commissaire divisionnaire Ahmed Naït El-Hocine.

Imputant ce nombre effarant de morts sur les routes à l'extension du parc automobile et du réseau routier, le représentant de la DGSN a néanmoins estimé qu'il «n'y a pas eu d'augmentation significative de la sinistralité au vu de la prédominance du transport routier sur les autres moyens de locomotion». Le facteur humain étant à l'origine de 96% des accidents mortels enregistrés, le chargé de la prévention à la DGSN a également indiqué que cela est dû «en grande partie à l'inobservation des règles de sécurité routière, à commencer par l'excès de vitesse et les dépassements dangereux». «Le durcissement de l'accès au permis de conduire, la mise en place du permis à points et la révision des mesures de sanction du code de la route» sont envisagées, à commencer par la «réactualisation de l'arrêté de 1984 qui énumère les maladies incompatibles avec la faculté de conduire, et la mise en place d'un fichier national du permis de conduire pour recenser les conducteurs récidivistes», a-t-il indiqué. Rappelant que le système actuel de sanction des mauvais conducteurs «est basé, notamment, sur le retrait immédiat du permis de conduire et le payement d'amendes forfaitaires», il a jugé que ce système «comportait une injustice vis-à-vis des conducteurs qui commettent, par inadvertance, une infraction pour la première fois, car sanctionnés de la même manière que ceux qui adoptent des comportements déviants». Le permis à point, «si cher à la DGSN, est justement de sanctionner les chauffards qui doivent être éjectés du circuit, parce que dangereux pour la sécurité des autres conducteurs», a tenu à préciser le commissaire divisionnaire Ahmed Naït El-Hocine. «Le retrait de permis ne doit pas être systématisé à toute infraction», a-t-il souligné, plaidant pour «l'automatisation du système des sanctions et le renforcement des moyens de contrôles des dépassements sur les routes, grâce à la mise en place du permis biométrique, couplé au permis à points».

A propos du Centre national de prévention et de sécurité routières qui dispose du statut d'établissement public à caractère administratif, il a relevé que cet organisme «n'a pas les moyens humains ni financiers pour mener à bien la politique nationale de sécurité routière, en plus du fait qu'il ne doit pas relever d'un seul département ministériel pour être élevé à un rang d'institution gouvernementale».

Concernant le nombre d'accidents de la route recensés par les services de la Sûreté nationale dans les zones urbaines en 2014, le commissaire divisionnaire Ahmed Naït El-Hocine a fait état de 17.383 accidents ayant causé la mort à 828 personnes et des blessures à 20.717 autres, ajoutant, en outre, que 20.755 mises en fourrière, 704.061 amendes forfaitaires et 159.648 retraits de permis de conduire, ont été enregistrés durant la même période. Pointant du doigt les véhicules neufs, ou de moins de 5 ans, comme étant à l'origine de près de 50% des sinistres enregistrés sur les routes, le même intervenant est revenu sur «l'importance capitale de la mise en place du permis à points, le seul moyen d'invalider le permis de conduire pour les récidivistes, avec l'obligation de le repasser après l'épuisement du capital points». La rétention du permis de conduire pour «améliorer le niveau de recouvrement des amendes forfaitaires», la mise en place, à titre expérimental, de brigades mobiles banalisées au niveau de la wilaya d'Alger, pour lutter contre l'insécurité routière, l'installation de caméras reliées au centre de télésurveillance de la capitale, et l'équipement des véhicules de police de terminaux embarqués pour la surveillance du trafic routier, ont été les autres points abordés.