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Deux ex-GLD seront jugés en France

par Yazid Alilat

Deux ex-membres d'un groupe de légitime défense (GLD) de Relizane sont poursuivis par le tribunal de Nîmes pour «tortures», «disparitions forcées» et «exécutions sommaires».

Il s'agit des frères Hocine et Abdelkader Mohamed, résidant en France depuis la fin des années 1990, qui avaient été mis en examen (inculpés) en 2004. Ils ont été renvoyés devant les assises pour des «actes de torture et de barbarie» sur une victime directe, qui s'est constituée partie civile, et sur des membres de la famille d'autres parties civiles, selon des associations de défense des droits de l'homme. Les deux hommes ont toujours nié les faits qui leur sont reprochés et ont fait appel de cette décision, indique le cabinet de l'avocate qui les représente, puisque leur défenseur, Jacques Vergès, est mort en août 2013.

«Non seulement ils nient les faits, mais ils sont aussi complètement anéantis qu'une ordonnance ait été rendue juste sur la base de témoins, tous issus de Relizane ou des environs, et qui sont tous des sympathisants ou des membres du GIA-FIS», a déclaré leur avocate Khadija Aoudia. «Ils étaient membres du groupe de légitime défense de Relizane, ils se sont battus selon leurs convictions contre le terrorisme, représenté à l'époque par le GIA», a poursuivi leur avocate.

Les faits pour lesquels ils sont poursuivis auraient été commis dans la région de Relizane dans les années 90. C'est en 2003, sur plainte de la FIDH et la LDH, qu'une information judiciaire avait été ouverte en France contre ces deux hommes. Selon ces associations, les deux frères «étaient à la tête des milices de la ville (...) et opéraient à visage découvert, ce qui a permis aux parents des victimes de les reconnaître formellement». «On a bon espoir qu'on s'achemine désormais vers un procès», a déclaré à l'AFP l'avocate Clémence Bectarte, du groupe d'action judiciaire de la FIDH. «C'est la première fois dans l'histoire que des Algériens vont être jugés pour des crimes commis durant les années noires en Algérie», s'est félicité le président d'honneur de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), Patrick Baudouin, dans un communiqué commun de la FIDH, de la Ligue des droits de l'homme (LDH) et du Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA), qui ont annoncé conjointement ce procès devant les assises de Nîmes (sud de la France).

Etablis à Nîmes en 1998, les deux frères y travaillent comme agents de sécurité. Ils ont été mis en examen en 2004 par la justice française pour actes de «torture», «barbarie» et «crimes contre l'humanité». Ils sont notamment accusés par les associations de défense des droits de l'homme, dont la FIDH, sur plainte de Mohamed Smain, alors dirigeant de la section de Relizane de la Fédération algérienne des droits de l'homme, de «tortures» et «exécutions sommaires».

L'OMBRE DE MOHAMED SMAIN

La plainte de Smain a été lancée en France par la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) et ses avocats parisiens Patrick Baudoin et Clémence Bectarte.

L'enquête du parquet de Nîmes dure depuis 2004 sur la base des accusations de la section de Relizane de la Fédération algérienne des droits de l'homme, après la découverte, selon la FIDH, de charniers dans les montagnes de la région en 1998.

Le dossier de cette affaire qui remonte aux années 1990 au plus fort du terrorisme en Algérie, a été relancé en 2011, lorsque l'avant-dernier juge d'instruction chargé de l'affaire avait signifié la fin de son enquête, n'attendant plus que les réquisitions du parquet pour décider ou non du renvoi d'Abdelkader et Hocine Mohamed devant une cour d'assises.

Selon la presse française, la précision et la concordance des récits présentés par les victimes, aux associations humanitaires, des deux hommes ont fondé les mises en examen des deux frères, en dépit de leurs dénégations constantes devant les juges nîmois et le soupçon de «subornation de témoins», qu'avait mis en avant leur avocat, aujourd'hui décédé, Jacques Vergès.