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Gaz de schiste : L'onde de contestation se propage    

par Sofiane M.

Le mouvement citoyen anti-gaz de schiste enclenché le 31 décembre dernier par les habitants d'In Salah prend de l'ampleur.

L'onde de contestation se propage désormais dans toute la région orientale du Sahara à commencer par le chef-lieu de la wilaya de Tamanrasset où des centaines de jeunes (près de 400 selon un journaliste de l'APS) ont manifesté devant le siège de la wilaya pour exiger la fermeture du premier forage pilote de gaz de schiste dans le bassin d'Ahnet (In Salah). «Les étudiants protestent et réclament l'arrêt du projet», «non au gaz de schiste»... sont parmi les slogans brandis par les manifestants.

Les jeunes contestataires s'étaient, dans une première étape, rassemblés devant le siège de la commune de Tamanrasset, avant de se diriger vers celui de la wilaya. Selon un manifestant, «cette action de protestation sera poursuivie jusqu'à obtenir la suspension de l'opération d'exploitation du gaz de schiste dans la région d'In Salah», en raison de ce qu'elle engendre comme «menace sur l'environnement». Un autre rassemblement de citoyens a eu lieu également durant la même journée devant le siège de la daïra d'In Salah (près de 700 km au nord de Tamanrasset), dans le cadre de la même action de protestation, entraînant ainsi la paralysie quasi totale de la ville, selon un responsable local.

Les pouvoirs publics qui ont essayé, dans un premier temps, de minimiser la portée du mouvement citoyen anti-gaz de schiste semblent finalement prendre conscience que la situation est susceptible de déraper dans les prochains jours. Après avoir opté pour la solution sécuritaire (des renforts aéroportés ont été envoyés au début de la semaine à In Salah) dans l'espoir d'étouffer ce mouvement dans l'œuf ou au moins contenir la contestation dans cette ville, les pouvoirs publics commencent peu à peu à peser les risques du «tout sécuritaire».

Le wali de Tamanrasset, Mahmoud Djamaa, s'est déplacé lundi à In Salah pour rencontrer les représentants de la population locale et tenter de parvenir avec eux à un accord sur la question, susceptible de mettre fin à cette action de protestation qui secoue la ville.

Tout porte à croire que les pouvoirs publics ne vont pas lésiner sur les moyens pour apaiser les esprits dans cette ville. Ils devront encore une fois promettre des emplois, des aides, des subventions, des terrains et des logements sociaux à la population pour casser ce mouvement citoyen. Une pratique qui a fait ses preuves dans le passé. La compagnie nationale des hydrocarbures devra recruter des jeunes de la région pour briser l'élan de la contestation. Et si le recrutement de quelques centaines de jeunes chômeurs ne suffira pas à briser ce mouvement, le pire scénario pour les pouvoirs publics est de reporter l'exploitation du gaz de schiste quelques mois avant de relancer le projet. Le gouvernement a plus d'un tour dans son sac.