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Le président du Conseil consultatif de la PME alerte : «La cagnotte a commencé à fondre»

par El-Houari Dilmi

« Face à la chute constante des prix du pétrole, l'Algérie est acculée et n'a plus le choix. Nous devons absolument prendre des mesures de redressement et aller de l'avant, sinon nous courons vers la catastrophe», a alerté hier, au micro de la Chaîne III, M. Zaïm Bensaci, président du Conseil consultatif pour la promotion de la petite et moyenne entreprise.

En effet, sur un ton alarmiste, l'invité de la radio a jugé que «la transition économique hors hydrocarbures devrait se faire maintenant et s'éloigner au plus tôt du malheur de la rente pétro-gazière, sinon, il sera trop tard», a-t-il prévenu. En raison de la chute du prix du brut, «la cagnotte a commencé à fondre», a alerté Zaïm Bensaci. Chiffres à l'appui, le président du Conseil consultatif pour la promotion de la petite et moyenne entreprise parlera de 197 milliards de dollars engrangés par l'Algérie, jusqu'à 2013. «Nous en sommes, actuellement, à 172 milliards de dollars, d'où la nécessité impérative de prendre des mesures pour diversifier l'économie», a-t-il plaidé.

Pour redresser la situation, l'invité de la radio proposera «de revoir le rythme des dépenses et diversifier l'économie en axant les efforts sur le développement des entreprises, seules à même de créer de l'emploi et de la richesse». Des projections faites, lors des cinq dernières années, visant à faire passer le nombre des entreprises de 700.000 à quelque 2 millions, M. Zaïm Bensaci a exprimé ses regrets que «ce chiffre n'ait pas été atteint», ajoutant que pour redresser la barre, «il faut exploiter tous les créneaux, notamment dans la sous-traitance et les services». Pour «compenser les 78 milliards d'importations minant notre économie, il va être très difficile d'arriver à un équilibre, sauf à développer tous les moyens dans tous les domaines, afin de favoriser la production nationale», a-t-il alerté. Parlant de «graves dérives», l'invité de la radio a pointé du doigt des sociétés, y compris de statut public, «qui continuent à importer des produits étrangers, alors que ceux-ci sont fabriqués sur place», a-t-il indiqué. «Le décollage économique du pays doit aussi passer par le développement local», a encore expliqué l'invité de la Chaîne III, ajoutant que «là est la grande priorité des pouvoirs publics».

Exprimant sa satisfaction vis-à-vis de la politique du gouvernement actuel, Zaïm Bensaci a estimé que «la stratégie industrielle mise en branle par le gouvernement est en train de faire évoluer les choses à travers, notamment, les instruments destinés à mettre en synergie des donneurs d'ordres et des sous-traitants, pour booster les exportations». Le président du Conseil consultatif de la PME a également suggéré «d'observer une halte pour dresser un bilan d'étape de ce qui a été réalisé au titre de cette stratégie». Explicitant sa pensée, Bensaci expliquera que si les objectifs escomptés n'ont pas été atteints, «il faut, avant de parler de compétitivité, passer par une mise à niveau du Fonds d'aide aux entreprises et, pour assainir l'environnement des affaires, traiter la question de la bureaucratie qu'on n'est pas encore arrivé à juguler.

Commentant «l'acte d'investir», Zaïm Bensaci a estimé que «l'Etat souverain doit pleinement jouer son rôle de régulateur en prenant soin de laisser les opérateurs faire leur choix dans les domaines d'activités choisis par eux». Selon lui, il y a «trop d'Etat dans la gestion de l'économie, considérant nécessaire que chacun soit dans son rôle, tout en maintenant un cadre de concertation permanent».