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Violence dans les stades : quel remède ?

par A. Mallem

« Il faut essayer de sortir des sentiers battus, de quitter la sphère de la théorie pour élaborer des solutions pratiques applicables immédiatement sur le terrain de la lutte. Car le phénomène récurrent de la violence dans les stades ne date pas d'aujourd'hui, comme il n'est pas propre à notre pays et se manifeste dans tous les pays du monde», ont déclaré en substance les organisateurs du séminaire de deux jours qui a été ouvert, hier, au niveau de l'Institut national supérieur de formation des cadres de la jeunesse et des sports (INFS/CJS) de Constantine.

La manifestation, prévue sur quatre séances plénières et des ateliers de travail, est animée par un panel de spécialistes universitaires, de psychologues, des experts de la communication ainsi que des représentants de la sûreté nationale et sera couronnée par des recommandations d'ordre pratique permettant de mener des actions efficaces pour endiguer la violence dans le sport qui vient de s'exprimer dernièrement dans nos stades. «Le phénomène de la violence dans les stades doit être examiné, disséqué et expliqué sous tous ses aspects. Le moteur psychologique de cette violence, ses motivations, ses facteurs provocants, etc., seront débattus au cours des trois séances indiquées.

Et les premières communications données le matin du premier jour par les intervenants n'ont pas manqué de poser les termes de la problématique à travers une multitude de questions sur les facteurs générateurs de violence dans les arènes sportives. Un communicateur a cherché à situer le comportement agressif des spectateurs et des joueurs de football dans des décisions arbitrales, souvent mal comprises par les uns et les autres, en considérant que ces décisions agissent généralement comme le principal facteur déclenchant de la violence chez les uns et chez les autres. Et de conclure que la réaction agressive provient autant d'un manque d'éducation sportive que de l'ignorance totale des lois du jeu par les deux acteurs, les joueurs et les spectateurs. Et c'est ainsi que les arbitres ont été placés, à leur corps défendant, au centre du débat à travers la citation de certains exemples assez connus au niveau national et international. «Les décisions arbitrales mal comprises, mais aussi la nature des rencontres qui renferment de fortes charges émotionnelles, comme les rencontres de prestige, les derbys, les rencontres décisives et déterminantes pour l'avenir des équipes en compétition. Autant de facteurs psychologiques qui engendrent la violence», a dit le conférencier.

Et un autre de considérer qu'il faut une large mobilisation, en amont et en aval, de tous les acteurs, la coordination des efforts avec les services chargés de la sécurité dans les stades, pour espérer arriver au moins à endiguer cette violence qui, à la longue, risque de devenir une culture et un moyen d'expression pour la jeunesse. Et un participant au séminaire de penser que la lutte sera difficile et les résultats incertains tant que les moyens pour la mener et les terrains sur lesquels elle doit se dérouler ne seront pas définis avec précisions. « Le terrain, c'est toute la société, la famille, les institutions d'éducation et de formation, et les moyens sont multiples et divers», a-t-il considéré. Et ce débat intéressant s'est poursuivi et se poursuivra aujourd'hui dans les séances plénières et se terminera par des recommandations qui, les organisateurs l'espèrent, pourront déclencher une prise de conscience à une échelle globale et lancer les jalons d'une lutte permanente contre le phénomène de la violence dans les stades. Exprimant un sentiment pessimiste sur l'avenir, un autre participant fera remarquer que, par le passé, les associations et la pratique sportive étaient conçues comme des écoles d'éducation. Le résultat importait peu. « Mais maintenant, tout a été pourri par l'argent. Et c'est le résultat qui compte le plus. Voilà la source du mal ! », a-t-il conclu.