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Quand l'Europe attaque

par Moncef Wafi

Alger vue par Bruxelles ne donne vraiment pas des gages de sécurité et l'Europe de craindre un scénario à la libyenne à ses fenêtres. Les parlementaires européens n'ont pas caché leurs appréhensions de voir l'Algérie naviguer sans cap politique et économique précis et ils le font savoir. L'UE premier partenaire du pays s'inquiète de la situation actuelle d'Alger et pose les questions qui fâchent. Lors d'une visite aux institutions de l'UE organisée au profit de la presse algérienne, l'occasion était grande pour les députés européens de faire passer le message. Un message qui trahit l'inquiétude de Bruxelles devant l'absence d'alternative politique, de la restriction des libertés et de l'avenir proche du pays. La voie économique, elle non plus, n'échappe pas aux critiques de l'Europe qui essaye de décrypter les choix algériens et le fameux 49/51. L'UE veut que l'Algérie diversifie son économie, une option déjà engagée par les Algériens obligés de chercher d'autres ressources en dehors de celles des hydrocarbures, une nécessité dans l'urgence avec l'effondrement des prix du baril du pétrole. Des critiques prononcées mais en off record qui restent sujettes à discussion ce qui a fait réagir Alger si l'on se réfère à l'information mise en ligne par le site électronique TSA qui fait parler une source diplomatique algérienne qui affirme qu'Alger «n'accepte pas que l'Union européenne ou une autre partie s'immisce» dans ses affaires internes et qui trouve étonnant le canal choisi par les diplomates européens pour faire passer leurs critiques en s'exprimant «d'une façon informelle dans la presse». Tout en se disant prêt à dialoguer avec Bruxelles mais à travers les canaux conventionnels, la même source affirme que si Alger est ainsi attaquée par l'Europe c'est qu'elle refuse de cautionner une politique européenne dans la région qui va à l'encontre des intérêts du pays. Pourtant, et à voir de plus près, si l'Algérie a essuyé, même officieusement, un tir de barrage de Bruxelles c'est que la situation interne n'est pas cette image policée que veut renvoyer le pays, à ses partenaires à l'extérieur, et qu'elle a été écornée avec tous les événements vécus par l'Algérie. On sait, l'Europe pragmatique et peu regardante quand il s'agit de ses propres intérêts, mais c'est justement quand ces mêmes intérêts peuvent être menacés qu'elle réagit. Cette instabilité que renvoie l'image d'un pays qu'on dit sans président a fait réagir les Européens qui ont fait passer le message à travers des indiscrétions voulues et orchestrées. Les déclarations des diplomates aussi chevronnés que ceux de l'UE ont été faites, même en off records, pour être reprises par la presse algérienne. Et apparemment le message est bien passé.