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SAIDA: Ces milliards qui dorment !

par Tahar Diab

Après leur 2ème rencontre avec le wali, les entrepreneurs n'ont pas manqué de vider leur sac, dans la salle de conférences, en cette fin de week-end. Invités à tirer profit d'un fonds d'investissements, inexploité depuis 3 ans et estimé à 100 milliards de centimes, le sujet, pourtant d'intérêt, a débordé sur les inextricables tractations administratives dont les conséquences ont engendré des faillites, causes des projets inachevés et une main-d'œuvre grossissant la masse des chômeurs. L'intervention du directeur de la BEA a été axée sur les modalités administratives d'accès à ces crédits de 3 à 5 milliards de centimes, par opération, (avec possibilité de rallonges) où s'implique la banque jusqu'à 49%, par contrat notarié avec ses partenaires, durant les 3 premières années. Ces crédits alloués sont destinés, principalement, à l'acquisition de moyens matériels qui font défaut car devenus indispensables à une entreprise soucieuse de s'acquitter, honorablement, des marchés contractés.

Mais cette mesure d'encouragement, parmi tant d'autres, dira le wali, nécessite des regroupements d'entreprises pouvant rassembler leurs capitaux et tous leurs moyens matériels qui, seuls, les propulsent à la hauteur de la concurrence, vis-à-vis des entreprises étrangères qui continuent d'arracher tous les gros marchés, grâce à l'envergure de leurs interventions dont, notamment, à leur organisation planifiée.

Citant, à titre d'exemple, l'inexistence de grues, dans tous les chantiers des locaux, M. Saïd Meziane insistera sur le management et invitera la Chambre de Commerce et de l'Industrie à organiser des visites guidées auprès d'entreprises étrangères pour s'imprégner de la stratégie à leurs réussites. Comme il invitera les organismes d'Etat à organiser des sorties similaires, à la cité ?Salam', surtout pour relever, de visu « tout ce qu'il fallait éviter auparavant ».

Pour les 2.500 logements inscrits et qui n'ont pas trouvé preneurs à la hauteur, et dans l'objectif de pouvoir avantager nos entreprises à réaliser des quotas de 400 à 500 unités par daïra, le wali rappelle l'opportunité de ces regroupements (comme à l'instar de celui des architectes) qui doivent, au départ, se constituer par affinités, en unissant la complémentarité de tous leurs moyens.

L'autre sujet, préoccupant pour les entrepreneurs, découle de la récente décision du ministère des Finances, visant à les soulager par l'effacement de pénalités de retard, en plus du rééchelonnement de leur régularisation du principal . Mais cette initiative salvatrice est presque mort-née dès sa parution, obstruant, ainsi, la main levée.

 Les opérateurs souhaitent être considérés comme de véritables partenaires et mettent en exergue les lenteurs inexplicables du règlement de leurs situations financières qui leur permettent de mieux respirer, en temps voulu, disent-ils, face à l'intransigeance du fisc, de la Cacobatro et des emprunts contractés dont les chèques non approvisionnés peuvent conduire leurs auteurs à visiter la prison, sans autre forme de procès.

A signaler, par ailleurs, une charge illégale obligeant le réalisateur du projet réceptionné à en assurer le gardiennage jusqu'à son attribution qui se prolonge, parfois, sur plusieurs années?

Pour contourner tous ces problèmes, et bien d'autres, qui ont fait sortir de ses gonds, le chef de l'exécutif, il a été décidé, à partir de la semaine en cours, de réunir les entrepreneurs avec les maîtres d'ouvrages et leurs responsables techniques des suivis et surtout les contrôleurs financiers, dans l'objectif d'assainir toutes les situations, en suspens, en s'attachant à des réunions périodiques rapprochées.

Revenant au plan de rattrapage convoité par le wali qui poursuivra, en faisant intervenir le directeur de la BEA, la mise à niveau peut être, également, soutenue par la filiale du leasing pour la «location-acquisition» de moyens de réalisation. La BEA joue la médiation avec une participation financière de 4 à 9%, jusqu'à concurrence de 5 milliards de centimes, par opération, mais il revient à l'entreprise de négocier, directement, avec les grandes entreprises de réalisation, des moyens matériels.

Devant l'opacité de cette opération, beaucoup d'opérateurs hésitent encore, la qualifiant de duperie car, au final, disent-ils, certaines locations prolongées dépassent le coût de revient de l'engin.

En revenant aux problèmes sociopolitiques, le wali dira que les retards d'attributions de logements incombent aux entreprises et non au wali qui, malgré ses larges prérogatives, n'a pas droit de regard dans les domaines de la Justice, des Impôts, de la pédagogie mais surtout les contrôles budgétaires et/ou financiers.

Faisant le parallèle avec les avantages accordés aux chantiers étrangers (branchements prioritaires en eau , électricité ?) les entrepreneurs s'engagent, en rappelant qu'ils sont capables de relever le défi, s'ils arrivaient à obtenir le même alignement, notamment pour les coûts de divers articles, car ce ne serait que faire, équitablement, justice au profit d'entreprises nationales pérennes. Pour mettre un terme à la renaissance répétée d'avenants qui repoussent comme des champignons vénéneux, financièrement, pour le Trésor public, il a décidé de faire décortiquer tous les cahiers de charges auprès d'une cellule diligente au Secrétariat général, avant leur diffusion.