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Algérie-France : Un «agenda concret» pour plus de pragmatisme

par Yazid Alilat

Alger et Paris ont franchi jeudi dernier une nouvelle étape dans la construction d'une coopération profonde, sincère et mutuellement bénéfique.

Les déclarations des officiels des deux pays, dont celles des deux Premiers ministres à l'occasion de la tenue jeudi à Paris de la seconde session du comité intergouvernemental de haut niveau, ne laissent pas de doute sur ce rapprochement entre les deux pays. Bien sûr, le pragmatisme prévaut toujours dans ce domaine, puisque neuf accords ont été signés à l'issue de cette session, et se rapportant notamment à la formation dans le secteur de l'énergie, dans le domaine du nucléaire à des fins civiles, l'agriculture, la recherche scientifique et la coopération de défense.

Dans le sillage de l'inauguration en grande pompe le mois dernier à Oran de la première usine Renault en Algérie, la coopération entre Alger et Paris a pris tous les contours d'une relation d'excellence, que confirment en fait les propos des officiels français et algériens. «La vision partagée en Algérie et en France d'ouvrir tous les dossiers bilatéraux qu'ils soient économiques, culturels ou liés à notre mémoire commune, a permis de dissiper les malentendus et de construire un climat de confiance, désormais socle de notre dialogue politique», a relevé M. Abdelmalek Sellal. Il a également rappelé la «disponibilité» de l'Algérie à encourager l'installation d'établissements scolaires français en Algérie et son souhait de voir s'implanter en France des structures algériennes culturelles et éducatives, mais réaffirmé que tous les sujets, y compris celui relatif à la « mémoire commune » et les essais nucléaires français dans le Sud algérien, ne sont plus aujourd'hui tabous.

A Paris comme à Alger, l'urgence du moment est de donner à cette belle dynamique de coopération « un agenda concret ». Pour le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, les relations entre les deux pays «sont au plus haut niveau et nous en sommes extrêmement satisfaits». Il poursuit : « Sur le plan politique, nos approches sont, en général, les mêmes concernant les questions internationales », estimant que sur le plan économique les deux pays progressaient «énormément». Le Premier ministre français Manuel Valls, qui a relevé l'excellente coopération dans le domaine judiciaire entre Alger et Paris, a estimé que « beaucoup de choses ont été accomplies et le dialogue se poursuit à un niveau très étroit » entre les deux pays. « Je retiens que l'Algérie et la France regardent dans la même direction, celle de l'avenir », a-t-il affirmé.

Pour autant, les deux délégations n'ont pas mis sous le boisseau le dossier de la coopération en matière de lutte contre le terrorisme, ainsi que le règlement des crises malienne et libyenne. Sur le plan sécuritaire, ''nous avons abordé l'ensemble des problèmes de la région et de la sous-région et même les problématiques qui se posent au Moyen-Orient où il y a une identité de vues sur la vision et sur la manière d'aborder les problèmes», a expliqué M. Sellal lors de la traditionnelle conférence de presse de fin des travaux animée avec son homologue français. ?'Ce qui est sûr, c'est que nous recherchons la paix et l'Algérie travaille de concert avec le partenaire français notamment en ce qui concerne la sous-région et nous sommes certains qu'avec cette coopération nous allons aboutir», a-t-il dit. Et, plus concrètement, les dossiers de l'assassinat des moines trappistes de Tibhirine en 1996 et celui d'Hervé Gourdel en septembre dernier ont été évidemment abordés. Manuel Valls a relevé ainsi, sans doute pour couper court à certaines rumeurs sur une prétendue non coopération des autorités judiciaires algériennes, que les autorités judiciaires des deux pays «coopèrent d'une manière positive».