Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le casse-tête des déchets hospitaliers

par A. Mallem

Le processus et les procédés de gestion des déchets hospitaliers au sein des structures de santé sont toujours décriés par les citoyens qui s'en plaignent ou qui signalent leurs défaillances.

En marge d'une rencontre médicale organisée jeudi au Chu Benbadis de Constantine pour célébrer la journée internationale de lutte contre le sida, nous avons rencontré des citoyens qui ont manifesté leurs inquiétudes à propos des dangers sur la santé et l'environnement dans le sillage des opérations d'incinération des déchets hospitaliers. D'autres ont émis des doutes sur la bonne manipulation de ces déchets dans les services hospitaliers.

Dans ce cadre, un responsable de l'hôpital Mohamed Boudiaf d'El-Khroub a signalé que des riverains de cette structure hospitalière ont attaqué à coup de pierres le personnel en activité près de l'incinérateur de la structure à cause de la fumée qu'il dégage et qui est produite par l'opération d'incinération des déchets hospitaliers, pensant que cette fumée est nocive pour leur santé et pour l'environnement.

« Nous souffrons de cette situation, a-t-il dit, pourtant la fumée des incinérateurs est absolument inoffensive ». D'autres citoyens de Constantine ont signalé le même phénomène au niveau du Chu Benbadis par l'incinération qui se fait à proximité de la maternité. « La fumée dégagée se répand à l'intérieur de la structure et parvient chez les parturientes et les nourrissons. Est-ce que c'est normal ? », se sont-ils interrogés. Des préoccupations du même genre ont été exprimées par de nombreux citoyens et des membres du personnel hospitalier qui ont émis des doutes sur la méthode de gestion utilisée au Chu Benbadis de Constantine en liant le problème au manque de formation du personnel qui manipule les déchets.

Toutes ces préoccupations ont été portées à la connaissance du directeur de la communication du centre hospitalo-universitaire Benbadis de Constantine, M. Aziz Kaabouche, qui commencera d'abord par nous informer que sa structure a passé contrat pour l'acquisition d'un « banaliseur », un gros appareil doté d'une technologie nouvelle, qui utilise la technique de broyage des déchets hospitaliers. « Par cette technique nous allons régler une fois pour toutes le problème de la gestion des déchets hospitaliers ». Et notre interlocuteur de poursuivre en expliquant que cette nouvelle acquisition va être installée « très bientôt au niveau du Chu, et à partir de là, la méthode de gestion qui se fait aujourd'hui par les incinérateurs ne sera plus d'actualité ».

Toutefois, d'autres spécialistes du domaine de l'incinération, interrogés sur le sujet, ont vite fait de tempérer cet enthousiasme en révélant que le banaliseur tant vanté ne constitue nullement la panacée pour la gestion des déchets hospitaliers. Selon eux, cet appareil ne peut régler le danger présenté par ces déchets que dans la proportion de 20%, que les incinérateurs ne deviendront pas caducs et ils seront même plus indispensables dans un proche avenir quand ils seront équipés de catalyseurs qui vont améliorer grandement l'opération d'incinération.

Sur un autre plan, le même responsable du CHU a affirmé que l'hygiène hospitalière constitue actuellement un credo pour les autorités de tutelles qui accordent une grande place à la formation du personnel qui manipule les déchets à la source. Et d'ajouter que des inspections inopinées sont faites dans les unités sanitaires pour vérifier si les consignes sont respectées. Chose qui a été confirmée par des représentants de la direction de la santé de la wilaya.

Parmi les tonnes de déchets journaliers dégagés par l'activité de soins dans les 54 services du Chu de Constantine, il y a en a qui présentent des risques chimiques et bactériologiques, les déchets anatomiques. Ces deux premiers sont brûlés dans les incinérateurs. La troisième catégorie des déchets est ce qu'on appelle les déchets ordinaires qui proviennent des services administratifs, des cuisines, etc., et ils sont ramassés par les services d'hygiène de la commune pour être versés dans les dépotoirs publics. « Il n'y a rien à craindre de ce côté-là, a affirmé M. Kaabouche. Le Chu a passé convention avec un opérateur de Aïn M'lila dont les ouvriers viennent chaque matin prendre les déchets en question, triés par le personnel concerné et placés dans des sachets de différentes couleurs, pour les incinérer.» D'autre part, a-t-il poursuivi, « les chefs de services et les paramédicaux subissent une formation dans l'hygiène hospitalière ».