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Présidentielle tunisienne : La bataille du second tour a déjà commencé

par Moncef Wafi

Alors que les résultats officiels du scrutin ne sont pas encore connus, la bataille pour le second tour a déjà commencé entre les partisans des deux candidats, le président sortant, Moncef Marzouki, et le vainqueur des législatives, Béji Caïd Essebsi. Des chiffres et des statistiques sont publiés alors que l'instance chargée d'organiser les élections, l'ISIE, a jusqu'à demain pour communiquer les résultats officiels du premier tour. Pour l'instant, on ne connaît que les chiffres de la participation qui s'est élevée à 64,6% des inscrits (hors circonscriptions à l'étranger), ce que son président Chafik Sarsar a jugé d'«honorable». En attendant, ce sont les deux équipes de campagne des principaux favoris qui se sont adonnées au jeu des statistiques puisque le clan de M. Caïd Essebsi annonçait, à la fermeture des urnes, que le chef de file de Nidaa Tounès était «le premier de la course et avec un écart important», évoquant près de 50% des suffrages. Des estimations aussitôt contestées par l'équipe adverse qui parle, quant à elle, d'un écart beaucoup plus réduit, voire d'une avance du président sortant avec 2 à 4%, selon les partisans de Marzouki. Les deux parties estiment, par ailleurs, que la publication des sondages, pourtant interdits par la loi électorale tunisienne, était plus une tentative d'influer sur le second tour qui doit se tenir en décembre prochain. Un tour qui a déjà commencé avec l'échange d'amabilités et d'accusations puisque l'équipe de campagne de Marzouki a assuré que des partisans de Béji Caïd Essebsi (BCE) avaient voulu l'attaquer devant son bureau de vote. De son côté, le directeur de campagne de BCE a accusé le président sortant de s'être fait l'allié «des salafistes djihadistes pendant sa campagne», certainement en réponse à la ligne de conduite de Marzouki pendant la campagne électorale faisant de sa candidature un rempart contre la contre-révolution menée par BCE.

Le président sortant a exhorté, au soir du premier tour, les démocrates à voter pour lui pour contrer M. Essebsi. «Je leur demande de s'unir autour de leur candidat. Je suis devenu leur candidat naturel», dira-t-il, appelant à «rompre avec le passé, pour une vraie société civile, pour un équilibre des pouvoirs». Le grand favori de la présidentielle de dimanche, Béji Caïd Essebsi, a accusé le lendemain Marzouki d'être le candidat des islamistes et des «salafistes djihadistes» alors même qu'Ennahda s'est abstenue de donner des consignes de vote. Une attaque frontale qui se cristallise dans la réponse de BCE à une question d'un journaliste qui lui demandait si M. Marzouki était «à la solde des islamistes», M. Caïd Essebsi lui répondra : «Bien entendu». Pour lui, le second tour se jouera entre «les islamistes d'un côté et puis tous les démocrates et les non islamistes de l'autre».

Une déclaration qui appelle à des consignes de vote des autres candidats et plus particulièrement du troisième homme de la présidentielle, la figure de proue de la gauche, Hamma Hammami. Ce dernier indiquera que sa formation, le Front populaire, se réunira pour étudier une éventuelle consigne de vote pour le second tour. Rappelons que près de 5,3 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes un mois après des législatives dont le caractère démocratique a été salué par la communauté internationale.