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Au cinquième jour de grève : Les usagers du tramway pris en otage

par A. Mallem

La grève des traminots de Constantine perdure et provoque une situation intenable chez les usagers. Hier au cinquième jour du débrayage lancé par les conducteurs de rames, aucun changement n'était intervenu. Cette situation met l'usager dans une mauvaise posture. Que l'on en juge par les réactions enregistrées, hier matin, tout au long de la ligne parmi des usagers empêtrés dans une file de voitures qui commence à Zouaghi pour ne plus en finir. « Nous sommes coincés et pris en otage par ce bras de fer engagé entre les grévistes et leur direction », a considéré un cadre de l'administration habitant à Zouaghi. Lui faisant écho, des automobilistes qui souffrent de la même situation, nous ont expliqué le calvaire qu'ils endurent quotidiennement à la suite de cette grève. « Nous avons pris l'habitude de nous passer de nos véhicules et prendre le tramway pour aller et venir entre vers la ville. Mais jeudi dernier, avec la grève surprise déclenchée par les travailleurs du tramway, nous les avons ressortis. Et voilà le résultat, problème de circulation et casse-tête pour dénicher un coin de stationnement en ville ! ». Et d'ajouter que l'encombrement de la circulation s'est aggravé sur cet axe après l'ouverture de la ligne de bus et de taxis inter wilayas qui a été aménagée à la zone industrielle Palma.

Plus bas, à Djenane Ezzitoune par où transitent tous les bus de transport universitaire se dirigeant vers les universités Mentouri, Abdelhamid Mehri et l'UC3, c'est la même situation. Dès 8h du matin, les étudiants, entassés dans les bus, se trouvent complètement bloqués dans une circulation inextricable. Nombreux aussi sont ceux de leurs collègues qui, faute de moyens de transport, se rendent à pied au campus Mentouri. « Cela devient franchement intenable ! », nous ont confié des étudiantes.

 Sur le plan économique, le manque à gagner durant les cinq jours de l'arrêt de travail qui a débuté, rappelons-le, jeudi dernier 13 novembre, se chiffre par centaines de millions de centimes. « Au cours de la semaine précédant la grève, tout de suite après l'ouverture de la station des bus et taxis inter wilayas de la zone industrielle Palma, nous ont confié hier de travailleurs de Sétram, tout le monde s'est rué sur le tramway et les chiffres d'affaires réalisés chaque jour par l'exploitation ont atteint des pics, allant jusqu'à 125 millions de centimes la journée. Et la tendance était à l'augmentation ».

Le simple citoyen, lui, qui s'est habitué au tramway pour ses déplacements, s'interroge sur les tenants et les aboutissants de cette grève. « Il est étonnant que la direction de Sétram n'ait pas bougé pour prendre langue avec les grévistes, écouter leurs revendications, essayer de trouver un terrain d'entente pour arriver rapidement à une reprise du travail salutaire pour tous », nous ont confié aussi des usagers.

 Nous sommes revenus hier auprès des grévistes pour constater que la situation n'a pas changé pour l'essentiel, et la grève continue. « Mais, nous ont-ils déclaré, nous avons reçu dans l'après-midi la visite de membres de la section syndicale UGTA qui sont venus nous proposer de nous représenter auprès de la direction de Sétram de Constantine pour engager le dialogue sur nos revendications. Ce qui signifie clairement que l'administration a eu l'aval de la hiérarchie pour discuter avec nous. Cela implique que le PDG de Sétram ne viendra pas à Constantine pour nous rencontrer. Nous avons récusé les membres de la section syndicale en leur rappelant que nous leur avions retiré notre confiance il y a trois mois de cela ».

Et les grévistes de proposer que la direction accepte de recevoir trois délégués pour engager le dialogue ou bien, le cas échéant, ils demandent à être représentés par le syndicat d'entreprise d'Alger. Dans un communiqué transmis à notre rédaction dans l'après-midi d'hier, le conseil syndical des travailleurs Setram de l'unité oranaise apporte son soutien indéfectible aux grévistes de l'unité de Constantine, non sans faire part de son indignation face à l'absence de dialogue pour trouver une solution aux problèmes soulevés par les travailleurs.