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SAÏDA: Boudiaf met en garde contre l'abus du recours au scanner

par Tahar Diab



Le ministre de la Santé, A. Boudiaf, a effectué une visite au niveau de trois daïras en plus du chef-lieu. Dans la daïra de Youb, il a visité la polyclinique comprenant également une maternité intégrée mais dépourvue de gynécologue. Le ministre de la Santé ne semblait pas satisfait de la maîtrise de gestion de cet établissement, allant jusqu'à rappeler ironiquement à son directeur s'il lui «arrivait d'utiliser encore le stéthoscope». Le nouvel hôpital de 60 lits affiche un taux de réalisation de 50% et devrait être livré l'année prochaine. Dans la daïra d'Aïn El-Hadjar, cette fois, l'ancienne polyclinique fut baptisée au nom du chahid Ouis Lakhdar. Son extension a permis de réaliser à 90%, en 12 mois, une maternité. Son ouverture imminente pose déjà le problème d'encadrement à cause des départs en retraite. A ce sujet et en attendant les sorties de promotions de paramédicaux, le ministre a autorisé la réutilisation volontaire des séniors par le biais de conventions. Là encore, Boudiaf soulignera à l'adresse du chef d'établissement que le ministre «vient vers vous pour vous écouter mais vous demande aussi de ne rien lui cacher pour lui permettre de vous solutionner vos problèmes».

Au chef-lieu de wilaya, et comme pour marquer l'urgence tant décriée de ce secteur «malade auparavant», comme le soulignera le ministre à la réunion de clôture, le service des urgences, fonctionnel depuis 8 mois seulement, semble être saturé pour diverses raisons. Avec un encadrement renforcé par 16 généralistes, 42 paramédicaux, 7 laborantins, 11 pour la radio, 10 auxiliaires médicaux en anesthésie et réanimation et 3 secrétaires médicaux, ce «grand service des pauvres» dispose de 2 salles opératoires, 14 lits d'observation et 14 lits d'hospitalisation. Pour leur part, les insuffisants rénaux dont un ancien maire sont venus se plaindre de la vétusté du matériel dont des générateurs de plus de vingt ans et qui souffrent de l'indisponibilité de la pièce de rechange pour leur maintenance. Tout en louant la bonne volonté de leurs médecins, ils signalent cependant la présence d'un seul infirmier dépassé pour suivre 16 hémodialysés.

L'étape la plus attendue de cette visite s'est déroulée dans la salle de réunion de la wilaya. Le ministre y a exposé exhaustivement la stratégie du domaine de la santé touchant aux réformes hospitalières déjà engagées et résumées en 24 points. A partir de ce diagnostic, il a été établi une feuille de route impliquant tous les partenaires pour la réussite de ces grands changements qui seront débattus lors de regroupements régionaux. Cette année étant consacrée à la pédagogie, s'ensuivra l'élaboration par chaque responsable d'un projet (largement concerté) de l'établissement et de s'assigner concrètement des objectifs où chacun devra rendre des comptes à son niveau pour réussir le contrat de performance. Il tient, par ailleurs, à rappeler sa disponibilité pleine et entière au dialogue ouvert avec les syndicats par le biais de ses directeurs centraux, de son secrétaire général et enfin son implication directe quand le problème relève de son niveau de décision?

En se référant à la Constitution qui garantit l'accès aux soins, le ministre rappelle que toute maladie structurelle retrouve sa guérison en corrélation avec la participation conjointe des élus, des citoyens et de la société civile qui doit s'engager à sensibiliser la société pour venir en aide au médecin lors de ses délicates missions.

Après avoir énuméré les différents cas d'insalubrité environnementale dont on doit se défaire pour nous réapproprier notre culture, le ministre annonce que 2015 sera consacrée année de l'hygiène. Boudiaf attire l'attention des gestionnaires que bon nombre de conflits internes ont souvent pour origine un manque d'information, comme le cas de directives ministérielles qui n'ont pas été explicitées, en citant le retard dans la régularisation des personnels. A l'endroit des diplômés utilisés dans le cadre du pré-emploi, le ministre appelle ses cadres à former ces jeunes à des postes proches de leurs profils afin de pouvoir les intégrer quand l'occasion se présente. A l'attention des praticiens de tous bords, le ministre lance un appel à tous les généralistes contre l'abus de prescription d'un contrôle par «le scanner qui n'est pas toujours bien conseillé» et que la nouvelle culture populaire l'interprète comme instrument guérisseur.

En revenant à la gestion des ressources humaines, le ministre répètera que le temps de la résistance est révolue, que son département est décidé d'aller jusqu'au bout pour la réussite des réformes en y mettant tous les moyens nécessaires car notre seule devise est de «toujours servir le malade jusqu'au bout car la santé n'a pas de couleur politique». A la préoccupation du président de l'APW sur la conversion de l'hôpital régional Ahmed Médeghri en CHU, le ministre rappellera que cet espoir demeure lié à la promotion d'une faculté de médecine avec un encadrement de choix.

Enfin, le soulagement est venu de l'annonce de l'inscription d'un hôpital à Balloul (60 lits), un complexe mère/enfant de 120 lits et l'octroi de 15 milliards de centimes pour le réaménagement de l'hôpital central, sans compter les équipements des 3 hôpitaux de daïras dont le troisième à Meftah Sidi Boubekeur.