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Saadani imperturbable face à ses contestataires

par Kharroubi Habib



Depuis que Amar Saadani est à la tête du FLN, il ne se passe pas une semaine sans que ses adversaires n'annoncent l'imminence de sa destitution en prétendant avoir réuni les conditions leur permettant d'engager l'opération. Prenant pour argent comptant les affirmations de ces milieux, une bonne partie de la presse dont Saadani est la tête de Turc s'en fait l'écho et bâtit sur elles une présentation de la situation à l'intérieur du FLN tendant à créditer leur véracité.

Imperturbable pourtant, le controversé patron du FLN renforce à l'évidence son autorité sur le parti en évinçant peu à peu ses adversaires ou contestataires potentiels de leurs postes de responsabilité au sein de l'appareil et dans ses instances dirigeantes. Il leur aurait été pourtant possible de le contrer en faisant avorter l'opération qu'il mène à leur détriment si comme ils le prétendent il ne disposerait pas de la majorité en sa faveur au sein du bureau politique, du comité central et à la base du parti. Cette majorité qu'ils revendiquent pour eux aurait dû leur permettre de convoquer l'instance dirigeante qu'est le comité central et procéder ainsi à sa destitution. Or les chefs de file de l'opposition anti-Saadani et principalement Abderrahmane Belayat qui se considère comme le coordinateur légal du bureau politique et à ce titre fondé en principe à convoquer une session du comité central, sont à l'évidence dans l'incapacité de réunir l'instance.

A part qu'ils promettent avec récurrence qu'ils sont prêts à atteindre cet objectif à une presse complaisamment convaincue de ce qu'ils lui racontent, les contestataires de Saadani n'ont fait nulle démonstration qu'ils sont en situation au sein du parti de faire échec à sa mainmise de plus en plus évidente sur l'appareil de celui-ci. Une incapacité que Saadani bien entendu présente comme la preuve que ses adversaires ne disposent d'aucune audience dans le parti et que leur mouvement de contestation se serait éteint de lui-même s'ils ne bénéficient pas de plumes complaisantes dans la presse qui moussent et enflent la moindre de leurs déclarations.

Amar Saadani a certes pris la succession de Belkhadem au secrétariat général du FLN dans des conditions qui entachent la légitimité dont il se prétend investi. Les griefs et accusations portés contre lui par ses contestataires sont à ce titre pour certains fondés. Il se trouve seulement que ceux qui les agitent contre lui ont tellement trempé dans les magouilles de déstabilisation qui ont cycliquement eu lieu dans le FLN qu'ils n'ont aucun crédit à la base et dans l'appareil de ce parti en prétendant animer un mouvement voué à le ramener à un fonctionnement et à des pratiques internes démocratiques excluant la prise à la hussarde par quiconque de son contrôle.

Ils se sont d'autant démonétisés qu'ayant été eux-mêmes parties prenantes dans des prises de contrôle des instances dirigeantes du FLN par des procédés tout aussi contestables qu'a été celui utilisé par Saadani et ses partisans. Pour certains d'ailleurs leur anti-saadanisme ne s'est exprimé qu'après avoir constaté qu'ils faisaient les frais de son intronisation à la tête du parti et du «renouvellement» qu'il est en train d'opérer dans son encadrement. L'on peut penser ce que l'on veut d'Amar Saadani mais se garder en même temps de présenter ses opposants comme des parangons du respect du règlement intérieur du FLN et les défenseurs de son fonctionnement démocratique.