Le commerce dans
la ville est essentiel, il peut la réinventer comme il peut en faire une ville
«fantôme», selon l'expression de M. Gharnaout, vice-président de l'association
«Afaq des commerçants de Cirta», qui a organisé jeudi dernier une journée
d'étude sur «la place du commerce dans la ville» au palais du Bey. Ville
fantôme, en effet, à l'instar de Constantine ces derniers temps où les
commerces commencent à fermer vers 16, 17 heures avec une réduction drastique
des activités autrefois très variées et riches, qui se limitent désormais aux
marchés de «Chaouarma» et rouleaux de tissus, à l'image de la rue Didouche
Mourad, ou ex-rue de France. En effet, dira-t-il, cette rue, qui était le cœur
battant du vieux rocher et restait animée jusqu'à 22 et 23 heures, n'est plus
que l'ombre de l'artère la plus longue et la plus commerçante, qu'elle était pour
la ville et dont se vantaient ses habitants.
Le président de
l'association a expliqué, pour sa part, que cette situation est le résultat de
comportements et réflexes hérités de la décennie noire et de l'insécurité qui y
a prévalu. Et d'affirmer, dans ce cadre, qu'il ressort de ses contacts avec les
marchands qu'il s'agit là d'habitudes, qui peuvent encore changer moyennant
l'existence du client et de la sécurité. «Dans ce cadre, ajoutera-t-il, nous
allons proposer à un certain nombre de commerçants de rester ouverts jusqu'à 20
et 21 heures, dans les grandes artères du centre-ville pour entraîner le déclic
auprès des autres qui suivront. En tout cas, il faut faire quelque chose avant
l'évènement culturel arabe que tout le monde attend pour avril prochain». L'universitaire
Med Ziane, qui a parlé de la sociologie du commerçant, a souligné que ce
dernier a une image dégradée et négative dans la société en général, affirmant,
dans ce sillage, qu'il revient à l'Etat de promouvoir les métiers et en
l'occurrence de rendre ses lettres de noblesse à l'activité commerciale. Et de
soulever, ensuite, le phénomène des activités commerciales dans le circuit
informel, dont il dira qu'il est temps de s'en occuper. D'autres intervenants
ont souligné les aspects négatifs qui sont la caractéristique actuelle de la
plupart des marchés ou des locaux commerciaux, à l'exemple de grandes hausses
de prix souvent non justifiées, de vente de produits avariés, non-respect de la
chaîne du froid pour le lait, etc.