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Ouverture du Congrès international féminin : Un conclave pour débattre du rôle et de la situation de la femme algérienne

par Mokhtaria Bensaâd



La parole a été donnée hier aux femmes, à l'ouverture du Congrès international féminin pour une culture de la paix, pour exprimer leur vécu et faire le point sur la situation de la femme algérienne dans une société partagée entre les principes de l'islam et la modernité. Organisée par l'Association internationale soufie Alawiyya (AISA), ONG internationale et par la Fondation Djanatu al-Arif au Centre des conventions d'Oran (CCIO), cette rencontre s'est voulue un espace de débat sur les valeurs véhiculées par les uns et les autres et les possibilités de construire la paix à travers la femme. Car, dit-on, la construction de la paix passe par la femme. Vivre ensemble dans la différence, préserver les droits des uns et des autres et bannir la discrimination entre les sexes, des principes qui semblent être partagés par la majorité des participants à cette rencontre et qui restent à concrétiser sur le terrain dans ce contexte où le débat est axé essentiellement sur l'islam et les droits des femmes. L'objectif de ce congrès, nous dira Mme Nadia Aït Zai, juriste, avocate, enseignante à la faculté de droit et membre du collectif Maghreb-égalité, est de «créer une organisation internationale féminine dont les valeurs sont claires parce que cela relève de la dimension de la tarika alawiya. Donc, des valeurs musulmanes. La construction de la paix passe par la femme est «une valeur», souligne la juriste, «partagée par tout le monde aussi bien à l'étranger que dans notre pays». Et pour vivre ensemble et construire en paix, il faut, estime Mme Zai, qu'à un moment donné, les valeurs des uns et des autres coïncident.

 Sur l'évolution de la femme, l'avocate estime que dans le cas de la femme algérienne, «on est dans une évolution de changement de notre arsenal juridique puisque c'est à partir de 2005 qu'on a vu le code de la famille modifié et des conventions nationales ratifiées. Le code de la nationalité a permis à la femme algérienne de transmettre sa nationalité. C'est un processus de modification des lois favorables aux femmes». Elle estime, cependant, que le code de la famille est un texte discriminatoire, source de violence à l'égard des femmes parce qu'il a hiérarchisé les sexes. Même s'il y a cette modification sur l'égalité des sexes dans la gestion du ménage, dans la réalité, dans la pratique et dans les comportements, rien n'a changé. Il y a un déphasage. La modification du code de la famille doit être suivie de politique publique sur le terrain, préparé par notre gouvernement pour que nos mentalités changent.

Un point positif sur le plan juridique est le code pénal, selon Mme Zai, qui a été modifié en février dernier et qui a criminalisé la discrimination. «Toute femme ou toute personne ou citoyen peut aller déposer plainte pour discrimination entre les sexes. Mais, il y a un bémol, dira-t-elle, «lorsque le code pénal a défini la discrimination, il a omis de mettre les droits civils. L'impact de cette omission est le fait qu'une femme ne peut pas aller déposer plainte pour une violation d'un droit».

L'autre bonne nouvelle pour les femmes est la reconnaissance de la qualité de victime de terrorisme aux femmes victimes de violence ou de viol durant la décennie noire. «Il y a un texte qui leur reconnaît leur qualité de victimes de terrorisme. C'est déjà important», souligne la juriste. «C'est un texte récent. Ces victimes ont même droit à une indemnisation. Quand il y a une réparation, il y a déjà une reconstruction de la femme».