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Un fair-play de bon augure pour la démocratie en Tunisie

par Kharroubi Habib

Les urnes ont rendu leur verdict en Tunisie. Preuve que le scrutin a été parfaitement transparent et régulier comme l'ont présenté les observateurs ayant supervisé son déroulement, le parti islamiste Ennahda, grand perdant de la joute électorale, a félicité son vainqueur le rassemblement Nidaa Tounes avant même que l'ISIE, l'instance élue et indépendante en charge des opérations électorales, ne proclame officiellement ses résultats. Ennahda à qu'il a été prêté les plus sombres desseins a fait preuve d'un fair-play que tout le monde s'est empressé de souligner.

Au lendemain du scrutin, il flotte dans le ciel tunisien un climat d'apaisement, de sérénité et d'espoir. Il est à espérer que la sagesse politique qui a permis que la Tunisie voisine négocie de la façon la plus responsable l'étape des élections législatives décisive dans le processus de consolidation de ses institutions démocratiques et de l'Etat de droit, sera encore au rendez-vous le 23 novembre prochain à l'occasion de l'élection présidentielle qui en sera le parachèvement.

L'euphorie suscitée par un scrutin réussi et de la victoire pour ses gagnants est pourtant appelée à se dissiper car ce qui attend ces derniers va mettre à rude épreuve le lien de confiance qu'ils ont tissé avec la majorité des électeurs ayant accordé ses voix. Deux défis sont à relever par l'équipe qui va avoir la charge de gouverner le pays : ramener la paix dans le pays mise à mal par les agissements d'activistes du terrorisme de la mouvance islamiste, et parallèlement engager le pays sur la voie de son redressement économique et partant sur l'amélioration des conditions sociales de la population tunisienne. Il est clair qu'en accédant au pouvoir, le Nidaa Tounes sera comptable aux yeux de ses compatriotes de ce qui va être entrepris sur les deux fronts.

Le mouvement fondé et dirigé par le vétéran de la politique en Tunisie, Beji Caïd Essebsi, a magistralement atteint l'objectif pour lequel celui-ci l'a créé : bouter hors du pouvoir le parti islamiste Ennahda dont le projet pour la Tunisie a divisé la société en étant porteur de risques conduisant à la régression des valeurs civilisationnelles qui sont les siennes. Né pour cet objectif, le Nidaa Tounes a ratissé large pour ce qui est de la composante en son sein. Ce qui en fait une formation hétéroclite dans laquelle ont cohabité pour la phase électorale des acteurs venus d'horizons différents, voire divergents en dehors de leur commune volonté de mettre fin à la prédominance politique dans le pays d'Ennahda et du courant islamiste.

Ce but atteint, Nidaa Tounes a-t-il un programme de gouvernement dont tous les volets agréeront ses composantes d'origines diverses ? Ce défi interne est celui que Beji Caïd Essebsi doit relever avant tout autre. Faire accepter par tous les segments de sa majorité électorale un programme de gouvernement a minima qui soit en même temps la réponse aux problèmes qui se posent au pays et au peuple tunisien, voilà à quoi va être immédiatement confronté le vieux leader politique.

Depuis qu'il s'est relancé dans l'arène politique, Essebsi a fait positivement la démonstration de sa compréhension des enjeux dont la Tunisie est le théâtre, et du pragmatisme dont il est doté pour faire avancer les solutions qui collent aux réalités tunisiennes. Espérons que parvenu à propulser sa formation au pouvoir, il saura en maintenir l'unité au moins le temps de remettre le pays sur les rails.