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Grève surprise à la poste

par A. Mallem

Jeudi dernier, les portes de la recette principale d'Algérie Poste de Constantine, situées en plein centre de la ville, sont restées fermée à cause d'une grève surprise déclenchée par les travailleurs des guichets, les facteurs et les agents travaillant à l'arrière des guichets, dont le nombre est estimé à 80.

Les usagers, qui sont restés dehors à attendre l'ouverture des portes, ont provoqué un brouhaha qui a attiré la grande foule devant le grand bâtiment de la poste qui fait face à la place 1er Novembre (place de la Brèche) et qui a fini par alerter les services de sécurité qui sont intervenus pour veiller uniquement au maintien de l'ordre et pour prévenir tout débordement.

Interrogés sur place à propos de l'objet de cet arrêt de travail, des travailleurs de la RP nous ont fait comprendre qu'ils venaient de déclencher un mouvement de protestation suivi d'un arrêt de travail par solidarité avec plusieurs de leurs collègues guichetiers qui ont été «injustement sanctionnés par la direction pour avoir exécuté les instructions de leur supérieur hiérarchique», ont-ils affirmé. Et de révéler ensuite que ce responsable, au rang d'inspecteur principal, a été limogé par la direction de wilaya d'AP. Ces informations nous ont été confirmées ensuite par le secrétaire général de la section syndicale de Constantine RP, M. Lebsir. Selon lui, «ces sanctions sont tout à fait arbitraires car elles ont été prononcées contre des agents qui n'ont fait qu'exécuter les instructions de leur désormais ex-responsable». Et d'indiquer que ce dernier a commis «une faute grave à l'unité postale qu'il dirigeait», signalant que le fautif est passé dernièrement devant le conseil de discipline et il a été licencié. «Mais les agents sanctionnés qui avaient effectué des heures supplémentaires avant et pendant les journées des fêtes de l'Aïd El-Adha, s'est indigné par contre notre interlocuteur, ont été surpris de recevoir des sanctions qui leur ont été infligées par la direction de wilaya. Ils ont refusé d'être en quelque sorte les victimes collatérales de la faute commise par leur responsable. La direction de wilaya d'AP avait considéré que les agents en question avaient commis des fautes professionnelles car ils auraient dû refuser d'exécuter les opérations qui leur ont été demandées par leur responsable hiérarchique». Et c'est pour protester contre ce qu'ils considèrent comme une injustice flagrante qu'ils ont décidé de déclencher subitement l'arrêt de travail et tous les agents de la RP ainsi que le syndicat se sont solidarisés avec eux. «Devant la paralysie de la recette, la direction de wilaya nous a saisis et nous avons engagé ce matin des négociations marathoniennes en présence de représentants de l'inspection du travail», a poursuivi le chef de la section syndicale, en indiquant que ces négociations ont abouti, au bout de 45 minutes, à l'annulation des sanctions, la suspension de la grève et la reprise du travail. «Selon nous, les agents sanctionnés n'avaient pas commis de fautes professionnelles comme le prétend la direction, et ils ont travaillé dans les règles de l'art. Pourquoi alors les sanctionner ? », s'est demandé M. Lebsir, tout en reprochant à l'administration de wilaya de négliger le partenaire social et de ne l'avoir pas consulté avant de prendre de telles sanctions.

«C'est un acte de gestion et je n'ai pas à consulter le partenaire social», a rétorqué le directeur de wilaya d'Algérie Poste, M. Doukhane, que nous avons rencontré dans son bureau jeudi matin. Estimant que le mouvement déclenché par les travailleurs résulte d'un simple malentendu, il a précisé toutefois que les sanctions ne sont pas annulées, mais seulement suspendues, car le dossier administratif de toute cette affaire est en cours de traitement au niveau des services hiérarchiques. Et en terminant, il a lancé, sans aucune précision, que «les fautes de service ne peuvent être passées sous silence. Et ceux dont la faute aura été reconnue à la lumière des règlements en cours seront sanctionnés ou rappelés à l'ordre».