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Une voix s'est
éteinte. La première à avoir, dans le temps, exhumé d'un terroir à peine
d'amnésie, un répertoire mélodieux. En compagnie de tout un panel de jeunes
talents à l'instar de Bekakchi , Ammar staifi, Gouffi, Allel, Abdleghani, Said
Menhentel et autres, Samir commençait déjà à faire de la chanson sétifienne, un
repère identitaire. Le «sraoui», genre de jérémiades, profondément, sociétales,
presque psalmodié tel un cri de douleur, en a fait un chantre pour que Samir
s'évertue à lui octroyer toute l'amplitude historique et artistique qui le
caractérisait. Es-Saâda et En-Nasr, deux groupes musicaux ayant fait les
prémices modernes du chant sétifien ont été les stimulateurs de pas mal de
détenteurs de dons. Abbès Rezig s'en trouve être, sans ambages, l'un des
précurseurs du mouvement culturel et musical alors, à peine balbutiant. Samir
avait la ville dans ses tripes. Casanier, auto-prisonnier de sa passion
citadine, il fréquentait les rues de Sétif comme le ferait un touriste
éternellement émerveillé. Sétif, son amante, le symbole de ses amours, dans sa
voix n'était qu'une belle chanson à fredonner afin de dissiper la tourmente et
recouvrer, un tant soit peu, la joie de vivre. Son interprétation distinguait
ses chansons par cette touche propre à lui qui tend à éveiller, en chaque tympan,
une souvenance, une égérie ou, tout simplement, un air de fête. Chez cet
artiste là, le chant était une expression eurythmique et symphonique d'un
silence éclaté en paroles et référençant la complexité d'une société à
multiples soubresauts. «Khali ya khali», «Kahlouchi», Khatem sobeï», «Harat
Zemmour el âalia», «Moulechache», «Ouaynek ya Aïn El Fouara» ou «Meddi yadek
lel'henna» et toute une autre foultitude de titres font la richesse de son
important répertoire, dépassant les 300 titres édités.
Samir, sur scène c'est plus qu'un spectacle. C'est une histoire, un périple que traversent la déception, la description relationnelle, l'être chéri, la vie et ses aléas, le temps et ses contretemps. La voix de Samir constituait, à elle seule, un orchestre. Il savait réguler ses cordes en fonction de la dimension philosophique de son chant. Il faisait incarner toute le triptyque musical local, dans la trinité de trois instruments. La voix, la zorna et la tabla. En fait, quand un chanteur meurt, ce n'est pas à sa voix de s'éteindre, elle persistera à raisonner. Sétif vient de perdre encore un immeuble, un centre-ville. Adieu l'artiste. «kachit bab stif» au moment où son interprète en sort ! |
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