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Perturbations dans le marché des eaux minérales
par J. Boukraa
Depuis l'entame de
la rentrée sociale, le citoyen oranais est confronté à une série de hausses des
prix brutale. Après les classiques fruits et légumes de saison ou de serres, le
poisson bleu et tout dernièrement les produits de l'alimentation générale,
voici maintenant le tour des eaux minérales, qu'elles soient en bouteilles ou
en bonbonnes de 5 et 6 litres. L'eau minérale a connu une nouvelle hausse.
Cette situation s'est répercutée sur le consommateur, puisque la bouteille de
1,5 litre chez certains détaillants est passée de 30 dinars à 35 dinars.
Approchés, certains commerçants affirment que le prix du fardeau de 6
bouteilles a augmenté de 30, voire 40 dinars pour certaines marques. La
bonbonne de cinq litres est cédée entre 70 et 80 dinars, selon la marque. C'est
la bouteille du label national «Saïda» qui reste la moins chère. Du côté des
grossistes, on affirme que le fardeau de six bouteilles de 1,5 litre se négociait,
la semaine dernière, entre 125 et 145 dinars l'unité, sur camion rendu au lieu
de dépôt du revendeur ou du grossiste. Ce dernier le revendait entre 130 et 155
DA aux détaillants. Le bidon de 5 ou de 6 litres était proposé aux détaillants
dans une fourchette allant de 50 à 65 dinars, selon la marque et/ou de la
contenance. Mais depuis quelques jours, la situation a carrément changé. Le
prix du fardeau a bondi à 155 dinars et 165 dinars l'unité, vendu au dépôt et
hors frais de déchargement. Même cas pour le bidon de 5 litres, négocié chez le
grossiste au prix fixe et non négociable de 60 dinars pour celui de 5 litres et
jusqu'à 70 dinars celui de 6 litres. Au tout début de cette hausse, une rumeur
avait circulé, faisant état que les tenants de cette filière destinaient la
majeure partie de la production nationale à des pays voisins comme la Libye.
Mais selon plusieurs grossistes à Oran, la hausse soudaine des prix est due à
la rareté de ce produit vital, rareté due à une baisse sensible de la production
du fait de la grande sécheresse qui touche tout le pays. Les nappes phréatiques
d'où sont puisées ces eaux minérales seraient fortement touchées et en dessous
du niveau minimal de production. Cette situation était à l'origine de la
pénurie de certaines marques d'eau très prisées par les consommateurs. «Nous en
avions l'intuition, cette pénurie d'eau minérale allait forcément conduire à
une hausse des prix. Ce genre de pénuries est souvent provoqué
intentionnellement pour pouvoir ensuite augmenter les prix et prendre, ainsi,
au dépourvu les consommateurs», s'exclameront deux citoyens atteints de
maladies chroniques et qui utilisent l'eau minérale pour leurs traitements et
régimes imposés par les médecins, alors qu'ils sortaient d'une épicerie chargés
de quelques bouteilles de ce précieux liquide. Longtemps réduite à sa portion
congrue, la consommation des eaux minérales embouteillées s'est fortement
développée en Algérie, depuis le début des années 2000. Selon des études
élaborées aussi bien par l'APAB (Association des producteurs algériens des
boissons), la consommation annuelle est passée de 0.5 litres/habitant en 2003 à
23.7 litres en 2012 (41% du volume des boissons consommées), avec des
projections estimées à 25.3 litres à l'horizon 2015 (41% du volume des boissons
consommées). Ainsi, la croissance de la demande d'eau embouteillée a été
évaluée à 5% et continuera à être entraînée par le développement des pratiques
de santé liées à la consommation d'eaux saines et riches en minéraux. Du côté
de l'offre, l'essor de la demande a suscité un mouvement important de création
d'entreprises, essentiellement des PME, aussi bien dans les sous-secteurs des
eaux minérales que des eaux de source, la forme juridique prédominante étant la
SARL (60%). Ainsi selon le ministère des Ressources en eau, il a été accordé
environ 50 concessions d'exploitation des eaux minérales à des investisseurs
dont 40 sont en activité. Ce chiffre est appelé à évoluer. Toutefois, ce
secteur a été secoué, il y a quelques années, par de graves révélations du
rapport des services de contrôle de la qualité qui indique que, souvent, les
produits commercialisés n'ont pas les caractéristiques d'une eau minérale. Les
opérateurs mentionnent toujours sur les étiquettes d'emballage que leurs
produits sont une eau minérale naturelle. Les services du contrôle de la
qualité et de la répression des fraudes effectuent des contrôles réguliers des
eaux minérales commercialisées sur le marché national, affirment les services
du Commerce. Le décret exécutif relatif à l'exploitation et à la protection des
eaux minérales naturelles, les eaux de source du 15 juillet 2004 a souligné que
«l'eau minérale naturelle est une eau microbiologiquement saine provenant d'une
nappe ou d'un gisement souterrain, exploitée à partir d'une ou plusieurs
émergences naturelles ou forées, à proximité desquelles elle est conditionnée».
L'eau est définie comme étant «une eau d'origine exclusivement souterraine,
apte à la consommation humaine, microbiologiquement saine et protégée contre les
risques de pollution». Le législateur a relevé que «les travaux de captage, de
transport, de stockage et d'embouteillage des eaux minérales naturelles et des
eaux de source sont considérés comme des activités d'exploitation d'eau
minérale naturelle ou d'eau de source».
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