Au lendemain d'une
réunion du Bureau politique du FLN «qui s'est déroulée dans la sérénité»,
laisse-t-on entendre dans son entourage, et où le volet organique a dominé les
débats, le parti majoritaire a entamé dans l'après-midi d'hier les élections
pour le renouvellement des structures de l'Assemblée populaire nationale (APN).
Sans hésitation et sans tourner la tête vers la demande formulée le 2 septembre
dernier par l'Alliance verte (MSP, Ennahda, El Islah), qui veut reprendre ses
sièges aux structures de l'APN après une désertion de deux ans, les députés du
FLN sont allés tout droit vers le vote à peine l'allocution du SG, Amar
Saadani, terminée. Ce dernier a insisté sur la cohésion des rangs et appelé les
députés à choisir en toute démocratie celui qui représentera le parti au sein
des instances de l'APN. Beaucoup de postulants ont déposé leur candidature,
donnant lieu à une véritable campagne qui a été menée ces derniers jours, dans
l'hémicycle du boulevard Zighoud-Youcef, par les candidats en lice. Le vote
s'annonçait hier ouvert, laissant croire que des changements sont attendus dans
la représentation du parti au sein des instances de l'APN. Le FLN a, donc,
décidé d'ignorer la demande de l'Alliance verte, «surtout pas en ce moment»,
précise M. Mazouzi, membre du Bureau politique du FLN et chargé de l'organique.
Sans s'étaler dans ses explications sur le «mauvais» moment choisi par
l'Alliance verte pour revendiquer ses sièges au sein des instances de l'APN, M.
Mazouzi fait clairement allusion à l'importance de la période ou la conjoncture
dans laquelle on a introduit cette demande. Ce n'est pas que le FLN craigne un
chamboulement dans l'ordre des choses, l'Alliance verte ne pouvant en rien
changer la tendance au sein de l'APN où la majorité absolue revient au FLN,
mais on croit dur comme fer que ces trois partis veulent revenir, maintenant,
avec l'idée de «perturber» le projet portant révision de la Constitution. «Il y
a des traditions à respecter, on ne peut pas quitter les structures de l'APN et
décider d'y revenir comme bon nous semble, sur un coup de tête. Le retour des
députés de l'Alliance verte doit obéir à certaines conditions, un dialogue
préalable, et une profonde concertation avec le président de l'APN», estime M.
Mazouzi, confirmant que le FLN n'est pas près de lâcher dans l'immédiat les 5
vice-présidences qu'il occupe depuis le retrait des députés de l'Alliance
verte. Par ailleurs, on apprendra auprès de M. Mazouzi que le Bureau politique
a brièvement abordé, lors de sa réunion de lundi dernier, le volet relatif à
l'installation des commissions locales de préparation du 10e congrès prévu
durant le premier trimestre 2015, «peut être même au tout début de l'année
prochaine», comme le laissent croire des déclarations insistantes à ce sujet.
Un congrès dédié à la culture du militantisme et qui devrait remettre «dans les
normes », souligne-t-il, le fonctionnement du parti. Maintenant que «les
dysfonctionnements et les troubles provoqués par des parties internes
n'existent plus», comme le fait constater le SG du parti, rien ne peut
perturber le FLN de faire sa mue. Une mue sincère ou de façade ? Tant d'indices
pourraient le révéler dans peu de temps. Le FLN, selon son secrétaire général,
est pour «une presse libre, une justice indépendante, des institutions libres
avec des rôles et des prérogatives bien définis», pour lui, le moment est venu,
aussi, «pour changer les mentalités et bâtir un État de droit ». Un discours
qui ne semble pas très convaincant au goût d'une opposition circonspecte et qui
ignore les appels au dialogue et les signes plaidant en faveur d'une ouverture
démocratique reste le jugement des propres militants du FLN. «Pour le moment,
on observe et l'on donnera notre position dans les prochains jours», nous dira
l'un des membres du mouvement de redressement, de l'aile Abdelkrim Abada.
D'autres encore, opposants de l'actuel SG du parti, se tiennent très loin de ce
discours qui se veut réconciliateur. Pourra-t-on rallier des extrêmes, unifier
des rangs disloqués par de longues luttes intestines ? «Le 10e congrès
s'annonce comme certificat de naissance pour le FLN ou de son décès et sa mise
au musée», reconnaissent plusieurs de ses cadres.