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Des vacances d’été mitigées de la 3G en Algérie

par Yahia Benaïssa

La 3G a passé ses premières vacances d’été en Algérie. Un petit "bilan" non officiel (pour ne pas froisser le régulateur) de l’expérience recueilli auprès de plusieurs usagers dans quelques wilayas du pays.

C’est un été particulier qu’on passé les internautes des wilayas couvertes par la 3G. Les offres internet mobile sont en train de complètement modifier les rapports des usagers dz au web. Des photos souvenirs sont partagées en temps réels sur les réseaux sociaux ou encore des vidéos relatant des faits de la vie quotidienne, des vacances, sont publiés quasi instantanément sur Youtube. Une instantanéité de partage rendue possible grâce à la 3G. Un changement qui s’est manifesté d’une manière tout à fait remarquable durant cet été, période des grandes vacances et de déplacements.

La wilaya d’Oran qui a accueilli l’été dernier plus de 6 millions de visiteurs, performance qui lui a permis de se classer première wilaya touristique du pays, jouit ainsi d’un statut privilégié auprès des trois opérateurs de téléphonie mobiles et leurs offres 3G. Sur les diverses plages du littoral oranais, particulièrement parmi les jeunes, smartphones et tablettes sont devenus des accessoires indispensables pour les estivants. Histoire de rester branché et en contact permanent avec l’actualité, avec les amis, et les collègues. L’heure est donc à la détente, au partage des anecdotes et des moments heureux et drôles comme il peut y en avoir durant des vacances. Cet engouement pour l’internet mobile, les opérateurs de téléphonie mobile semblent l’avoir bien décelé, comme en témoignent les diverses offres promotionnelles qu’ils proposent. Sauf qu’en dépit de la variété de ces offres, les débits promis restent globalement en deçà des attentes des usagers. A cela, il faut ajouter ce nouveau paramètre induit par la présence en masse d’une nouvelle population de mobinautes sur un lieu de vacances qui vient surcharger un réseau qui avait déjà du mal à satisfaire les exigences des abonnés «autochtones» pour lesquels il était destiné. En d’autres termes, la qualité promise n’est pas toujours celle que l’on a sur son terminal.
 
Une 3G en mode en 2G dans les zones rurales

Dans la station balnéaire d’Aïn el Turck et sa dizaine de plages qui s’étendent de St Rock jusqu’au Cap Falcon, la couverture réseau est jugé en temps normal globalement «correcte», si l’on excepte bien sûr les quelques «points noirs» bien connus où les barres du champ disparaissent généralement à cause de la topographie particulière de certains sites. Rayan, étudiant originaire de la wilaya de Tiaret, rencontré à la plage de Claire Fontaine, est un féru d’internet. Bien installé sur sa chaise longue, les pieds presque dans l’eau, tablette en main et une paire d’écouteurs aux oreilles, le jeune homme garde un œil attentif sur ses camarades en train de se baigner. Il se lève de temps à autre pour prendre une photo ou une vidéo histoire d’immortaliser les fous rires complices de ses compagnons. Interrogé sur sa connexion 3G, il répond :"J’ai un forfait journalier de 100 Mo. Mais, franchement, pas moyen de me connecter correctement ici", confie-t-il, un peu dépité. "Le réseau est trop instable pour permettre une navigation correcte. Tu peux consulter tes emails, faire un petit crochet par Facebook, mais pas moyen de partager une photo, et encore moins regarder une vidéo. Les photos que je prends maintenant, je les gardes pour les partager quand je rentre le soir en ville où la connexion est meilleure", poursuit-il.

Même son de cloche chez Mimoun, retraité de l’éducation nationale de Bechar, un accoutumé des plages de Madagh à l’extrême ouest du littoral oranais. C’est pour la lecture et le téléchargement de livres, qu’il a acquis récemment une nouvelle tablette. La lecture de la presse nationale est son autre passe-temps favoris. Mais durant ses vacances, cet exercice est devenu beaucoup plus compliqué. Durant la journée quand je suis à la plage, c’est quasiment impossible de se connecter. Même le réseau 2G au niveau de cette zone surplombée d’une montagne n’est pas toujours accessible. Et c’est dommage parce que la région est magnifique et reste globalement vierge. «Ici, on est vraiment coupé du monde», affirme-t-il, avec ironie. Mimoun espère que le réseau va s’améliorer à l’avenir. «Je reste confiant car je sais que la couverture réseau de la 3G va graduellement s’améliorer. C’est en tout cas ce que j’espère pour la prochaine saison estivale». De nombreux autres témoignages de vacanciers font état de réseaux 3G et même 2G de mauvaise qualité, dans les régions montagneuses, notamment à Jijel à l’extrême ouest du pays. En attendant des améliorations, la 3G est plutôt urbaine. Elle apporte un plus de connectivité à ceux qui peuvent déjà se permettre l’ADSL. Les ruraux vont devoir attendre encore.