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Une stratégie anti-EI sans nouveauté surprenante

par Kharroubi Habib

C'est aujourd'hui que le président américain Barack Obama dévoilera le plan que les Etats-Unis ont concocté pour provoquer la destruction du califat autoproclamé dont l'organisation terroriste l'Etat islamique a jeté les bases dans les portions de territoire irakien et syrien tombées sous la coupe de ses djihadistes.

Il n'est pas besoin d'être dans le secret de la Maison Blanche et du Pentagone pour anticiper les grands axes de la stratégie américaine de lutte contre cette organisation terroriste que Barack Obama va faire connaître. Elle est déjà mise en œuvre pour l'essentiel. Le président américain se contentera d'en promettre la poursuite à un niveau plus soutenu en terme des moyens militaires qui lui seront consacrés. Il annoncera par conséquent l'intensification des frappes aériennes contre les djihadistes de l'Etat islamique à laquelle vont participer des renforts aériens qu'apporteront les puissances s'étant ralliées à la coalition militaire internationale échafaudée par Washington. Cette coalition est en fait le point saillant du plan élaboré par la Maison Blanche qui n'entend pas apparaître comme en passe de relancer une nouvelle guerre d'Irak par les forces américaines dont l'opinion nationale aux Etats-Unis ne veut pas entendre parler même si elle approuve le principe qu'il faut détruire l'Etat islamique et son califat.

A l'intensification des frappes anti-Etat islamique s'ajoutera celle de la fourniture d'armes parmi les plus sophistiqués à l'armée irakienne et aux forces kurdes qui font face aux djihadistes. Il ne sera donc nullement question d'une intervention militaire au sol pas plus américaine que celle de forces des puissances coalisées, bien que le gouvernement de Baghdad s'y est déclaré favorable. Les stratèges du Pentagone semblent convaincus qu'en combinant frappes aériennes intensifiées et renforcement de la puissance de feu des troupes de Baghdad et kurdes, il sera possible de stopper l'avance des djihadistes de l'Etat islamique et d'en finir avec leur califat autoproclamé.

Ce plan dont il sera à l'évidence tu qu'il comporte l'engagement d'opérations secrètes à mener par des forces spéciales rompues à cet exercice, sera officiellement approuvé par les Etats ayant rallié la coalition car aucun d'entre eux n'est disposé à aller au-delà d'une contribution qui pour les uns se limite à s'associer aux frappes aériennes, pour d'autres à fournir l'armement nécessaire aux forces de Baghdad et kurdes et enfin pour le reste à financer le coût de la guerre anti-Etat islamique. L'inconnue est de savoir si la Maison Blanche est résolue à étendre les opérations militaires contre l'Etat islamique au territoire syrien qui, quoi qu'en pensent et disent les adversaires du régime de Bachar El Assad, est un Etat souverain dont l'acceptation et l'autorisation sont indispensables au regard du droit international. Si cette condition n'est pas respectée, il résulterait une violation flagrante de ce droit contre laquelle Damas et ses alliés pourraient réagir d'une manière imprévisible mais certainement source d'une aggravation des tentions autour du problème syrien. D'autant que Damas et ses alliés se doutent que les puissances qui plaident pour l'extension de l'intervention militaire de la coalition au territoire syrien veulent lui assigner l'objectif inavoué par eux d'en finir dans le même élan avec le régime de Damas.