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Mouton de l'Aïd : Les prix «s'annoncent» chauds

par El-Houari Dilmi

Cette année et à un mois du rituel du sacrifice d'Abraham, le mouton dresse, déjà, ses cornes et pour cause. Une virée, ce samedi, chez les bouchers de la capitale du Sersou, nous a permis de tâter le pouls de la mercuriale des viandes, avec des tarifs prohibitifs de la viande ovine, qui ont culminé à 1.300 DA le kg.

Deux raisons à ce renchérissement des viandes rouges : l'épidémie de fièvre aphteuse et la fermeture des marchés à bestiaux, à travers tout le pays, depuis plusieurs semaines. Conséquence directe de ces deux facteurs, la diminution de l'offre, avec un impact direct sur les prix des viandes. Mais même si le virus de la fièvre aphteuse, apparu en Algérie, depuis le mois de juin dernier est, à présent, entré dans sa phase de «stabilisation», selon les termes du ministre algérien de l'Agriculture, Abdelwahab Nouri, les retombées de l'épizootie, sur la filière élevage et le marché des viandes rouges, sont, néanmoins, incontournables à moyen terme. En effet, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, a affirmé, samedi, depuis Souk Ahras, qu'il «n'y a plus de raisons de poursuivre l'abattage de bovins, la situation née de l'apparition de la fièvre aphteuse, s'étant «stabilisée» et se trouve «maîtrisée». S'enquérant des performances des différentes filières agricoles, présentées dans des stands dressés à la Coopérative des céréales et des légumes secs (CCLS), le ministre a souligné que cette épizootie était, désormais «circonscrite». Annonçant la réouverture prochaine des marchés à bestiaux, à travers le pays, d'autant que l'Aïd El Adha est à nos portes, le ministre a chargé les responsables concernés de «mettre en place toutes les conditions nécessaires à la réouverture de ces espaces». M. Nouri a, également, indiqué que les pertes liées à la fièvre aphteuse étaient «très minimes» par rapport à ce qui a pu être enregistré dans d'autres pays. Rappelant que 5.500 bovins ont été abattus, à titre préventif, le ministre a estimé que cette épizootie aurait pu avoir des conséquences bien plus graves si l'Etat n'avait pris, à temps, les mesures nécessaires, avant de rendre hommage au travail effectué par les vétérinaires, à l'échelle du pays. Des échos, en provenance de certaines localités de la wilaya de Tiaret, comme Sougueur, Aïn Dheb, Hamadia ou encore Rechaïga, qui comptent des cheptels ovins importants, font état du moral, au plus bas, des éleveurs et autres maquignons, très affectés par la baisse sensible de leur chiffre d'affaires, principalement dû à la fermeture des marchés à bestiaux, et la contraction de la demande, ces dernières semaines. Pour Adda, un éleveur de la région d'Aflou, rencontré, ce samedi, dans un cabinet vétérinaire, si le cheptel est abondant cette année, les prix n'en seront pas moins inabordables pour les bourses moyennes, donnant une fourchette oscillant entre 28.000 et 45.000 DA, pour une bête encornée de taille moyenne. «Une bête vigoureuse, aux cornes en vrille comme les aiment les enfants, pourrait franchir, cette année, le seuil psychologique des 75.000 DA» parie un vétérinaire, exerçant à l'abattoir communal de Tiaret. Cette année, «nombreux sont ceux qui ne feront pas le sacrifice de l'Aïd, en raison, d'abord, de la cherté du produit, mais aussi, d'une année marquée par des dépenses excessives dues au Ramadhan, suivi de l'Aïd El Fitr, les vacances estivales, la rentrée scolaire, pour se retrouver fauchés, avec l'arrivée de l'Aïd El-Adha» renchérit Khaled, un travailleur au Sud, en congé annuel, qui compte bien faire plaisir à ses deux enfants en leur offrant un mouton avant son retour à son lieu de travail. En attendant le jour «J», le citoyen lambda ne se fait pas d'illusion, sachant, très bien, que les maquignons et autres «suceurs de sang» feront comme d'habitude, c'est-à-dire dans la rétention des bêtes, en attendant les derniers jours, avant l'Aïd.

Même si, dans une tentative d'agir sur les prix, à la baisse, à un mois de «l'échéance fatidique», la direction des Services agricoles, de concert avec celle du Commerce, envisage, d'ores et déjà, sous réserve de l'aval des parties concernées, d'octroyer des autorisations provisoires d'ouverture de marchés à bestiaux de proximité ou des «souika», comme on les appelle ici, même si certains pensent avoir trouvé l'idée en offrant, à leurs enfants, des caprins, à l'image de ces chèvres «faméliques» cédées, la dernière semaine, entre 8.000 et 11.000 DA pour une bête d'à peine 15 kg.