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BECHAR: Le transport ferroviaire dans tous ses états

par Fendaoui Hadj

Rien ou presque n'a été entrepris pour améliorer quelque peu la situation des voyageurs par rail, notamment ceux du sud-ouest empruntant la ligne Bechar - Oran.

En effet, la ruée de ces vacanciers vers les villes côtières du nord en début de saison estivale par voie ferrée a été des plus pénibles, compte tenu de la vétusté et le mauvais état de ce moyen de transport mis en œuvre et dont la presse avait fait écho. Voilà, leur retour, déjà commencé ces derniers jours, et la situation n'avait guère changé. L'improvisation est érigée en méthode de gestion dans ce secteur depuis quelque temps. De l'avis de plusieurs voyageurs interrogés, les responsables de ce mode de transport ferroviaire doivent sortir de leur léthargie et se mettre devant leur obligation de prestataires de service, pour permettre à ces milliers d'estivants et autres usagers de voyager dans de bonnes conditions. Et de poursuivre cet immobilisme et ce mutisme des responsables de ce secteur s'apparente à une démission qui ne dit pas son nom, sinon comment vous concevez un train qui fait le long trajet tombe en panne de carburant en plein désert, laissant des voyageurs livrés à eux-mêmes. Heureusement, qu'il y a la présence en force des éléments de la Gendarmerie nationale pour sécuriser les voyageurs, nous a fait savoir un groupe de voyageurs mécontents de la mauvaise qualité de service sur cette ligne. D'autres usagers dénoncent les conditions de transport jugé inconcevable et déplaisant, notamment l'absence de climatisation en période de grande chaleur caniculaire, qui crée l'étouffement à l'intérieur des voitures et rend le voyage des plus difficile, ainsi que les retards qui se comptent en heures. Les trains qui sont programmés pour cette ligne de Bechar - Oran sont tellement défectueux et approximatifs, au point où même l'éclairage à l'intérieur des wagons s'éteint, pendant de longs moments, puis il s'allume de nouveau. Une telle situation renseigne sur le vieillissement des batteries qui n'arrivent plus à emmagasiner le courant électrique, indiquera un groupe de responsables de colonies de vacances. Nos interlocuteurs désapprouvent aussi l'immobilisme dont font preuve les cheminots et l'absence de sérieux qui caractérise leurs actions envers les voyageurs, utilisant cette ligne dans des situations parfois catastrophiques, ou même l'eau dans les sanitaires n'existe pratiquement pas. S'agissant de l'accueil des usagers, celui-ci est des plus médiocre, compte tenu du comportement des agents de cette entreprise de transport, à la limite de l'agressivité, vis-à-vis des usagers. Tandis que le compartiment restaurant n'a de restaurant que le nom. Rien ou presque n'est offert aux voyageurs, même pas une bouteille d'eau minérale, pour l'acheter avec leur propre argent, fait cruellement défaut. Et de poursuivre, ce train comme partout ailleurs, est strictement hiérarchisé. Il y a la plus basse classe ou classe économique très demandée, puis la «2ème» classe, un compartiment qui, la plupart du temps, est bondé et comprend trois lits superposées des deux côtés d'un compartiment ventilé. Le voyage est peu confortable en raison de la poussière qui pénètre. Les draps, couvertures et oreillers sont répartis. Dans la «1ère classe, la plus luxueuse», deux couchettes, avec rideaux, sont superposées, dans des compartiments pouvant se fermer. Certaines voitures de ce train sérieusement touchées par la vétusté et la décrépitude des parois des fenêtres et autres cloisons encouragent les pénétrations de poussières, qui se répandent à l'intérieur des cabines couchettes, coupant le souffle aux usagers, particulièrement les enfants en bas âge, et les asthmatiques qui, sur-le-champ, attrapent des crises et ne savent pas à quel saint se vouer.

A QUAND LES NOUVELLES VOITURES PROMISES ?

Pourtant d'autres lignes disposent de trains luxueux ultramodernes et les usagers ne se plaignent pas, citant l'exemple de celui assurant la ligne Oran - Alger et Oran - Tlemcen par exemple. L'actuel ministre des Transports doit en principe savoir que le secteur des chemins de fer est défaillant, et la situation qu'il traverse n'est guère reluisante et n'encourage nullement les voyageurs à choisir ce mode de transport sur lequel l'on garde un grand espoir pour le désenclavement des régions du Sud. Ce sont là des propos recueillis auprès des usagers. En effet, il est à noter aussi que, lors de la dernière visite, Mr Amar Tou, à Bechar, alors ministre des Transports, avait fait part aux responsables locaux et à la presse que son département ministériel avait passé commande pour se doter de 17 nouveaux trains ultramodernes qui vont être répartis à travers les régions où les besoins se font sentir, une fois qu'ils seront livrés. Mais en vain. C'est dire que cette ligne Bechar - Oran est concernée elle aussi à plus d'un titre, eu égard à la vétusté de l'équipement et moyen de locomotion qui lui est réservé et à l'éloignement entre ces deux villes Oran et Bechar, plus de 600 kilomètres, qui exige des moyens de transport et un matériel conséquent permettant aux voyageur d'effectuer ce long trajet dans de meilleures conditions. S'agissant de la gare des voyageurs, celle-ci a été construite de nouveau, mais les travaux n'ont pas été encore achevés, et ce depuis plus de quatre années qu'ils durent encore et toujours, notamment sur le quai d'embarquement et aux alentours, perturbant les départs et arrivées des voyageurs. Cette situation dans laquelle se trouvent quotidiennement les voyageurs à partir de Bechar ne cesse de ternir l'image de ce secteur, sur lequel repose l'espoir, pour sortir cette région du Sud de son isolement, et permettre aux Sudistes de se rapprocher des grands centres urbains. Pourtant, des efforts sont déployés pour donner un visage qui mettra fin, non seulement à l'image du vieux réseau ferroviaire pour laisser place à la modernité, mais aussi permettre à ce secteur de se doter d'équipements neufs. Ces nouvelles lignes à grande vitesse (LGV), avec des pointes de 220 km/h, réduiront considérablement le temps de parcours, si l'on se fie aux propos du directeur général de la SNTF, qu'il a tenus à Bechar, en présence de la presse écrite il y a quelque temps seulement. Ainsi, par exemple, Bechar ne sera plus qu'a 6 heures d'Oran. Ce qui permettra, à coup sûr, d'absorber les usagers des bus. Il est à signaler aussi que ce mode de transport, depuis sa mise en service au mois de juillet 2010, est fortement emprunté. Cette desserte a réduit les difficultés liées à la sécurité, et la crise de transport par car, notamment en période estivale où la demande devient sans cesse croissante. Selon un responsable à la SNTF, des forces motrices électriques tracteront des voitures neuves et équipées avec toutes les commodités et seront bientôt fonctionnelles. Des innovations qui attireront de plus en plus de voyageurs. En tout cas, on espère, du côté de la SNTF, porter la part du marché dans le trafic voyageur à 30%. Le maillage des nouvelles lignes du nord avec celles du sud permettra également aux grandes entreprises enclavées dans le Sud du pays de faciliter l'acheminement de leurs marchandises vers les ports. Mais aussi pouvoir exploiter certains projets (à l'exemple de celui de Gara Djebilet) qui sommeillent depuis des années, la future cimenterie de Bechar etc. Contacté par nos soins, un responsable au niveau d'une gare ferroviaire, dira : «Il ne m'appartient pas à moi de décider, je reçois des ordres et je les exécute, sans commentaire. Ces moyens de transports sont programmés par notre tutelle».