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Quel avenir pour les écoliers en échec scolaire ?

par Yazid Haddar *

C'est la rentrée, comme chaque année les écoliers attendent ce moment avec impatience ! Mais d'autres qui ont des difficultés seront angoissés à l'idée d'aller à l'école.

RCes écoliers ont des trajectoires de scolarisation éprouvantes. D'une part, par leur difficulté d'apprentissage et d'autre part par manque de lieux spécifiques d'apprentissages et de professionnelles spécialisées. L'échec scolaire est le phénomène des élèves quittant les systèmes scolaires sans qualification ou diplôme et plus largement ayant des difficultés d'apprentissage, qui se caractérise par un dysfonctionnement dans le processus d'acquisition des connaissances. Il est spécifique à la fonction cognitive touchée : il y a donc des troubles d'apprentissage reliés au langage, à l'attention, mais aussi à des compétences spécifiques comme la lecture, l'écriture, l'orthographe, le calcule, la relation à l'autre (interpersonnel), etc. Parce que les enfants qui souffrent d'un trouble d'apprentissage représentent une part importante des élèves en situation d'échec scolaire, la compréhension de ce handicap est un enjeu déterminant dans une perspective thérapeutique (accompagnement) et préventive. Toutefois, il est important de distinguer trouble des apprentissages et échec scolaire. Un trouble des apprentissages peut en théorie donner lieu à des difficultés non scolaires (ex : autisme de haut niveau, le niveau scolaire peut être bon mais le trouble rend les relations interpersonnelles difficiles).

En Algérie, chaque année, plus de 200.000 enfants quittent le système scolaire. Selon des chiffres avancés par le syndicat autonome SNAPEST , les résultats du premier trimestre de l'année scolaire 2011-2012, ont été catastrophiques. 80% des élèves de la première année secondaire n'ont pas obtenu la moyenne lors des examens au niveau des 850 lycées répartis à travers le territoire de la wilaya. Selon le représentant du SNAPEST, 20% ont réussi à avoir la moyenne. Le rapport relève que 64% des élèves qui entrent en 1ere AF feront un parcours scolaire plus ou moins complet de l'école fondamentale et la quittent sans obtenir le diplôme du BEF, près de 8% obtiendront leur diplôme sans avoir jamais redoublé et 28% après avoir redoublé une ou plusieurs fois. Les causes d'abandon sont multiples, et le facteur redoublement en constitue la principale.

Quand on parle des difficultés scolaires ou des élèves qui ont besoin d'un suivi spécifique dans le système scolaire, il est important de les situer dans trois catégories :

Catégorie 1 : Des difficultés de type déficitaire.

Catégorie 2 : Des difficultés de type d'apprentissage.

Catégorie 3 : Des difficultés de type désavantage.

Des difficultés de type déficitaire : D'origine neurologique, développementale, etc. Tout ce qui est déficit neurocognitif : Déficience intellectuelle, Autisme, TED, Troubles psychiatriques, etc.

Des difficultés de type d'apprentissage : Le trouble d'apprentissage n'est pas causé par une déficience intellectuelle, ni par un déficit sensoriel (acuité visuelle ou auditive), un manque d'encadrement scolaire, une carence de motivation ou des conditions socio-économiques défavorisées. Un trouble d'apprentissage correspond, donc à une atteinte affectant une ou plusieurs fonctions neuropsychologiques, ce qui perturbe l'acquisition, la compréhension, l'utilisation et le traitement de l'information verbale ou non verbale. (Dyslexie, dysgraphie, dysphasie, dyspraxie, agnosie, troubles attentionnels avec ou sans des troubles d'attention (TDAH).

Des difficultés de type désavantage : Qui peut toucher les élèves qui vivent dans des conditions socioculturelles défavorables, qui perturbent les capacités d'intégration scolaire, d'apprentissage, etc. C'est-à-dire ce sont des enfants, qui ne peuvent pas être intégrés les deux premières catégories.

Quel type d'accompagnement à proposer ?

A. Proposer de poser des diagnostique avec des bilans pluridisciplinaires par des psychologues, des neuropsychologues, pédiatre, médecin scolaire, psychiatre, orthophonistes, psychomotricien, etc. Dans des centres spécialisées (Unité de Dépistage et de Suivi (UDS)). Le diagnostic peut commencer dès la première enfance. (le cas des autistes ou des enfants TED).

B. Création de deux types d'école :

1. La première pour les enfants de catégorie 1 (avec déficience intellectuelle) où la scolarisation nécessite des techniques pédagogiques spécifiques avec un aménagement d'espace et du temps selon les types de la déficience, suivi par une équipe pluridisciplinaire. (Les Centres des Inadaptés Mentales, des associations qui s'occupent des enfants avec déficience intellectuelle avec ou sans trouble de comportement).

2. La seconde, c'est de créer des classes au sein des écoles ordinaires (type CLIS ), avec des espaces aménagés des temps scolaires et aussi pour permettre à ces enfants de faire des suivis thérapeutiques (neuropsychologues, orthophonie, psychomotricité, psychiatrique) au sein de l'établissement Dans ce type d'intégration, la catégorie 2 et 3 sont concernées, de plus la catégorie 1 avec des enfants qui n'ont pas de déficience intellectuel, comme les autistes d'haut niveau et aussi pour les enfants qui ont une déficience intellectuelle légère (avec ou sans origine organique). (Les Centres Psychopédagogiques).

En France par exemple, mais comme dans beaucoup de pays, il existe quatre catégories de classe d'inclusion scolaire (CLIS). Classes destinées aux élèves dont la situation de handicap procède de troubles des fonctions cognitives ou mentales (catégorie 1 et 2, voir plus haut). Classes destinées aux élèves dont la situation de handicap auditif avec ou sans troubles associés. Classes destinées aux élèves dont la situation de handicap visuel avec ou sans troubles associés. Enfin, classes destinées aux élèves dont la situation de handicap Moteur dont font partie les troubles dyspraxiques, avec ou sans troubles associés, ainsi qu'aux situations de pluri-handicap.

Quelques pistes du travail

1. Il faut créer (à moins qu'il existe) au niveau de ministère de l'éducation un service qui s'occupera des enfants qui ont besoin d'un suivi spécifique, mais aussi d'organisation, des spécialités dans le système de formation, des sessions de formation, orientation des parents, etc. C'est-à-dire un centre de référence, pour les statistiques, de formation et de recherche.

2. Introduire la psychologie de développement et les troubles d'apprentissages dans la formation des instituteurs, pas uniquement au cours de la dernière année, mais pour tout le cursus de la formation.

3. Une collaboration avec les universités et les centres de recherche pour créer des spécialités à l'université (psychologues scolaire, neuropsychologues, etc., des Master 2 en psychologie qui forment des psychologues spécialisés dans la déficience intellectuelle, autisme, par exemple.)

4. Il faut des professeurs spécialisés pour ces populations (sensibilisé à la pathologie et au type de déficiences, mais aussi des troubles d'apprentissage) afin de proposer une pédagogie spécifique à chaque trouble.

5. Création des centres de formation pour les éducateurs et les accompagnateurs scolaire qui prennent le relais pour les accompagner dans la vie au quotidien.

6. Création d'un système de formation périodique pour permettre aux professionnelles de se mettre à jour. Autrement dit, collaborer avec les universités et les instituts de formation.

* Psychologue, spécialiste en neuropsychologie