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L'éCOLE A CHANGé D'ADRESSE

par M. Abdou BENABBOU

L'école est-elle réellement là où elle est censée être ? L'institution sacrée qui était par bien des aspects une seconde religion, est-elle toujours derrière ces portails du haut desquels flottait l'emblème national et l'instituteur a-t-il encore gardé son profil vénéré de messie ? Cet ordre ancien qui a dessiné des générations entières n'est assurément plus et le bouleversement présent offre une nouvelle architecture du savoir qui se situe à mille lieues des perceptions et des convictions d'hier.

L'école n'est plus le temple au cœur duquel débutait le façonnage de l'homme de demain et les trente-six mille réformes initiées pour formater le contenu écolier, trop enclin à alléger le poids des cartables et à triturer le superflu et les arrière-pensées, ne s'est pas soucié à scanner la société tout entière. L'école a donc changé d'adresse. Elle est dans les comportements et l'état d'esprit qui se sont généralisés pour que l'idéal change totalement de visage au point de convaincre tout le monde que les règles de l'existence sont désormais basées sur un fouillis incontournable de recettes où l'objectivité et le rationnel n'ont plus de place.

On peut en vouloir à tous et à chacun. La responsabilité est partagée pour ne pas avoir compris que le monde a sérieusement et définitivement changé et que le développement du plus bas des égoïsmes de la majorité des individus n'était que la manifestation d'un instinct de survie. Les Algériens ne sont pas les seuls assujettis à cette implacable contrainte et peu de peuples et de pays échappent à ce colossal garrot qui ne permet plus aux fondamentaux de l'humanisme de se déployer avec l'aisance d'un autre temps. Ce lourd impair aux effets suicidaires est l'œuvre dévastatrice des ordonnateurs et des législateurs autoproclamés qui ont fait de l'école une chasse gardée au nom des idéologies galvaudées.

L'école finalement, faute de ne pas s'être adaptée aux nouvelles articulations des mœurs, avec ses maîtres et ses maîtresses, connaît un bannissement pour ne laisser que son étendard sur son fronton.