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Crash de l'avion affrété par Air Algérie : Les premiers éléments de l'enquête

par M. Aziza

Le crash de l'avion affrété par Air Algérie survenu le 24 juillet au Mali n'a pas révélé tous ses secrets et les raisons exactes de la chute de l'appareil. Les premiers éléments de l'enquête sur le crash de ce vol reliant Ouagadougou-Alger, révélés ce jeudi 7 août par le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) à Paris, ne sont pas définitifs et n'excluent toujours aucune hypothèse. Le directeur du BEA, Rémi Jouty, l'a affirmé lors de la conférence de presse. «Je ne pense pas qu'on puisse exclure la thèse d'une action délibérée, mais on ne peut pas en dire plus pour l'instant», rapporte l'AFP. Les enquêteurs du BEA, selon le conférencier, concentrent leurs analyses sur la trajectoire de l'avion. «Quand on voit la trajectoire, cela conduit à penser que l'avion ne s'est pas désintégré en plusieurs morceaux en vol», justifiant cette hypothèse par la concentration des débris présents au sol. Il explique dans les détails que «la trajectoire de l'avion a fait apparaître une montée et un début de croisière normal, avec des changements de route modérés, typiques d'une stratégie d'évitement des développements orageux». Et de poursuivre que «l'avion avait décollé de Ouagadougou à 01h15, heure locale, environ deux minutes après le début de la croisière (...), la vitesse a diminué progressivement puis l'avion est parti en virage à gauche avant de perdre rapidement de l'altitude». Rémi Jouty a révélé en outre que le BEA n'était pas en mesure, dans l'immédiat, d'exploiter les données d'une des deux boîtes noires, celle contenant les enregistrements des conversations de l'équipage.

Pour le conférencier, «la bande magnétique de l'enregistreur phonique, Cockpit Voice Recorder, qui était endommagée, a pu être remise en état et lue mais, malheureusement, les enregistrements qu'elle contenait se révèlent inexploitables, en raison vraisemblablement d'un défaut de fonctionnement sans lien avec les dommages résultant de l'accident», a-t-il précisé. Mais il y a encore une lueur d'espoir, selon le directeur du BEA, car il y avait bien un «signal sonore enregistré sur la bande mais ce signal est inintelligible à ce stade». Il précise que les enquêteurs du BEA feront appel «aux meilleurs experts» pour tenter de lire le signal. La lecture de ces enregistrements sonores s'avère importante car 90% des accidents aéronautiques peuvent être expliqués grâce à la lecture des boîtes noires, selon les experts. Un autre élément peut être aussi exploitable. «Les échanges des équipages enregistrés par d'autres avions pourraient donner des indications sur ces conversations», selon les déclarations de N'Faly Cissé, président de la Commission sur les accidents et incidents de l'aviation civile au Mali, à l'AFP. Enfin, ce qu'il faut retenir est que les raisons du crash restent inexpliquées et un rapport d'étape par rapport à l'enquête sera publié mi-septembre, selon le BEA.

Selon l'AFP, des spécialistes aéronautiques ont déjà fait part de la présence d'éléments concordants avec l'accident du MD-82 de la West Carribean survenu en 2005 au Venezuela. «Le MD-82 est semblable au MD-83. Il y avait eu une diminution de la vitesse progressive causée par l'utilisation du système antigivrage», a précisé un ancien enquêteur du BEA, qui a requis l'anonymat. D'autres experts aéronautiques ont souligné la possibilité que l'avion ait perdu de son aérodynamisme en raison du givrage causé par la présence de nuages. A retenir également que la mission du BEA est purement technique et n'a pas les prérogatives de déterminer les responsabilités pénales. Sur le plan judiciaire, trois enquêtes ont été ouvertes au Mali, en France et au Burkina Faso.

Les gendarmes français, algériens et espagnols ont passé une semaine à collecter des prélèvements sur le site, lieu du sinistre à Gao. 1.000 prélèvements ont pu être effectués.    Ce qui est rassurant est le fait que les scientifiques aient avancé qu'il y a une forte probabilité d'identifier toutes les personnes. Pour rappel, 116 personnes ont péri dans ce crash dont 6 Algériens.