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Fin de la trêve à Gaza: retour à l'enfer

par Kharroubi Habib

Les soixante douze heures de répit qu'a permises pour la population gazaouie la trêve humanitaire obtenue d'Israël et du Hamas par les négociateurs égyptiens se sont écoulées et achevées hier matin suivies aussitôt d'une reprise de la confrontation et son cortège de victimes et de destructions. Il était illusoire de s'attendre à ce que les parties internationales qui ont tenté d'en obtenir sa prolongation y parviennent.

La propagande sioniste relayée par les médias lourds occidentaux mais également endossée par leurs chancelleries résolument acquises à la thèse israélienne imputent sa non prolongation au refus de l'organisation palestinienne, en éludant qu'elle y a été contrainte par le rejet israélien de la condition clef mise par elle à l'instauration d'un cessez-le-feu permanent. Celle de la levée du blocus dont la bande de Gaza est frappée depuis huit années. Hamas ne peut renoncer à cette condition qu'il sait partagée par la population gazaouie, car en le faisant il perdrait irrémédiablement le soutien de celle-ci qui l'accuserait alors d'avoir provoqué la furie criminelle et dévastatrice de l'Etat sioniste sans que la levée de ce blocus n'ait été obtenue.

Aussi il ne fallait pas attendre des représentants du Hamas dans la délégation palestinienne venue au Caire pour négocier l'éventuelle prolongation de la trêve de 72 heures qu'ils allaient se contenter d'un accord excluant la contrepartie de la levée du blocus israélien. Comment le leur reprocher quand le président américain Barack Obama a lui-même reconnu la légitimité de l'exigence du Hamas en avouant que «Gaza ne peut vivre en étant coupée du reste du monde». Aussi meurtris qu'ils sont, les Gazaouis ne réclament pas pour autant une trêve consistant en l'arrêt des opérations militaires mais sans incidence sur leur situation de «morts à petit feu» qui est leur quotidien depuis l'instauration du blocus.

En claironnant durant la trêve et pendant que se déroulaient au Caire les tractations-négociations pour sa prolongation qu'Israël ne pose ni «condition ni préliminaire» à un accord dans ce sens, le Premier ministre Benyamin Netanyahu a cyniquement joué sur la corde sensible humanitaire de l'opinion internationale en présentant son pays comme ayant concédé ce qu'il fallait pour ramener la paix «définitive» entre Palestiniens et Israéliens. Mais en fait au Caire la position israélienne prétendument sans «condition ni préliminaire» visait à empêcher que soit négociée la levée du blocus qui, il faut insister, est une exigence existentielle pour le Hamas et la population gazaouie.

Certes, la prolongation de la trêve humanitaire mettrait momentanément fin aux carnages et destructions dont Gaza a été le théâtre pendant un mois, mais en renvoyant la population gazaouie aux conditions de vie que lui fait le blocus, elle signifierait pour celle-ci que les milliers de victimes de l'agression sioniste seraient morts en vain. Comment tout simplement les Gazaouis pourraient accepter cela et croire qu'ils pourront panser leurs blessures et reconstruire leur territoire avec le maintien du blocus israélien. Seuls les inconditionnels de l'Etat sioniste le pensent possible car sous-estimant l'ampleur du sentiment de résistance qui est celui des Gazaouis acquis ou non au Hamas.

Quoi qu'on puisse penser du Hamas, sa position sur le blocus israélien est en accord avec celle du peuple gazaoui. Lui demander de l'abandonner c'est le condamner à un désaveu populaire que ceux qui l'ont réclamé aux Gazaouis n'ont pu obtenir depuis qu'il exerce son autorité sur la bande de Gaza.