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Manque de médicaments pour maladies chroniques

par Ghania Oukazi

Un grand nombre de médicaments manquent dans les officines, notamment ceux prescrits pour le traitement de maladies chroniques.

« Il y a une rupture de stocks, » nous dit, simplement, une pharmacienne de la rue Didouche Mourad, à Alger. Elle précise, même, que « la liste des médicaments qui manquent est longue, on peut vous en citer plusieurs. » Ce sont, selon d'autres pharmaciens, «notamment des médicaments prescrits pour le traitement de maladies chroniques. » En tout cas, ce sont, en premier lieu, les diabétiques qui en pâtissent puisqu'un des médicaments qui stabilisent leur diabète manque, depuis plusieurs jours. L'on nous dénombre d'autres médicaments comme le ?Glucophage' qui manque aussi. Les vaccins pour les enfants sont introuvables, depuis plusieurs mois. Ce sont deux mamans qui nous le disaient, hier. Vraie ou fausse panique ? En tout cas, le manque de certains médicaments, pour le traitement de maladies chroniques, en cause, bien, une grosse, chez les malades concernés et leurs proches qui font, quotidiennement, le tour des officines en ces temps de canicule, pour savoir s'il y a eu de nouveaux arrivages pour reconstituer les stocks. Une voix féminine, plutôt correcte, a pris notre appel à la Pharmacie Centrale pour nous expliquer que «nous n'approvisionnions pas les officines, nous le faisons que pour les hôpitaux. » Nous avons réussi à avoir le directeur de la Communication, au ministère de la Santé, qui nous a donné des précisions au sujet de ce manque de médicaments. A propos des vaccins pour les enfants, Slim Belkacem est catégorique « ils sont disponibles, les stocks existants couvrent les besoins du pays jusqu'au début 2015. » Il explique, cependant, que « s'il y a des perturbations au niveau local, elles sont minimes, elles peuvent être causées par un manque de vaccins dans les centres où les enfants sont vaccinés deux jours par semaine. » Belkacem pense, alors, que « ça pourrait être un manque de communication, on ne se casse pas trop la tête, il se pourrait qu'à ce niveau, on dit aux parents qui viennent pour faire vacciner leurs enfants qu'il n'y a plus de vaccins, au lieu de leur préciser que la vaccination se fait deux jours par semaine. » Il se pourrait aussi, autre raison, selon lui que les établissements de santé n'ont pas récupéré leurs besoins en vaccins, auprès des wilayas, alors il y a rupture. » Mais il rassure que «les demandes sont satisfaites à 100% par l'Institut Pasteur. »

Glucophage est aussi introuvable selon des patients et même des pharmaciens. « Il est disponible notamment celui produit par Saïdal, » nous dit Belkacem. Le Stagid 700, pour les diabétiques, manque aussi. Belkacem n'en a pas eu vent et il nous promet de vérifier auprès des officines, s'il y a effectivement rupture de stocks ou pas. En attendant, il nous explique que «le marché du médicament est libéré pour les officines et leur approvisionnement est assuré à 100% par les privés qui, eux, se sont engagés, par écrit, à le faire tout en leur assurant en même temps des stocks pour une couverture de 3 mois. » Le responsable de la Com, au ministère de la Santé souligne, encore, que l'approvisionnement des officines se fait sur la base d'un cahier des charges dûment signé par les opérateurs privés. » Un cahier qui selon lui, vaut engagement et donc entraîne des sanctions, en cas de manquement, puisque, dit-il « toute rupture vaut manquement aux obligations. »

Les patients qui ne trouvent pas leurs médicaments auprès des officines peuvent, dit-il, saisir la direction de la Santé de la wilaya où ils résident ou le faire savoir directement au ministère de la Santé. « On prend des mesures contre les contrevenants, en plus de prendre en charge en urgence les approvisionnements. »

Belkacem pense, par ailleurs, que les ruptures de stocks pourraient être dues à une rétention des produits par des grossistes répartiteurs pour, parfois, dit-il «imposer aux officines une vente concomitante (la vente du médicament recherché contre un autre qui ne marche pas.) » De tels agissements pourraient, en évidence, provoquer des tensions sociales?

Le ministère de la Santé attend, toujours, de recevoir les Palestiniens blessés par la machine de guerre sioniste. C'est un excellent acte de solidarité avec un peuple qui meurt, quotidiennement. Mais il serait judicieux de savoir si les hôpitaux ont de la place, des médicaments et des médecins sur pied pour les prendre en charge. Parce que, faut-il le dire, des malades se font remballés de nombreux centres hospitaliers en raison de l'absence de médecins, ceci, notamment «pour cause de congés, » nous dit-on.

Slim Belkacem nous fait savoir que « le ministère attend que les modalités pratiques soient réglées pour recevoir les blessés palestiniens et ce, quel que soit leur nombre. » Il note que « nous assurons leur transfert, y compris la logistique du transport. »

Il relèvera avec un sourire que « là où les malades algériens éprouvent des difficultés à trouver de l'humanisme chez les médecins algériens, les blessés palestiniens seront eux, entourés avec tout l'humanisme qu'il faut à des personnes qui souffrent comme eux. » Solidarité avec une cause aussi noble oblige !