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Guerre sioniste contre Ghaza

par Ghania Oukazi

Cette autre guerre israélienne contre Ghaza a, encore une fois, transformé une cause noble de décolonisation en une simple opération humanitaire.

En acceptant, il y a quelques années, de faire de Ghaza un territoire «autonome», l'entité sioniste semble en avoir bien calculé les conséquences. Affranchir une parcelle de territoire qu'elle sacralise, prouve, aujourd'hui, si besoin est, qu'elle a soutenu cette «faveur» par un plan dont le contenu s'avère pire que la colonisation. En effet, depuis que Ghaza est autonome, elle est devenue un exutoire par lequel Israël déverse toute sa haine contre les Arabes. La parade est ainsi toute trouvée. Plus la guerre s'intensifie, plus le nombre des Palestiniens diminue et plus -et c'est ce qui est important- la cause palestinienne est énoncée comme une simple question humanitaire. « On parle de l'humanitaire dans l'urgence, » a nuancé, hier, Abderezak Makri, président du MSP. Il est évident qu'il n'est, nullement question, pour les Ghazaouis de pouvoir faire face à des attaques menées par une armée dont la puissance est confirmée par le soutien indéfectible que lui voue l'armée américaine. Makri le dit, d'ailleurs, en notant « l'asymétrie d'une telle guerre.» Il affirme même que « (?), dans pareilles situations, il n'est pas demandé aux Arabes de mener une guerre contre Israël. » Pourtant, lui disions-nous hier «quand il s'agit d'un problème de décolonisation, il faut que ça soit à la guerre comme à la guerre. »

 Le président du MSP soutient, totalement, cette approche mais recommande « il faut soutenir la résistance palestinienne. » Pour l'heure, le Hamas palestinien est le seul à incarner la résistance dans la faible et triste «ampleur » qui lui reste. Les politiques ne parlent, d'ailleurs, plus d'Intifadha, ce sursaut révolutionnaire d'enfants d'un peuple faisant face aux blindés sionistes avec, en main, de simples frondes et des pierres. Pire encore, le Hamas palestinien est listé par les Américains comme étant un groupe terroriste. Ce qui lui dénie ce droit de lutte contre un colonisateur qui plus, exerçant un terrorisme d'Etat, en toute impunité.

«IL FAUT AIDER LA RESISTANCE PALESTINIENNE»

«Les combattants algériens étaient, eux aussi, qualifiés de terroristes par la France coloniale, mais ils ont gagné une guerre contre un pays puissant,» rappelle Makri qui insiste sur «le renforcement de la résistance palestinienne et l'obligation qui doit être faite aux Arabes et musulmans de la soutenir.»

Du côté du ministère des Affaires étrangères, on reconnaît qu' «au plan prioritaire, l'Algérie appelle à l'arrêt immédiat des frappes israéliennes conte les Ghazaouis, et l'acheminement d'aides humanitaires à un peuple qui manque de tout. » L'on rappelle ainsi au niveau du MAE que l'appel de l'Algérie à la tenue d'une assemblée générale urgente de l'ONU est pour faire valider cette priorité par la Communauté internationale. La démarche algérienne auprès des Nations unies n'est même pas pour insister sur la reprise du processus politique puisqu'il est reconnu que « seuls les Américains peuvent le faire, si Israël est d'accord, bien sûr.»

En 2006, au lendemain d'une autre guerre menée par Israël contre Ghaza et contre le Liban, Abdelaziz Belkhadem, alors à la tête du FLN, avait répondu à une question sur les possibilités des Arabes de mener une guerre contre l'armée israélienne, à l'exemple de celle de 1973, que « les Arabes ne peuvent plus mener de guerre, ils n'ont plus de leaders (zouâama) à l'image de Boumediene ou de Nasser. »

Ce qui est sûr pourtant, c'est que les armées arabes sont bien « outillées » pour cela, au regard des contrats d'achats d'armements qu'ils signent, régulièrement, avec les puissants de ce monde. L'Algérie et le Maroc en sont les exemples parfaits. Les pays du Golfe le sont tout autant. Ils doivent, surtout, savoir, qu'à chaque fois que Ghaza est écrasée par les sionistes, c'est l'enfoncement, encore et encore, de la question palestinienne, dans les travers des démarches d'ONG s'activant juste à vouloir donner à manger et à se soigner, aux milliers de Palestiniens meurtris.

QUAND LE DISCOURS POLITIQUE FAIT DE L'OMBRE AUX PRINCIPES

L'indépendance des territoires occupés, aux frontières de 1967, le retour des réfugiés palestiniens, la création d'un Etat palestinien avec pour capitale El Qods, ressemblent, du coup, à de l'utopie. Ils sont relégués au second plan et semblent devenus, depuis très longtemps, de simples slogans.

Le Premier ministre s'envole, ces heures-ci, vers les Etats-Unis où il représentera le président de la République au sommet USA-Afrique. Il sera question pour Abdelmalek Sellal d'insister, plus, sur le côté économique et le développement du continent, dans le cadre du Nepad. Les questions politiques ne seront pas du reste, bien sûr, quand on sait que l'Afrique n'est pas une région stable ni sécurisée. D'autant que l'Algérie se plaît à vanter le partenariat qui la lie aux Américains depuis qu'elle a accepté de s'engager dans ce qui est appelé « dialogue stratégique. » Le 03 avril dernier, a l'ouverture de la 2ème session de ce dialogue de dupes (puisqu'il n'englobe pas tout ce qui fait mal aux Algériens), le ministre des Affaires étrangères avait déclaré que « notre partenariat avec les Etats-Unis se dirige vers une alliance bâtie sur les solides piliers de la confidence, la confiance, le respect mutuel, les valeurs partagées et les intérêts partagés. » Lamamra avait tenu ses propos devant le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, à ce moment, en visite à Alger. « Nous sommes, si je peux utiliser un syllogisme, un pays axé sur la paix et exportateur de stabilité, » avait dit encore le MAE. « Nous pensons, également, avait-il ajouté, que le commerce ne doit pas, seulement, inclure les échanges de biens ou d'argent, mais il doit être élargi pour inclure la stabilité, la sécurité et le développement. »

Le président du MSP croit en la diplomatie algérienne. « Parmi nos recommandations, il y a notre soutien et encouragement à l'activité diplomatique des autorités algériennes, » nous a-t-il dit, hier. Mais l'on se doit de rappeler que l'Algérie a bien reconnu que l'idée de la construction de l'Union pour la Méditerranée (UPM) ne pourra jamais réussir si le conflit israélo-arabe n'est pas résolu.

Reste alors à savoir si elle peut se suffire, aujourd'hui, à elle-même pour construire avec Washington « un partenariat confiant et respectant les intérêts mutuels », alors que la Libye, la Tunisie, le Mali, l'Egypte, la Syrie, l'Irak sont devenus des brasiers attisés par les puissants de ce monde.

Et Ghaza continuera toujours de brûler. L'on se demande, dans ce cas, si elle pourrait, pour cette fois, pour une fois, être placée sous « les solides piliers de la confidence, la confiance, le respect mutuel, les valeurs et les intérêts partagés» tels qu'évoqués par le MAE. L'on donnerait cher pour savoir jusqu'où peuvent aller « la confidence et la confiance » entre l'Algérie et les Etats-Unis.